Ici, le cas de Dakar, mais il ne faut pas oublier que nos villages Soninkés sont de plus en plus remplis de filles mères. Certaines le sont même à l'age de 14 ans. Elles font la cesarienne à cet age... Les unes meurent, les autres subissent une cesarienne. Les filles sont devenues des proies faciles.... Qui sont les responsables ? Les jeunes garçons bien sûr. Une éducation séxuelle est devenue necessaire dans nos contrées.
A Dakar, de plus en plus des mineures tombent enceintes. Elles sont de plus en plus nombreuses et de plus en plus jeunes, ces enfants qui font des enfants. La plupart d’entre elles, n’ont pas dépassé, l’âge mineur. Plus de la moitié des adolescentes de moins de 18 ans décident souvent de garder l’enfant, et de nombreux jeunes papas acceptent d’assumer leurs responsabilités. Mais, ces jeunes ne savent pas ce qui les attend : quand les enfants font des enfants, c’est leur univers tout entier qui se retrouve bouleversé. Cela représente un véritable défi pour tout le monde. Les parents considèrent leur fils comme un adolescent sérieux et appliqué. C’est la raison pour laquelle la nouvelle de la paternité précoce reste, pour eux, un véritable choc. Dans les populeux quartiers de Grand Yoff, Médina, Fass, Grand Médina et de Khar Yalla, l’univers est cauchemardesque. Comme si les filles rivalisaient d’ardeur pour faire des enfants, sans se soucier de leur santé et de leur lendemain. Dans ces quartiers dits « chine populaire », la nuit, les activités sont grises.
Les premiers temps, après l’annonce de la grossesse, ce sont de graves erreurs de jeunesse qui surviennent parfois. Le jeune « couple » met généralement l’accent sur tous les problèmes qui l’attendaient. Pourtant, des conseils n’ont pas manqué, avant de leur parler des difficultés qu’ils allaient rencontrer. Mais, ils ont pris leur temps avant d’avoir des relations sexuelles. Par exemple, il y a le cas de F.S. qui n’a jamais voulu entendre parler de pilule. Elle a toujours refusé d’aller chez le gynécologue, car elle appréhendait l’examen. C’est une réaction typique de la réaction de nombreuses filles de son âge. Le douloureux abandon du cocon familial, les mois de refoulement de la grossesse, la mauvaise utilisation des moyens de contraception, etc. suivront après. Les problèmes rencontrés par F.S. et M.Nd. permettent d’expliquer de nombreuses grossesses d’adolescentes.
Le nombre de grossesses d’adolescentes ne cesse d'augmenter
Depuis plusieurs années, on constate, presque partout à Dakar, une augmentation constante du nombre de grossesses d’adolescentes. Suite à notre enquête, Grand Yoff et Khar Yalla se situent en tête de peloton, avec une moyenne de 30 grossesses pour 100 adolescentes. A Khar Yalla, le taux de grossesse chez les adolescentes est de 29 pour 100. Aux Hlm Grand Médine, il est de 25 pour 100, contre 19 pour 100 à la Médina. Dans la banlieue, c’est encore élevé et pire, car le travail d’information et de sensibilisation n’aurait pas particulièrement bien fonctionné, selon une mère de famille que nous avions rencontrée. En conséquence, on n’enregistre que plus de grossesses chez les adolescentes.
Il existe plusieurs raisons pour expliquer ce nombre qui va croissant.
Premièrement, la maturité sexuelle des jeunes commence de plus en plus tôt. Certaines jeunes filles ont leurs premières règles dès l’âge de 11 ans.
Deuxièmement, si l’on en croit un des sexologues rencontré et qui a préféré gardé l’anonymat, les jeunes entre eux se sentent tenus à une obligation de performances durant l’acte sexuel. Beaucoup sont persuadés que tout le monde l’a déjà fait sauf eux ! Cela est dû à l’omniprésence du thème de la sexualité dans la vie des adolescents.
Un médecin, nous dit-on, est régulièrement sollicité par des élèves et étudiantes pour leur donner des conseils sur la sexualité. On constate, renchérit notre source, qu’en général, un véritable fossé sépare la vision des jeunes, des choses de la réalité. Seuls 10 % des jeunes de 14 ans sont effectivement actifs sexuellement. Ailleurs, dans les pays développés comme l’Europe, l’âge moyen de la « première fois » se situe entre 16 et 17 ans.
Une troisième raison pour expliquer ce phénomène, est le manque d’informations. Beaucoup de jeunes ont du mal à faire le lien entre ce qu’ils apprennent en cours de biologie d’une part, et la réalité d’autre part. Ils sont très mal à l’aise lorsqu’on aborde le sujet de leur propre sexualité.
