Longtemps restée dans les tiroirs de l'administration malienne, l'idée de la construction d'une Maison des Maliens de l'extérieur commence à connaître un début de solution grâce à l'appui de l'Union Européenne. C'est ce qui ressort de l'exposé de Kaba Sangaré, Conseiller technique au ministère des Maliens de l'Extérieur et de l'Intégration Africaine, lors de la conférence-débats organisée par l'ONG OCEAN, hier jeudi 15 février, au Centre Islamique de Hamdallaye.
Jeudi 15 février 2007. Il est environ 9 heures 30. Dans la cour du Centre Islamique de Hamdallaye, un groupe de jeunes déroulent une banderole sur laquelle on peut lire "l'Association des Refoulés de l'Afrique Centrale soutient OCEAN". Le même slogan est repris sur les tee-shirts qu'ils portent.
Dans la salle, une autre banderole est accrochée derrière le présidium et nous apprend que "la mobilité est un droit, mais le voyage clandestin par le désert et par la mer est presque un suicide".
Le décor était alors planté pour cette rencontre voulue par l'ONG Organisation pour la culture, l'éducation, et l'avenir des nations (OCEAN). Et dont le président, Mohamed Kéïta, affirme que "l'immigration n'est ni l'apanage d'un pays particulier, ni d'une civilisation particulière". Selon lui, "l'immigration fait partie de la nature humaine et est universelle". Mais, le rapport de la Commission mondiale sur les migrations internationales, qui montrent que le nombre de personnes cherchant à migrer augmentera, inquiète le président de l'ONG. C'est pourquoi il appelle tout le monde à se mobiliser afin "qu'on explique à ceux qui veulent partir les défis qui les attendent".
Toute chose à laquelle l'ONG Aide-Mali s'attèle, à en croire Mamadou Diakité, le chargé des programmes de migration. "Notre souci n'est pas d'empêcher les gens de partir, mais plutôt de leur expliquer les risques auxquels ils s'exposent en tentant de telles aventures" a déclaré M. Diakité. Avant de marteler que "le migrant a comme leitmotiv: partir pour vivre ou rester pour mourir".
Mamadou Diakité expliquera que "Ceuta et Melilla ont été le mal nécessaire pour réveiller les consciences sur les misères que vivent nos frères". Il ajoutera qu'au Mali, l'incident a fait tache d'huile, car trois ministres ont été interpellés pendant une quinzaine d'heures sur la question. De plus, on dénombre une vingtaine d'associations qui s'en occupent, contrairement au passé.
Le Secrétaire général du ministère des Maliens de l'Extérieur et de l'Intégration Africaine, Mamady Traoré de saluer l'initiative et de préciser que le thème de l'immigration a été, ces dix dernières années, au centre de tous les débats avec les partenaires techniques et financiers.
Ahmed Sékou Touré, représentant du ministère de la Jeunesse a abondé dans le même sens et a témoigné de l'accompagnement du département aux efforts de l'ONG.
Au départ et à l'arrivée de l'immigration, la Police nationale et, en particulier, celle des frontière est toujours présente.
Selon les spécialistes, la mobilité des personnes est un droit qui s'exerce sans distinction de race, de sexe ou de religion.
Le Contrôleur Général Niania Diallo, Directeur national de la Police des frontières, de reconnaître que "la répression est l'échec de la prévention. On ne peut pas éradiquer les faux passeports à 100%, car le réseau des faussaires débute à l'établissement des actes de naissance". Ces différentes interventions ont été suivies par deux exposés. Il s'agit des thèmes "le Mali, pays d'immigration et de transit vers l'Europe : Plans d'action de l'Union Européenne, quel dialogue migratoire" et "la mobilité : risques et dangers réels liés au voyage clandestin".
Dans le premier exposé de Kaba Sangaré, Conseiller technique au ministère des Maliens de l'Extérieur et de l'Intégration Africaine, on pouvait noter que quelque 80 000 personnes qualifiées quittent le continent chaque année dont environ 23 000 cadres ou professionnels.
Le Mali, situé au cœur de l'Afrique de l'Ouest, a été, depuis la nuit des temps, un pays d'immigration et d'émigration. Au nombre des régions ou pays à forte concentration de colonie malienne, on peut citer la Côte d'Ivoire, le Sénégal, le Burkina Faso, le Ghana, le Nigeria, le Niger, en Afrique de l'Ouest. En Afrique centrale, les Maliens sont nombreux au Congo, en Angola, au Gabon, au Cameroun…En Europe, on les retrouve beaucoup plus en France. Les continents américain et asiatique en comptent aussi.
Le Mali compte ainsi le plus fort contingent d'émigrés africains, soit 3,5 millions sur une estimation de 4 millions.
C'est pour essayer de gérer ce flux de départs et souvent d'expulsions en catastrophe que le département des Maliens de l'Extérieur, appuyé par les partenaires techniques et financiers dont l'Union Africaine et l'Union Européenne, a entrepris plusieurs chantiers.
On peut noter le Centre Africain d'Etudes et de Recherches sur les Migrations (CAERM) le Centre d'information et de gestion des migrations et surtout la Maison des Maliens de l'Extérieur.
Une maison qui, à en croire Kaba Sangaré, s'occupera de ceux qui veulent partir, encouragera le retour de certains et assistera ceux qui reviendront dans des conditions difficiles. Il faut noter que certains de nos compatriotes, expulsés de force, laissent souvent leurs biens, en l'occurrence de l'argent en banque sur place.
M. Sangaré a rassuré que "chaque fois que des situations de ce genre arrivent, le département met tous les moyens en œuvre pour mettre nos compatriotes en possession de leurs biens, même si la procédure est souvent très longue".
Source: Quotidien Malien, L'Independant.