Les seize vols programmés pour convoyer les pèlerins sénégalais vers La Mecque connaissent un sérieux problème de remplissage à moins d’une semaine du départ du premier vol. Ainsi, sur les 10 500 candidats au pèlerinage attendus, seuls 4 000 ont effectivement rempli leurs formalités à deux jours de la fin des visites médicales. Certaines sources rapportent même que des vols sont annulés.
Quand l’Etat du Sénégal a pris la décision de résilier unilatéralement le contrat le liant à la compagnie aérienne Air Sénégal Internationale, qui avait le monopole (pour dix ans) de convoyer les pèlerins sénégalais jusqu’en 2013, il s’est tourné vers la société saoudienne Zam Zam international compagnie (Zam Zam Int. Co). Certes, cette société saoudienne avait déjà une solide expérience dans l’organisation du pèlerinage, mais elle n’avait jamais travaillé avec des Africains et singulièrement des Sénégalais. Et voilà malheureusement que la première expérience en terre sénégalaise va être un échec retentissant au rythme où vont les choses, soulignent des observateurs.
En effet, sur les 10 500 candidats qui étaient attendus pour le pèlerinage à La Mecque, seuls 4 000 ont effectivement rempli leurs formalités d’usage au jour d’hier. Zam Zam Int. Co devait se charger de 5 300 pèlerins et les 5 200 autres devaient être pris en charge par les agences de voyages privées. Mais il se trouve qu’à deux jours de la fin des visites médicales et à moins d’une semaine du départ du premier vol des pèlerins convoyés par la Commission nationale du pèlerinage, Zam Zam a du mal à remplir les avions qu’il a déjà loués pour seize vols à l’aller et autant au retour. Pis, les Saoudiens et la commission ne sont parvenus pour le moment à remplir que neuf vols en raison de 330 pèlerins par vol.
Ce problème de remplissage des vols est lié surtout à la cherté du billet pour La Mecque dans un contexte de pauvreté structurelle des ménages sénégalais. Le billet d’avion pour La Mecque, le pécule qui va avec y compris, est, en effet, passé d’un million 500 mille en 2007 à deux millions 300 mille francs Cfa.
Trop cher pour beaucoup de candidats sénégalais, dont certains se sont rabattus sur la Gambie où avec moins d’un million et demi, on peut aller en pèlerinage. Ce qui a fait que certains vols de Zam Zam ont été annulés. Ainsi, un pèlerin rencontré, hier jeudi, à l’Institut islamique de Dakar, était dans tous ses états, parce que le vol dans lequel, il devait embarquer avec un autre compatriote, a été annulé. Cette nouvelle donne oblige le futur Hadj à se séparer de son compagnon, se désole notre interlocuteur. Des personnes comme ce pèlerin sont légion chez les candidats au pèlerinage aux lieux saints de l’Islam.
C’est dire, souligne-t-on, qu’à l’état actuel des formalités pour le pèlerinage, on n’a pas besoin d’être un spécialiste du transport aérien pour savoir qu’il sera difficile, dans les prochaines 48 heures, de trouver des candidats au pèlerinage quand on sait que le pèlerinage est le projet de toute une vie. Et que l’on s’y prépare des mois, voire des années, auparavant.
Le gouvernement qui a l’habitude, dans le cadre de ses actions caritatives, de distribuer des billets pour le pèlerinage à La Mecque, en a reçu 100 des responsables de la société Zam Zam. Mais ce package était cédé gratuitement au cas où le nombre des 10 500 pèlerins serait atteint. Finalement, les convoyeurs saoudiens ont décidé, depuis hier, de fermer les yeux sur le non-respect par l’Etat du quota de pèlerins préalablement établi. Et ainsi, les titulaires de ces billets gratuits distribués par le président de la République à ses militants ont finalement été admis à sacrifier aux formalités pour le Hadj.
Au niveau de la Commission nationale du pèlerinage à La Mecque, établie à l’Institut islamique de Dakar, il est difficile de trouver une explication à ces couacs notés à l’étape de Dakar. La loi du silence semble de mise. Et la stratégie est de renvoyer l’’hôte indésirable’ de bureau en bureau... Au niveau de la société Zam Zam et des privés autorisés à convoyer des pèlerins, le mot d’ordre est clair : respecter le consensus qui veut que seul le commissaire au pèlerinage, El Hadj Mactar Diakhaté, est habileté à parler. Nous avons, en vain, tenté de le joindre.
Mamadou Sarr sur Seneweb.com