Auteur, compositeur, arrangeur, interprète, Daby Touré n’a pas choisi. Tout comme il n’a pas choisi entre le Sénégal, la Mauritanie et la France. Pas même entre le soninké, le peul, le wolof, l’anglais et le français. L’artiste est venu raconter aux élèves des écoles de musique du village Titan son itinéraire tortueux. Sa musique métissée. Ses influences multiples.
Devant une vingtaine de jeunes et de moins jeunes élèves, Daby répond aux questions. D’abord générales : ses inspirations ? “De Police à Bob Marley, j’essaie d’expliquer que ce n’est pas parce qu’on est Africain qu’on doit faire de la musique world ou traditionnelle”. Difficile de se faire un prénom dans la dynastie des Touré. Le père n’est autre qu’Hamidou Touré, frère des Sixu et Isamël, avec qui ils forment les célèbres Touré Kunda.
Il fallait donc au fils trouver son propre son et convaincre le père qu’une carrière musicale lui était promise. Message aux enfants dans la salle : “Mon père voulait absolument que j’obtienne des diplômes. Jusqu’à l’âge de 18 ans, j’ai obéi, et ce n’est qu’après que je me suis lancé dans le métier”. Puis les questions des jeunes instrumentistes se font plus techniques. Les rythmes ? Les textes ? Daby se prête volontiers à l’exercice : “J’utilise les rythmes que j’ai en moi, en fonction de ce que je ressens, de ce que je veux exprimer. Pour les paroles, c’est un peu le même principe, j’utilise telle langue ou telle autre au feeling, par rapport aux sonorités”. Quant à l’instrument en lui-même, Daby se doit d’avouer qu’il n’en prend pas assez soin. Le professeur de musique veille au grain au coin de la salle. “Mais c’est une guitare canadienne que j’ai choisie, parce qu’elle sonne plus chaud que les autres et qu’elle me permet quelques percus”. De là à sortir la bête de sa housse, il n’y a qu’un pas. Franchi après avoir accueilli l’arrivée de sa bassiste, cambodgienne, et de son batteur, réunionnais… Instant privilégié pour les jeunes musiciens de Titan qui pourront prolonger leurs observations, en compagnie cette fois du grand public, demain soir au Kabardock à 21 heures et au théâtre de Champ-Fleuri samedi soir à 20 heures.
R. Lt.