10 milliards de dollars à mobiliser dans dix ans
En prélude à la 32ième session annuelle du conseil des gouverneurs de la Banque Islamique de Développement (BID) qui s’ouvre aujourd’hui à Dakar, le Sénégal a signé vendredi dernier au ministère des Affaires étrangères un accord de siège avec la BID pour l’implantation de son Bureau régional pour l’Afrique subsaharienne. Un accord perçu comme étant à la fois le signe d’une coopération exemplaire et multiforme entre le Sénégal et cet instrument majeur de l’Organisation de la conférence islamique (Oci) mais aussi des nouvelles orientations et ambitions de la banque à l’endroit des pays d’Afrique occidentale, membres de la Ummah.
Le prochain sommet de l’Organisation de la Conférence Islamique (Oci) prévue en mars 2008 à Dakar s’annonce sous de bons auspices pour le Sénégal. En prélude à la 32ième session annuelle des gouverneurs de la Banque islamique de développement (Bid), en plus des réunions techniques et des séminaires et conférences thématiques au programme, c’est l’implantation du siège du Bureau régional pour l’Afrique subsaharienne, le quatrième du genre pour la Banque, qui vient d’être autorisé par le Sénégal. Revenant sur les enjeux de cet accord de siège, le Dr Ahmed Mohamed Ali, Président de la Bid a estimé que le bureau illustre « l’excellence des relations multiformes entre la Bid et le Sénégal et contribuera à sa consolidation.
En sus, ce quatrième bureau décentralisé de la Bid contribuera à améliorer le dialogue avec les pays membres en vue d’une meilleure harmonisation des interventions de la Banque ». Le bureau sera bientôt opérationnel car « l’immeuble devant l’abriter est en construction, la sélection des cadres est en cours et l’équipe de direction sera mis en place d’ici le mois de septembre », a t-il soutenu. À sa suite, le ministre d’Etat Cheikh Tidiane Gadio estimera que « c’est avec un immense plaisir que le gouvernement sénégalais a autorisé la signature de l’accord de siège avec le bureau régional de la Bid qui est l’instrument le plus important de l’intervention de l’Oci pour soutenir les projets et programmes économiques de développement des différents pays membres ». Depuis le sommet extraordinaire de la Mecque qui a eu lieu en Décembre 2005, l’Oci a décidé de réorienter son action vers les actions de solidarité islamique mais sous un angle beaucoup plus concret qui est d’aider au développement des pays membres.
À en croire M. Gadio, les partenaires de l’Oci, ceux du G8 et de la coopération européenne ne peuvent pas avoir le monopole de la compassion, raison pour laquelle la solidarité islamique dont on a tant parlé doit être sous tendre par des actes ». Aussi, le sommet de la Mecque avait décidé sur l’annulation de la dette de l’Afrique et de travailler sur de nouveaux programmes de développement de l’Afrique et « c’est dans cet optique qu’en mi-juin, une réunion se tiendra à Doha au Qatar pour aider à l’autosuffisance alimentaire au Niger », dira-il. Sur la même lancée, le Sénégal, lors du conseil des gouverneurs présidé par le ministre d’Etat Abdoulaye Diop, a lancé avec le Président de la Bid une initiative majeure. Celle-ci a consisté à l’acceptation par les pays de la Ummah de l’annonce, à l’occasion de la réunion annuelle qui s’ouvre aujourd’hui au méridien Président de Dakar, de leurs contributions respectives au Fonds de développement contre la pauvreté. Pour M. Gadio, « ce fonds est extrêmement important et quand le Sénégal engage autant d’actions et que la Bid était à la recherche d’un pays hôte pour son bureau régional, c’était tout à fait normal que le Sénégal manifeste son intérêt et accepte d’abriter ce bureau ». En plus de « contribuer au renforcement de la coopération du Sénégal et de la Bid, ce bureau permettra de donner à la banque sa dimension africaine en vue de sa meilleure participation au développement de l’Afrique subsaharienne en général et de l’Afrique de l’Ouest en particulier », a-t-il poursuivi.
Dans le même registre, le ministre d’Etat Abdoulaye Diop soutiendra qu’il faut reconnaître au Sénégal et à la Bid « un niveau de coopération très élevé qui a permis de sélectionner notre pays parmi plusieurs membres qui avaient manifesté le souhait d’abriter ce bureau régional ». L’évaluation a été faite « de manière très objective et le Sénégal a été choisi », a-t-il poursuivi. La réunion qui est ouverte par le Président de la République aujourd’hui verra le lancement du Fonds de solidarité islamique pour le développement en vue d’appuyer les pays membres les moins nantis pour réduire leur niveau de pauvreté. C’est lors du sommet de la Mecque qu’il a été prévu la collecte de 10 milliards de dollars d’ici 10 ans pour alimenter le fonds. Le Sénégal avait alors été le premier pays à accepter de contribuer au Fonds dans la mesure de ses possibilités. Et en 2006, au sommet du Koweït, l’Arabie Saoudite a été le premier contributeur effectif avec l’octroi d’un milliard de dollars, suivi du Koweït avec une contribution de 300 millions de dollars. Aussi, mandat a-t-il été donné par la suite par le Président Wade à ses ministres de l’Economie et des Finances et des Affaires étrangères pour aller dans les divers pays membres afin de prêcher la bonne parole en vue de les sensibiliser sur la pertinence du fonds et de leurs nécessaires contributions. Ce sont tous ces pays visités qui feront part à la réunion annuelle de la Bid de leur contribution au fonds de lutte contre la pauvreté. L’évaluation sera faite du montant qui a été effectivement mobilisé. De l’avis de M. Diop, « si nous parvenons à collecter 4 à 5 milliards de dollars à Dakar, nous allons travailler pour combler le gap, d’ici 2 à 4 ans, pour porter le fonds à dix milliards ». Cette manne financière sera gérée « sous forme de « Wakhf » c’est-à-dire qu’elle sera placée et ce seront les dividendes ou bénéfices engendrés par ces placements qui seront redistribués aux ayant-droits que sont les pays de la Ummah », a –t-il conclu.
Un avant-goût de l’Oci
La 32ième réunion annuelle des gouverneurs de la Bid verra la participation de 58 délégations des pays membres et constitue un avant-goût de ce qui se passera en mars 2008 avec la tenue de l’Oci à Dakar. Le conseil aura à débattre de questions administratives et techniques et d’un rapport sur les souscriptions à la quatrième augmentation générale du capital de la banque, qui a commencé à être appliqué depuis le troisième sommet de décembre 2005 à La Mecque. Ce sommet avait alors appelé à une augmentation substantielle du capital de la banque pour lui permettre d’étayer solidement les efforts de développement dans les Etats membres. Dans le même ordre d’idées, le conseil des gouverneurs a adopté une résolution en vue de doubler le capital déclaré de la banque d’un montant initial de 20 milliards de dollars us pour le porter à 40 milliards de dollars us. Il s’est également agi d’augmenter le capital souscrit de 9,2 milliards de dollars us pour le porter à 21 milliards de dollars us.
Par Mamadou Lamine DIEYE
Source : SUD QUOTIDIEN