L'Aïd el Kebir, la fête du sacrifice, une fête importante pour les musulmans, tombe ce lundi et, hasard du calendrier, c'est aussi le début des examens en secondaire.
L'Aïd El Kébir commémore le sacrifice que Dieu demanda à Abraham, considéré comme le premier musulman, pour éprouver sa foi. Abraham avait accepté de tuer son fils, Ismaël, sur l'ordre de Dieu, celui-ci envoyant au dernier moment un mouton pour remplacer l'enfant comme offrande sacrificielle.
Dans les faits cela se traduit par le sacrifice d'un mouton que l'on partage ensuite avec ses proches dans une ambiance conviviale mais c'est une pratique très réglementée en Belgique: seuls quelques abattoirs officiels sont reconnus par la Région wallonne.
C'est donc à un véritable dilemne que sont confrontés les parents musulmans et les directions d'école. Dans les écoles communales des quartiers à forte population de confession musulmane, les directions d'école ne peuvent pas ignorer une réalité religieuse qui influe sur les comportements sociaux. Ils ne peuvent pas non plus l'officialiser, en vertu du principe de laïcité. Résultat, on trouve des accommodements différents d'une école à l'autre, et d'une famille à l'autre.
En Belgique, l'école est obligatoire de 6 à 18 ans mais il existe une certaine tolérance à partir de 15 ans. 9 demi-jours d'absence injustifiée sont acceptés par an. Les parents musulmans utilisent en général un , voire deux de ces demi-jours pour garder leurs enfants à la maison lors de la fête du sacrifice. On atteint alors par endroits des taux d'absentéisme très importants ce jour-là. Mais en période d'examen, la donne est différente. L'adolescent qui reste chez lui risque d'être lourdement pénalisé. D'autant plus que le mot d'ordre, dans les écoles communales, c'est qu'une fête musulmane ne doit pas dicter le calendrier scolaire. Il n'y aura donc aucune tolérance vis-à-vis des élèves qui ne se présentent pas à l'examen.
Georges Verzin, échevin de l'instruction publique à Schaerbeek: "La communauté Française nous a demandé, très précisément, de communiquer l'horaire des examens, de les respecter, et donc nous sommes astreints à des règles précises. En-dehors de cela, ce que j'entends dans certains établissements, que ce soit à Schaerbeek ou ailleurs, c'est que des jeunes filles seraient retenues à la maison pour préparer le repas familial du soir mais, par contre, les jeunes gens, eux, ont parfaitement la possibilité d'aller aux examens".
Une vision de l'islam que beaucoup de musulmans jugent archaïque et caricaturale. "C'est vraiment des bêtises. Moi j'ai ma fille, elle a 18 ans, c'est à peine si elle sait éplucher des patates. Mais elle est forte en maths. Il y a peut-être certaines personnes qui sont encore comme ça mais il n'y en a plus beaucoup".
Et dans la réalité, une certaine hypocrisie s'installe. Certains directeurs d'école commenceront les examens seulement mardi. Ils ne diront pas ouvertement que c'est à cause de l'Aïd. Certains enfants seront officiellement malades, jusqu'à ce que l'on règle une fois pour toutes la question, en mettant toutes les fêtes religieuses sur le même pied, en en tenant compte ou en les supprimant toutes.
(Avec Marie-Laure Steisel)