Faut pas rêver." C’est le titre d’une émission diffusée sur une chaîne de télévision française. Cela pourrait épouser la situation politique actuelle en Mauritanie, où certains se prennent à rêver que le président démocratiquement élu Sidi Ould Cheikh Abdallahi, renversé le 6 août dernier, réintégrera ses fonctions de chef d’Etat de la Mauritanie.
D’un autre côté, un front anti-putsch national, l’Union africaine, l’Union européenne et bien d’autres Etats, comme la France, s’opposent au général Ould Abdel Aziz et aux siens. Pour manifester leur engagement dans ce sens, des militants soutenant l’ancien régime de Abdallahi ont essayé une fois de plus de se faire entendre en battant le pavé. La manifestation a été réprimée sans ménagement. Dans le même temps, l’ultimatum lancé par l’Union africaine contre la junte vient d’expirer et l’on attend la réaction de Jean Ping dont l’institution continue d’exiger le départ du général Abdel Aziz et le retour de l’ancien chef d’Etat. Quelles mesures seront prises en représailles par l’UA ?
Il ne faut pas être naïf. On peut penser, avec le président de la Commission de l’Union africaine, Jean Ping, que les nouveaux maîtres de Mauritanie ne feront pas tout ce chemin qui n’était d’ailleurs pas sans risques, pour ensuite faire machine arrière et remettre le pouvoir arraché. Cette junte n’irait pas jusqu’à se saborder. Sous cet angle, on peut dire que le retour de Cheikh Abdallahi aux affaires, ce ne sera pas pour demain. La junte, qui, du reste, a visiblement fait fi de toutes ces propositions et menaces, continue son chemin, s’installant dans la durée. Par le biais d’actions diplomatiques menées auprès d’institutions internationales et de certaines personnalités, le général Abdel Aziz et les militaires au pouvoir donnent la preuve qu’ils restent les maîtres du terrain.
Et ils ne semblent pas être pressés pour l’organisation de quelconques élections. Un militaire est en droit de se présenter à l’élection présidentielle s’il quitte l’armée, a signifié, sybillin, le général Aziz, évitant de se prononcer clairement sur son éventuelle candidature. Finira-t-il par s’accrocher à un pouvoir dont il vient de goûter aux délices, à l’image du général Robert Guei et autres ? En tous les cas, il faudra, le plus tôt possible, un retour à l’ordre constitutionnel en Mauritanie. Il le faut absolument, pour un pays qui avait entamé sa marche glorieuse sur le chemin de la démocratie, et qui, il n’y a pas si longtemps, faisait la fierté du continent.
Par Morin YAMONGBE
Le Pays