Le 2 septembre, Médecins sans frontières, en première ligne contre le virus Ebola dans les grandes capitales comme dans les villages de l'Ouest africain, poussait un cri d'alerte aux Nations unies. Devant l'insuffisance de la réponse internationale contre l'épidémie, le docteur Joanne Liu, présidente de l'ONG, avait accusé les Etats d'avoir « rallié une sorte de coalition mondiale de l'inaction », les appelant à mobiliser et envoyer en Afrique de l'Ouest des ressources médicales civiles et militaires.
En réponse à cet appel, le président américain, Barack Obama, devrait annoncer mardi 16 septembre l'envoi de quelque 3 000 militaires américains en Afrique de l'Ouest, pour participer à la lutte contre le virus Ebola, a indiqué un haut responsable américain. M. Obama doit présenter son plan d'action lors d'une visite dans la journée au siège des centres de contrôle et de prévention des maladies, à Atlanta.
« Pour combattre cette épidémie à la source, nous devons mettre en place une véritable réponse internationale », a indiqué cette même source, selon qui le plan qui sera présenté mardi par M. Obama doit permettre d'« inverser la tendance ». Le virus a tué plus de 2 460 personnes, d'après le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), principalement au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée.
Les militaires participeront en particulier à la construction de nouveaux centres de traitement dans les zones les plus touchées, et le gouvernement américain aidera également au recrutement et à la formation des personnels chargés de les gérer.
L'essentiel des efforts américains seront concentrés au Liberia. Un centre de commandement sera installé dans la capitale, Monrovia. Les Etats-Unis souhaitent aussi créer un site permettant la formation de 500 travailleurs sanitaires par semaine dans le pays, peu après la déclaration de l'OMS qui estimait manquer de 1 000 professionnels de santé localement.
Dans ce cadre, l'Agence américaine pour le développement international (Usaid, pour United States Agency for International Development) distribuera, en partenariat avec le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef, pour United Nations International Children's Emergency Fund), des kits de protection à destination des 400 000 familles les plus vulnérables du Liberia.
COMBIEN COÛTE EBOLA ?
A ce stade, les Etats-Unis ont déjà consacré 100 millions de dollars à la lutte contre le virus. L'Usaid a annoncé son intention de débloquer 75 millions de dollars supplémentaires, en particulier destinés à augmenter le nombre de centres de traitement.
L'administration Obama a par ailleurs demandé au Congrès le déblocage de 88 millions de dollars supplémentaires. Le vote, dont l'issue favorable semble acquise, devrait avoir lieu cette semaine. Sur cette somme, 30 millions seront consacrés à l'envoi de matériel et d'experts sur le terrain et les 58 millions restants serviront au développement de traitements et de vaccins.
De leur côté, les Nations unies ont, elles, demandé mardi près d'un milliard de dollars (773 millions d'euros), soit près du double des fonds déjà demandés il y a moins d'un mois. Mardi, la Banque mondiale a approuvé le don de 105 millions de dollars — répartis entre le Liberia, la Guinée et la Sierra Leone — afin de répondre à la crise Ebola.
Plus de 22 millions de personnes vivent dans des régions où le virus a été signalé et ont besoin d'aide selon l'ONU, qui estime que 20 000 personnes seront infectées d'ici à la fin de l'année : 16 % en Guinée, 40 % au Liberia et 34 % en Sierra Leone. Les Nations unies espèrent que les contaminations diminuent avant la fin de l'année, puis cessent avant la mi-2015.
Il n'existe actuellement aucun médicament ni vaccin homologué contre Ebola. Un vaccin expérimental, efficace sur des singes, fait l'objet d'un essai clinique depuis début septembre aux Etats-Unis. Si les résultats sont probants, il pourrait être prêt avant la fin 2015.
Devant l'urgence de la situation, le Conseil de sécurité des Nations unies, habituellement chargé de veiller à la paix et à la sécurité internationale, a pris la décision importante de se saisir du dossier Ebola, et tiendra une « réunion d'urgence » jeudi 18 septembre.
Source : http://www.lemonde.fr/