Tolérance zéro pour les pires formes - Un nouveau programme intégré quadriennal d'envergure vient d'être lancé. "L'exploitation économique des enfants est une violation des droits de l'homme et constitue un gaspillage inadmissible de ressources humaines pour nos pays. Au Mali cette exploitation prive l'enfant de l'éducation, de la formation et des activités récréatives."
Ces mots du Premier ministre, Ousmane Issoufi Maïga au lancement officiel, du Projet d'appui du programme de lutte contre les pires formes de travail des enfants au Mali en disent long sur la détermination des pouvoirs publics à endiguer le phénomène.
La cérémonie de lancement du nouveau projet a regroupé hier à l'hôtel de l'Amitié, plusieurs personnalités dont des ministres, l'ambassadeur des États-Unis Terence P. McCulley et le représentant du PNUD dans notre pays Joseph Byll-Cataria.
Cette cérémonie a rappelé la représentante du BIT-IPEC, Mme Phan Thuy, s'inscrit dans le cadre du prolongement des objectifs visés et poursuivis par le gouvernement du Mali et l'Organisation internationale du travail, dans la promotion de la Déclaration relative aux principes et droits fondamentaux au travail en général, et spécifiquement à la lutte contre les pires formes du travail des enfants.
DES SOLUTIONS DE RECHANGE APPROPRIEES : Il apparaît dans le rapport global sur phénomène, publié le 4 mai dernier, que le travail des enfants dans le monde aurait reculé de 11 % entre 2002 et 2006 passant de 218 millions à 126 millions d'enfants, a indiqué Dramane Haïdara, directeur du bureau sous-régional de l'OIT pour le Sahel. C'est en Amérique Latine que le progrès le plus remarquable a été constaté. Notre continent traîne encore derrière avec 26 % des enfants exerçant une activité économique. L'OIT considère que la mise au travail précoce des enfants est un déni de la dignité humaine et du droit de la personne à tirer le meilleur parti de ses ressources personnelles et à participer au développement économique de son pays. C'est pourquoi elle s'est engagée à intensifier la lutte contre le travail des enfants, par l'adoption en 1999, de la convention (n°182) sur les pires formes de travail des enfants (PFTE) a-t-il ajouté.
Notre pays n'est pas resté en marge de ce combat. Il a mis en place avec l'aide du BIT en 1998, un programme national de lutte contre le phénomène, a rappelé le chef du gouvernement. Les actions de ce programme consistaient entre autres, à prendre en charge les enfants qui exécutent les tâches représentant les formes les plus intolérables, afin de les réhabiliter en leur proposant ainsi qu'à leurs familles des solutions de rechange appropriées. Le programme visait, également, à susciter dans l'opinion, une prise de conscience et une compréhension des droits de l'enfant et la nécessité de mettre un terme à leur exploitation, a indiqué Ousmane Issoufi Maïga.
Les résultats obtenus constituent certes des avancées significatives. Mais face à la persistance du fléau, le gouvernement s'est engagé, une année plus tard, avec le BIT dans le programme sous-régional de lutte contre le trafic transfrontalier des enfants en Afrique de l'ouest et du centre. A cet effet notre pays a ratifié plusieurs conventions internationales relatives à la protection de l'enfance. Il a signé des accords transfrontaliers bilatéraux et multilatéraux avec les pays de la sous-région.
SOUSTRAIRE 9000 ENFANTS : En vue de consolider les acquis de IPEC (sigle anglais de Programme pour l'élimination du travail des enfants) dans notre pays, le BIT et le gouvernement ont décidé de mettre en place un programme intégré quadriennal de grande envergure. Il assurera un changement réel au niveau national grâce à l'appropriation nationale de la lutte contre le travail des enfants et l'élimination de ses pires formes.
La nouvelle initiative, selon Dramane Haïdara, dénommée "Projet d'appui à la préparation d'un programme assorti de délai pour l'élimination des pires formes de travail des enfants au Mali" (TBP-Time bound programme) vise à appuyer le pays dans la coordination des politiques, programmes et actions développés par les acteurs nationaux et internationaux pour prévenir et éliminer sur une période de temps déterminé, les pires formes du travail des enfants. Il s'agira ensuite d'abolir progressivement toutes les formes de travail des enfants au Mali. Le programme devrait permettre de soustraire 9000 enfants maliens des PFTE.
A terme, le projet va doter le Mali et les organisations partenaires concernées de mécanismes nécessaires pour affecter des ressources humaines et financières suffisantes à la conception, la mise en œuvre et le suivi d'initiatives traitant les PFTE, à travers un programme national assorti d'échéances. Il s'attellera à améliorer les possibilités d'éducation et de formation professionnelle des enfants travailleurs ou des enfants à risque d'être exploités dans les PFTE et à développer les interventions types par la soustraction, la prévention et la réhabilitation des enfants engagés dans les PFTE.
Financé par le département américain du Travail, le projet couvrira les régions de Kayes Sikasso, Ségou et Mopti et le district de Bamako
A O. DIALLO, L'Essor