- La veille de sa disparition, Katoucha a appelé sa voyante vivant à Dakar pour balancer « X » après avoir dénoncé lors de ses vacances « Y » pour trafic de drogue.
Comme ils l’ont annoncé dans la presse internationale, les avocats de feue Katoucha Niane ont saisi le juge chargé de l’instruction du dossier d’une requête aux fins de commission rogatoire à Dakar et d’auditions de témoins. Le document, obtenu en exclusivité par L’As, rédigé sur la base des résultats de l’enquête de la police française, est explosif. De même, il confirme que la clef du meurtre de l’ex-égérie d’Yves Saint-Laurent, se trouve peut-être au Sénégal. La veille de sa disparition, Katoucha Niane avait appelé à Dakar sa voyante pour lui faire de terribles confidences. Pire, à la fin de ses dernières vacances au Sénégal, elle avait dénoncé une « relation en affaire » pour… trafic de drogue.
Jonathan Wardovoir, un témoin qui n’a pas tout dit.
A la suite du procès-verbal du 28 février 2008 de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne et du procès-verbal du 04 mars 2008 de la brigade fluviale de Paris, du rapport d’autopsie des professeurs Lecompte et Taccoen, les avocats de Katoucha Niane, l’ancien ministre français Me Rolland Dumas et son confrère sénégalais, Me Ousmane Sèye, ont, comme annoncé, saisi d’une requête le juge d’instruction de Paris, en charge du dossier.
Ce, par rapport, à certaines informations contenues dans les différents rapports et qui mériteraient des investigations plus approfondies. L’As s’est procuré cette requête qui a atterri sur la table du juge d’instruction. Le document, qui porte le numéro 6452/08/NF, comporte des faits assez révélateurs. Au point 1, les conseils commencent par demander au juge d’entendre les enquêteurs de la police judiciaire « sur leur enquête quant à la méthodologie et le retard noté pour l’audition des témoins ». La requête se fait plus précise : « Certains témoins dont Laurent et Dorian Cotte (ndlr : le compagnon de Katoucha et son fils) qui vivaient avec Katoucha dans la péniche n’ont pas été entendus sur les raisons de leur absence la nuit du drame et les jours précédents ». Aussi, au point 2 de la requête, les avocats demandent au magistrat instructeur d’« entendre à nouveau Laurent et Dorian Cotte pour savoir où et avec qui ils étaient du 31 janvier au 04 février 2008 ». Après cette demande, une autre personne, jusque-là pas citée dans le dossier, fait son apparition : Jonathan Wardovoir, voisin de Katoucha Niane. La requête renseigne : « Monsieur Wardovoir Jonathan, voisin de Katoucha n’a pas tout dit. Il a entendu cette dernière dire : « j’ai froid, j’ai froid » au point qu’il sorte de sa péniche à 02 heures du matin. Il dit s’agir de cris d’angoisse et de peur, sinon, il ne serait pas sorti ».
Le fils de Victor et les chéquiers de Katoucha
Le document poursuit : « Madame Katoucha Niane portait un manteau ce soir-là. Si elle avait froid, on a dû enlever le manteau et c’est quelqu’un qui la connaît bien qui a pu l’enlever ». Aussi, la requête demande au juge, en son point 3, d’« entendre Wardovoir sur ces points ». Avant d’ajouter : « Les amis de Katoucha qui ont dîné avec elle n’ont pas tout dit ». En effet, comme le mentionne le rapport de la police, le jour des faits, Katoucha et ses amis ont dîné au restaurant « Les Cotes ». D’ailleurs, le personnel a été entendu le 11 février 2008 par la police. De leur témoignage, il ressort qu’à un moment de la soirée, Katoucha Niane, qui avait des maux de ventre, avait demandé un verre d’eau pour prendre des comprimés. En tout, la requête demande au juge d’ « entendre ses amis sur le manteau de Katoucha et comment le taxi a pu accéder à la péniche pour la déposer ». Fait assez bizarre, le manteau n’a pas été retrouvé sur la victime mais sur le bord de la péniche, tout comme le sac qu’elle portait le jour des faits. Et là, la requête souligne un fait intéressant : « Le sac de Katoucha (a) passé la nuit sur la péniche alors qu’il pleuvait très fort ». Comme on l’a déjà révélé, c’est seulement deux jours après les faits, que ce « sac » a été ramassé par Dorian, le fils du compagnon de Katoucha. Détail important : « Pourquoi les papiers et chéquiers n’étaient pas mouillés ? », se demandent les avocats qui trouvent là une raison pour le juge « d’entendre Dorian ». Les conclusions de l’autopsie intéressent aussi les avocats, comme mentionné au point 6 de la requête : « Entendre le professeur Lecomte sur le nombre de jours exacts que le corps a séjourné dans l’eau. Qu’elle confirme avoir confié au père et à la sœur de Katoucha que le visage de cette dernière était intact alors que les pieds et les mains étaient atrophiés. (Le cadeau de Dieu). Qu’elle confirme qu’il n’y avait pas de l’eau dans son ventre et pourquoi ? Comment la bague de Katoucha a été retirée par la brigade fluviale alors que ses mains étaient atrophiées dès le repêchage du corps ». La requête signale aussi que « la police détient les messages sms de Katoucha la nuit des faits contenus dans son téléphone portable » avant de demander au juge d’ordonner qu’ils soient déchiffrés.
La veille de sa disparition, Katoucha a appelé sa voyante vivant à Dakar pour balancer « X » après avoir dénoncé lors de ses vacances « Y » pour trafic de drogue
Après ces formulations, la requête « active » la piste sénégalaise et demande au juge l’envoi d’une commission rogatoire à Dakar afin de commettre le doyen des juges d’instruction du tribunal hors classe de Dakar par délégation judiciaire. Ce, pour « entendre la voyante de Katoucha ». En effet, révèlent les avocats : « Katoucha a appelé la veille du drame sa voyante pour lui dire que X (ndlr : nous nous garderons de citer son nom pour ne pas gêner l’instruction) voulait attenter à sa vie ». Il se trouve que « X » fait partie du proche entourage de Katoucha Niane. Dans leur requête, les avocats se gardent de citer le nom de la voyante sénégalaise de Katoucha pour « la protéger », selon des sources proches du dossier. Outre cette voyante, la requête demande au juge, toujours dans le cadre d’une éventuelle commission rogatoire à Dakar, d’entendre « Y » (ndlr : Pour les mêmes raisons, nous tairons son nom). Ce dernier, selon la requête, n’a pas apprécié que Katoucha, à la veille de son départ pour Paris après des vacances au Sénégal, l’ait dénoncé à la police pour « trafic de drogue ».
Cheikh Mbacké GUISSE
Source: L'as