Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, représentants d'une nouvelle génération, s'affronteront le 6 mai pour accéder à l'Elysée, à l'issue d'un premier tour marqué par un niveau de participation exceptionnel et le reflux du vote Le Pen.
M. Sarkozy (UMP) a obtenu, selon les estimations, de 30,1% à 30,6% des suffrages, et Mme Royal (PS) de 25% à 25,9%, devenant la première femme en mesure de devenir chef de l'Etat.
François Bayrou (UDF) recueille de 18,3% à 18,8% des voix, soit le triple de son score de 2002. Il n'a donné dimanche aucune consigne pour le second tour, que ses électeurs devraient arbitrer.
Un premier sondage d'intentions de vote pour le second tour donnait dimanche soir Nicolas Sarkozy vainqueur avec 54% des voix contre 46% à Ségolène Royal. Le total des voix de gauche au 1er tour a été inférieur à 37%.
Jean-Marie Le Pen (FN), qui avait créé la sensation en se qualifiant pour le second tour en 2002, subit une forte érosion pour son dernier combat, avec un score de 10,8% à 11,1%.
Le scrutin, qui marque le retour d'un affrontement droite-gauche classique, a connu une très forte participation, avec de 83,6% à 84,5% de votants, proche du record absolu absolu de participation de 1965 (84,75%).
Le candidat de l'UMP a profité à plein de sa stratégie visant à aborder les thèmes de prédilection du FN. Il semble avoir dépossédé M. Le Pen d'un tiers de ses électeurs de 2002, reproduisant à droite la mainmise de François Mitterrand sur les électeurs du PCF en 1981.
M. Sarkozy, 52 ans, a déclaré dimanche soir vouloir "rassembler le peuple français autour d'un nouveau rêve français". Tout en disant vouloir "un débat entre deux projets de société", il a aussi entamé son recentrage, affirmant vouloir "protéger les Français", notamment les plus faibles, "contre les peurs qui les habitent".
Ségolène Royal, 53 ans, a réalisé un score supérieur d'environ 2 points à ceux additionnés de Lionel Jospin (PS), Christiane Taubira (PRG) et Jean-Pierre Chevènement (MDC) en 2002.
Elle a bénéficié pleinement du réflexe de vote utile à gauche, qui lamine les petits candidats à la gauche du PS ainsi que la Verte Dominique Voynet.
Dès le début de la soirée elle a enregistré le ralliement de plusieurs petits candidats de la "gauche de la gauche", Marie-George Buffet (PCF, 1,9% à 2%), Dominique Voynet (Verts, 1,5% à 1,6%) et Arlette Laguiller (LO, de 1,4% à 1,5%) ( une première depuis 1974). Olivier Besancenot (LCR, 4,3% à 4,5%) a de son côté appelé à "battre la droite".
A l'inverse, Philippe de Villiers (MPF, 2,3% à 2,5%), a refusé d'appeler à voter pour Nicolas Sarkozy au deuxième tour, assurant n'être "pas propriétaire de (ses) voix".
Mme Royal a estimé dimanche soir qu'"une nouvelle campagne s'ouvre", et promis depuis son fief de Melle (Deux-Sèvres) de "porter le combat du changement pour que la France se relève".
Elle a aussi lancé un signe en direction de électeurs de François Bayrou, se posant la "garante d'un Etat impartial".
Le candidat UDF, fort de sa spectaculaire progression, a de son côté annoncé qu'il "ne reviendrait pas en arrière" et annoncé son intention de poursuivre sur la voie d'un centre indépendant.
M. Le Pen, en net recul, est le grand vaincu du scrutin. Loin de la nouvelle surprise qu'il promettait après sa qualification au second tour de 2002, son score apparaît cette fois inférieur à celui qu'annonçaient les sondeurs.
Le dirigeant d'extrême droite semble payer, outre l'habileté de Nicolas Sarkozy à chasser sur ses terres, une forte mobilisation des nouveaux électeurs et une non moins forte baisse de l'abstention (28,4% en 2002, un record).
Le chef du FN doit se prononcer le 1er mai pour le second tour. Sa fille Marine a promis dimanche soir que les électeurs FN "ne se vendront à personne".
Aucun des "petits candidats" n'a obtenu 5%.
Le score de Mme Buffet pose la question de la survie du PCF, tombé à un nouveau plus bas historique, tandis que l'altermondialiste José Bové (1,2% à 1,3%) et Gérard Schivardi (soutenu par le PT, de 0,3% à 0,4%) n'ont pas décollé.
Frédéric Nihous, candidat des chasseurs, obtient entre 1% et 1,2%, très loin des quelque 4% réussis par Jean Saint-Josse en 2002, et moins que son objectif avoué: battre les Verts.
Par Christophe SCHMIDT et Frédéric DUMOULIN , AFP