Il est probable que Strauss-Kahn ait ensuite été conduit dans un hôpital pour y subir des examens médico-légaux, avant sa comparution repoussée à la fin d'après-midi. Le patron du Fonds monétaire international ne bénéficie d'aucune immunité diplomatique face aux accusations d'agression sexuelle qui pèsent contre lui.
Dominique Strauss-Kahn, inculpé dimanche d'agression sexuelle et tentative de viol aux États-Unis, a quitté le commissariat de Harlem dimanche vers 23 heures (lundi à 5 heures à Paris), menotté dans le dos. Il était détenu dans ce poste de police de New York depuis samedi soir, après la plainte déposée contre lui par une femme de chambre d'un hôtel Sofitel, dans lequel il séjournait.
L'air fatigué environ trente heures après son interpellation à bord d'un avion d'Air France, le patron du Fonds monétaire international (FMI) est monté à l'arrière d'une voiture de police banalisée, assis entre deux policiers. Leur destination n'a pas été confirmée, mais il est probable que Strauss-Kahn ait été conduit dans un hôpital pour y subir des examens médico-légaux.
L'objectif de ces tests, auxquels il a accepté de se soumettre, est de rechercher sur son corps d'éventuelles traces de lutte ou d'ADN de la plaignante. A sa sortie du commissariat, DSK n'a pas dit un mot à la foule des journalistes qui attendaient là depuis son inculpation la veille au soir.
DSK nie en bloc
La police de New York (NYPD) a indiqué que le patron du FMI ne bénéficiait pas de l'immunité diplomatique face aux accusations d'agression sexuelle qui pèsent contre lui. Il «comparaîtra lundi à 10h30» (16h30 à Paris) au tribunal, où il se verra présenter les chefs d'inculpation qui pèsent contre lui. «Ce sera au juge» en charge de l'affaire de décider ensuite s'il peut être libéré sous caution, et à quelles conditions, a précisé un porte-parole du NYPD. Selon le New York Times, la caution demandée pourrait s'élever à plusieurs millions de dollars. Il est toutefois courant que les prévenus n'aient à verser que 10% de la somme.
Dominique Strauss-Kahn a fait savoir par son avocat qu'il nie tous les faits qui lui sont reprochés et va plaider non coupable. La femme de chambre dont la plainte pour agression sexuelle a déclenché l'affaire l'a formellement identifié dimanche comme son agresseur, le désignant parmi un groupe d'hommes réunis au commissariat de Harlem pour une séance d'identification. Elle a ensuite quitté les lieux vers 21h45 (heure française) dans une fourgonnette, cachée sous un drap blanc.
Le scénario de l'agression supposée
Selon le récit de l'employée, une femme d'origine africaine de 32 ans, l'agression se serait déroulée à 13 heures dans une chambre de l'hôtel Sofitel de Manhattan. La femme de ménage serait entrée en s'annonçant dans la suite de l'ancien ministre qu'elle croyait inoccupée pour la nettoyer. Dominique Strauss-Kahn serait sorti de la salle de bain nu.
Il l'aurait alors jetée surle lit pour tenter d'abuser d'elle. La jeune femme aurait réussi à se libérer, mais le directeur du FMI l'aurait attrapée et emmenée dans la salle de bain de la chambre pour la contraindre à lui pratiquer une fellation. Selon les enquêteurs, Dominique Strauss-Kahn aurait tenté de l'enfermer dans la chambre d'hôtel. La femme serait parvenue à se libérer et aurait aussitôt prévenu des membres du personnel de l'hôtel, qui ont contacté la police.
Quand les forces de l'ordre sont arrivées sur place une demi-heure plus tard, DSK avait déjà quitté les lieux, oubliant derrière lui un téléphone portable - il en aurait plusieurs. Il a ensuite rappelé l'établissement pour qu'on lui fasse porter l'appareil, et les policiers qui se trouvaient à l'hôtel ont ainsi appris où il se trouvait, rapporte le New York Times.
Des enquêteurs en civil de l'Autorité des ports de New York et du New Jersey ont pu l'interpeller à l'aéroport de JFK, où il avait déjà embarqué à bord d'un vol Air France qui s'apprêtait à décoller. «Nous l'avons mis en garde à vue et remis à la police de New York», a déclaré un responsable sous le couvert de l'anonymat.
LEFIGARO