Par DIAGANA Abdoulaye-Bocar.
- Euh ça commence à durer ton règne dans la trouille ça ne peut pas continuer comme ça !
- Quoi, quelle trouille, de quoi tu parles ?
- T'en as par-dessus la tête tout le temps, puis t'as le moral dans les chaussettes.
Tu sais, les gens en ont assez de te voir aux rênes du pouvoir, puis ils veulent ta peau.
- Ça veut dire quoi ils veulent ma peau ?
- Ils veulent te traduire en justice.
- Oh oui je vois, c'est vrai, j'y pense tous les jours mais, je n'ai pas de solution !
- Moi j'en ai une voyons !
- Je t'écoute.
- Tu quittes le pays et on fait tout à ton absence.
- Et puis,
- Et puis tu décampes et comme ça tu es sauvé.
- Et ensuite,
- Ben ensuite je prends le contrôle de la situation
- Et comment vas-tu t'y prendre concrètement ?
- C'est tout simple, on va brouiller les pistes en faisant croire au monde entier que c'est d'une vraie sédition qu'il s'agit.
- Que feras-tu pour convaincre le peuple sur le caractère indubitable de ton esprit de fronde contre le régime ?
- Tout simple, je vais d'abord me fixer un délai pou rendre le pouvoir aux civils, et pour les rassurer, je le leur rends bien à l'avance, ensuite je commence, comme premier acte, par un nettoyage au Kärcher de la constitution ! Puis une succession d'élections transparentes, clôturée par la présidentielle en présence d'observateurs internationaux et donc d'une transparence hors pair. Et comme ça on est au-dessus de tout soupçon.
- Des élections transparentes ! Mais tu veux me trahir ou quoi !
- T'inquiètes ce dont tu as peur ne se produira jamais.
- Ah si ! Si tu parles d'élections transparentes ce que tu veux me livrer à ces assoiffés !
- Non je te dis, t'inquiètes pas tout sera programmé comme d'habitude et un des nôtres accèdera via l'autre système qui sera, dorénavant, modernisé et, bien entendu, muet comme un carpe. Personne ne verra ni ne sentira rien, de flou, venir.
- Tu veux dire que les observateurs internationaux ne verront rien ? Ou bien tu comptes les noyer dans le pétrole ?
- Chut ! Ce système est révolu depuis ! Et donc on se modernise : Les urnes seront transparentes. Ce système aura mangé les pissenlits par la racine et l'autre sera rétabli et modernisé, il sera donc beaucoup plus efficace, il n'a rien à avoir avec le matériel mais plutôt les électeurs. Tu vois un peu ?
- Oui je vois ok mais, hum est-ce que tu as prévu quelque chose en cas d'échec ?
- Il ne faut même pas envisager ce scénario.
- Mais enfin, ça peut arriver ! Surtout si le peuple sent que tu es déterminé à tourner notre régime.
- Et bien c'est simple, une transition bis, fraîchement orchestrée par l'un de nos disciples, viendra désarçonner les toutes premières heures de gloire de notre homme ennemi.
- Tu en as formé d'autres ?
- Oh pas besoin ! Tu sais bien que c'est un sport national au sein de la maison et nos hommes s'entraînent là-dessus quotidiennement !
- Ok tu penses à qui, qui pourrait l'emporter sur notre ennemi ?
- Bonne question ! Là encore, pour mieux brouiller les pistes, je crois que le choix d'un des nôtres bien connu du grand public ne serait pas l'idéal.
- Et donc ?
- Et donc on va faire appel à un "inconnu au bataillon", de préférence, qui fut divorcé, par exemple, de notre régime.
- Oh oui je vois, c'est peut-être plausible cette technique !
- Bien sûr ! Il sera donc opposé à notre ennemi puis il passera grâce au système rodé et, désormais, très sophistiqué !
- C'est-à-dire que les sacs de riz et bouteilles d'huile seront transportés dans la discrétion la plus totale tu veux dire ?
- Ils passeront en toute catimini, par des tunnels s'il le faut. T'inquiètes pas aucun dysfonctionnement ne serait à déplorer.
- Ok je vois. Mais un truc ! Et si notre homme, une fois en place, faisait sa mauvaise tête ?
- Et bien il n'ira pas loin
- Et s'il coordonnait ?
- C'est ce qu'il fera ! De toute façon il n'a pas le choix, nous l'avons à l'œil !
- Et donc je pourrai revenir en toute discrétion et refaire de la politique !
- Chut ! Attends, attends, attends, c'est encore trop tôt tout ça !
- Je t'en dirai plus le moment venu.
- Quand ?
- Le moment opportun.
à suivre…
Par DIAGANA Abdoulaye-Bocar.