Des risques médicaux
La plupart des gynécologues rencontrés sont d’accord sur un point: le jeune âge des mères présente peu de risque médical supplémentaire; que ce soit pour la grossesse, l’accouchement ou pour l’enfant. Statistiquement, on pratique moins de césariennes chez les jeunes filles que chez les femmes plus âgées. Toutefois, la combinaison de facteurs psycho-sociaux, de problèmes relationnels au sein du couple ou de la famille, ou encore la peur de l’avenir de ces jeunes filles sont autant de facteurs qui peuvent entraîner des complications durant la grossesse: « Les filles qui tombent enceintes aussi tôt présentent généralement d’autres facteurs de risque. Elles fument plus que la moyenne, elles prennent moins soin de leur santé. Une autre pathologie, qui peut s’avérer dangereuse, aussi bien pour la maman que pour le bébé : il s’agit de la pré-éclampsie, autrefois appelée toxémie gravidique. Ce phénomène est également plus fréquent chez les jeunes mamans ».
Mères adolescentes : le bébé leur donne une place dans la société
Le nombre de grossesses chez les adolescentes est relativement stable depuis une dizaine d’années. Le Sénégal figure aussi en milieu de peloton des pays de l’Afrique de l’Ouest. La distribution de moyens de contraception aux jeunes fonctionne particulièrement bien dans le pays. Mais on constate, malgré tout, des cas de grossesses adolescentes dans le pays, particulièrement dans la capitale sénégalaise, où la distribution de moyens de contraception fonctionne bien. Les experts ont remarqué que le désir d’enfant était très fort chez les filles issues de familles à problèmes. Dans la plupart des cas, les filles issues de familles défavorisées ne s’intéressent souvent pas aux cours d’éducation sexuelle, ni aux moyens de contraception. Elles veulent à tout prix tomber enceinte. La pauvreté, leur lot, y est pour quelque chose.
R.K, qui vit à Grand Yoff, a eu son enfant à 17 ans. Son ami, P.B., est âgé de 22 ans. Leur fils, J.B., a tout juste 3 mois. J.B. vit aujourd’hui avec son fils dans sa maison familiale. Un rôle qui n’est pas souvent des plus évidents : il est parfois difficile pour ces jeunes filles d’accepter de l’aide. Elles veulent s’en sortir toutes seules et ont tendance à se surestimer. Elles ressentent cet encadrement comme du dirigisme. Il est donc indispensable qu’une relation de confiance s’installe entre la jeune maman et ses parents, puisque cette dernière va suivre le développement de l’enfant: « La difficulté avec ces jeunes mères, c’est qu’elles ont aussi leurs propres besoins. Elles sont tellement jeunes ! Elles ont parfois du mal à s’accepter ou alors elles ont besoin qu’on les comprenne. Elles n’ont généralement pas appris dans leur enfance à recevoir et à donner de l’amour. Aujourd’hui, elles veulent faire mieux que leurs parents. Le plus important, c’est de bien comprendre son enfant.
Leur quotidien n’a, en effet, plus rien à voir avec celui de leurs copines de même âge: « Pendant la grossesse, ou même avant de tomber enceinte, on croit qu’un enfant, c’est facile à gérer. Il suffit de lui donner à manger, de le faire dormir, de changer ses couches. La réalité est très différente. On doit toujours penser en premier à son enfant. Pour commencer, l’enfant te réveille toujours très tôt le matin. C’est malheureusement vrai. On ne choisit pas combien de temps on va dormir. » Les deux adolescentes ont découvert leur grossesse très tôt. Pourtant, aucune des deux ne voulait entendre parler d’avortement: « je peux dire que j’ai trouvé un nouveau sens à ma vie. Ça peut paraître débile de faire un enfant pour donner un nouveau sens à sa vie, mais je dois avouer que ça m’a apporté quelque chose. Je me sens enfin utile et aimée. J’ai de l’amour à donner. Ce sont des choses que je n’avais jamais connues avant », confie une fille mère
Grand-mère ou Grand-père avant 40 ans ?
Dans notre société « grand père » et « grand-mère » se reconnaissaient d’abord et avant tout à travers leur physionomie. C’était le plus souvent des hommes et des femmes qui avaient perdu les caractères physiologiques de jeunesse, notamment la force et la vigueur. Ensuite, ils forçaient le respect, car dans leurs actes quotidiens, ils faisaient preuve de réflexion, de bon sens et de discernement. En d’autres termes, ils symbolisaient la sagesse et la mémoire collective de la société. Ils avaient, comme le souligne si bien un vieux que nous avions rencontré aux Hlm Grand Yoff, assis sous un arbre à palabre entouré de jeunes, une morale populaire qui résultait de leur expérience et s’exprimaient souvent sous forme de maximes et de proverbes. Au grand bonheur des petits-fils qui en tiraient des leçons de vie.
Aujourd’hui, constate-t-il, avec le phénomène inquiétant des adolescentes-mères, « grand-père » et « grand-mère » ne sont que l’ombre d’eux-mêmes. Leur inexpérience consécutive à leur jeune âge est en cause. « Désormais, il est fréquent de rencontrer des grands-mères et même des grands-pères qui ont moins de 40 ans », regrette ce sexagénaire qui plaide pour une meilleure sensibilisation. Ce serait, dit le père de famille de trois épouses et une dizaine d’enfants, un excellent moyen de stopper le phénomène des filles-mères, et, par ricochet, de redonner à grand-mère et à grand-père leurs places dans la société.
Source Sénéweb, Assane Dial