Le pouvoir militaire, instauré en Mauritanie depuis plus de deux mois, après un coup d'État renversant le président démocratiquement élu par les citoyennes et les citoyens mauritaniens, avait, la semaine dernière, réussi un délai au terme duquel il doit (ou devrait) remettre, sans condition particulière, le pouvoir au président déchu, M. Midi Ould Abdallah. Nous voilà au terme de ce délai, et aucune réaction digne de ce nom de la part de nos militaires ne se fait entendre. Nous ne partageons pas, cependant , une telle prise de position de l'Union africaine.
Ce qui, de fait, doit être posé aujourd'hui comme préalable à l'instauration de la de démocratie, du pouvoir civil en République Islamique de Mauritanie, c'est bien de contrainte les auteurs de ce coup d'État à définir un programme électoral cohérent ; à manifester leurs réelles motivations ; à exprimer clairement, sans aucune forme d'hypocrisie aux Mauritaniennes et aux Mauritaniennes leur intention de ne pas s'accrocher au pouvoir, comme cela s'est passé ailleurs dans le continent africain où, après avoir chassé le dictateur de la tête de l'État, « les sauveurs » se sont accrochés au pouvoir.
A titre illustra tif, nous avons encore en mémoire la célèbre phrase de Robert Guèye : « nous sommes venus pour balayer la maison ». Et l'on sait comment les balayeurs ont été eux-mêmes balayés après avoir sali ce qu'ils ont balayé la veille. Si nous ne voulons pas assisté au même scénario en Mauritanie, il est de la responsabilité de tous les citoyens mauritaniens, hommes et femmes confondus, de s'engager dans un programme de contestation de tout régime ne relevant pas de la vérité des urnes. Nous devons, par la même occasion, refuser de laisser traiter nos problèmes par des organismes externes, comme l'Union africaine qui, elle -même, n'arrive presque jamais à régler ses problèmes internes.
Le débat qui doit être engagé aujourd'hui en Mauritanie doit être un débat interne, réunissant les partis politiques de toutes tendances confondues et tous les membres de la population. Le problème de l'Afrique en général et de la Mauritanie en particulier est lié au fait que les Africains (et les Mauritaniens) ne se sentent jamais assez responsables pour trouver eux-mêmes des solutions à leurs problèmes. Nous sommes de fait désolé de le rappeler. Mais il est parfois salutaire de nommer « un chat un chat ». A un moment donné de son histoire, un peuple doit faire une pause et se poser un certain nombre de questions sur son destin, ses responsabilités...Nous ne pouvons jamais aller de l'avant si nous n'acceptons pas d'assumer nos responsabilités ; si nous n'acceptons pas de nous départir de la mentalité d'assistance, d'assistés tendant toujours la main à l'Occident hypocrite, à une Union africaine caricaturale. Les Mauritaniens ne doivent nullement tenir compte de cet ultimatum.
Nous ne cautionnons pas le pouvoir qui est en place en ce moment dans notre pays : nous voulons seulement que nos problèmes soient réglés par nous -mêmes, entre nous -mêmes, sans aucune intervention externe qui, il est vrai, ne fera qu'envenimer la situation
SOUMARE Zakaria Demba