"Les programmes de la BAD en faveur du développement de l’énergie en Afrique ne sauraient être liés uniquement aux TIC (Technologies de l’information et de la communication), mais plutôt à la promotion du développement global du tissu économique des pays", a affirmé M. Diallo Amadou Thierno, chef de division "Energie et TIC" à la Banque africaine de Développement (BAD), dans un entretien avec la PANA.
M. Diallo, qui réagissait à la nécessité de résorber le déficit énergétique préalablement à l’accès des communautés rurales aux TIC, estime que la résolution du problème énergétique africain dépasse l’unique besoin d’expansion des TIC, pour "viser le développement d’une énergie productive, prenant en compte le tissu économique des pays, dans sa globalité".
Mais, à en croire le fonctionnaire de la BAD, le programme devra surmonter plusieurs obstacles parmi lesquels les ressources limitées des pouvoirs publics, les changements climatiques ainsi que la très grande dépendance des pays africains de l’extérieur pour leur approvisionnement en énergie fossile.
"Les Etats à eux seuls ne peuvent prendre en charge le financement de la production de leur énergie", affirme M. Diallo qui préconise l’évidente contribution, non seulement du secteur privé, mais également des partenaires au développement.
Cependant cet appel au partenariat multilatéral, notamment l’implication du secteur privé, suppose "la création d’un environnement incitatif à la collaboration, la mise en place de politiques claires ainsi qu’une vision à long terme" des solutions à apporter au déficit énergétique.
L’autre obstacle tient au manque d’adaptation aux changements climatiques qui, d’une manière générale, entraînent l’instabilité des capacités de bon nombre d’infrastructures hydro-électriques à fournir l’énergie requise. L’exemple du barrage hydro-électrique d’Akossombo (Ghana), dont la baisse de la capacité de production atteint 80%, reste édifiant en la nécessité d’adapter les besoins de commercialisation aux effets néfastes des changements climatiques.
Enfin, le pétrole. On rappelle que 50% des pays africains sont enclavés. D’où une sévère dépendance du continent contraint d’acheter les produits pétroliers dont les prix supportent les charges des allers-retours entre, parfois, les champs pétrolifères africains et les raffineries des compagnies étrangères, avec à la clé l’utilisation de 50% des devises, au titre de l’importation de cette énergie.
La solution, selon M. Diallo, consiste en l’intégration régionale qui intègre le développement communautaire des ressources, leur interconnexion ainsi qu’un partage des combustibles fossile dont seulement 9% de la production reste en Afrique.
A cet effet, des initiatives d’intégration bénéficient à l’heure actuelle du financement de la BAD, notamment l’interconnexion du Nigeria, du Bénin du Togo et du Ghana, celle de l’Ethiopie avec Djibouti, ainsi que le réseau Maroc-Algérie-Espagne.
Le projet Manantali, qui a subi une baisse de sa capacité face à la croissance de la demande en énergie, avait été également financé par la banque africaine qui participe à l’étude et à la mobilisation des financements pour la réalisation du projet de l’Organisation pour la mise en valeur du Fleuve Gambie (OMVG) au profit de la Guinée, de la Guinée Bissau, de la Gambie et du Sénégal, pour un montant d’1 milliard de dollars.
Quant au projet du Grand Inga, en République démocratique du Congo, dont les études en cours évaluent la réalisation à 7 milliards de dollars, sa capacité estimée à 39.000 mégawatts, suffirait selon M. Diallo, pour couvrir les besoins de toute l’Afrique.
Source : Temoust