Eloquent, doté d'une voix radiophonique, l'homme fait aujourd'hui les beaux jours de la maison de la radiodiffusion télévision de Bozola. Puisqu'il faut l'appeler par son nom, il s'agit de Lamine Sissoko, surnommé Chaîne II Lamine, à cause de la chanson du célèbre chanteur du Wassoulou Yoro Diallo. L'homme, en l'espace d'une décennie, s'est imposé au cœur de Radio Mali, plus précisément sur la Chaîne II, comme un grand baobab, via l'émission Gwa Kunda qui réunit le trio des coépouses Fima, Djéma et leur mari Sissoko.
Originaire de la première région du Mali, Kayes, l'homme est né et a grandi à Bamako, il y a de cela 37 ans. Son père, Bourama Sissoko, était fonctionnaire aux chemins de fer. Issu d'une grande famille polygame comptant une vingtaine d'enfants, Lamine en est le dixième. Il est aujourd'hui marié à Fatoumata Sangaré dite Baye, agent de la caisse Kondo Jigima, à la Direction Générale de cette caisse de micro-crédit à Missira et père de trois enfants, deux filles et un garçon.
Lamine en profite pour tirer un coup de chapeau à son épouse, qui a su faire la différence entre la vie professionnelle et la vie familiale de son mari. Dans l'enfance, ses amis l'avaient surnommé John.
Après le DEF, Lamine a été orienté au Centre de Formation Professionnelle (CFP), mais a préféré intégrer l'INA (Institut National des Arts) après un concours, suite à la passion pour la culture qui l'animait depuis sa plus tendre enfance. Elle l'avait amené à jouer dans la troupe du mouvement pionner et le groupe théâtral de son quartier lors des semaines inter-communes. Lamine a donc suivi un cursus à l'INA comme Amadou Kodjo, Mohamed Mahamoud dit Manken, Moussa Tidiane Kanté, Amadou Sankaré Sankiss de la station régionale de Mopti et Lala Drabo, tous de l'ORTM. A sa sortie en 1996, il entrera directement à l'ORTM, car cela coïncidait avec des recrutements au niveau de la Chaîne II, où il eut la chance d'être parmi les sélectionnés.
Un moment, dans les années 2000, il a été tenté d'approfondir ses études en communication-journalisme à l'Institut de Gestion Appliquée aux Métiers (IGLAM). Suite à des problèmes sociaux, il s'est arrêté en deuxième année, mais ne perd pas confiance et espère un jour continuer, à l'IGLAM ou dans une autre école. Il anime des émissions tous les jours de la semaine, sur la II ou la Nationale et aussi à la télévision, où il parle d'éducation familiale avec Lala Drabo et Oumou Diarra. Des fois, il a deux émissions par jour sur la même chaîne. Lamine arrive à faire la part des choses en ce qui concerne le micro et la vie sociale et considère qu'il est un citoyen comme les autres. "Je ne sors pas de l'ordinaire, j'essaye simplement de comprendre tout un chacun dans son comportement. Les difficultés ne manquent pas, mais il faut savoir les gérer".
La plus grande satisfaction professionnelle d'homme de radio de Lamine Sissoko est d'avoir réussi à faire ce qu'il souhaitait, c'est-à-dire proposer à l'auditoire quelque chose de potable, qu'il aime et qu'il apprécie. "Dieu merci, mes créations, c'est-à-dire les synopsis que j'ai écrits moi-même, ont été plébiscités par le grand public, comme Ô té anw ka kan yé, où on ne parle que le bamanan, car la promotion de la langue nationale me tient beaucoup à cœur et l'émission Gwa Kunda"
Des déceptions, il y en a, surtout quand on ne se fait pas comprendre par ses collègues. C'est une réalité, mais il n'a pas encore eu à affronter ce problème. Pour cela, il remercie le Tout Puissant, car la Chaîne II est une famille unie. Sissoko s'entend parfaitement avec les maris de ses deux épouses d'émission, Fima et Djéma, qui le considèrent comme leur jeune frère. "Le mari de Fima, même quand il est en voyage, m'appelle pour prendre les nouvelles de sa femme et de sa famille" affirme l'animateur. Quant à Djéma, "quand son mari me voit, il faut que je me sauve avant qu'il ne vienne me taquiner, me taper, parce que je suis son cousin à plaisanterie". Les familles se connaissent bien car, même en dehors de la radio, elles se fréquentent.
Lamine a sa propre conception de la politique, car dit-il "on ne peut pas prétendre ne pas faire de politique. Qu'on le veuille ou pas, on fera de la politique. Mon parti, c'est le Mali, puisque c'est la patrie que je dois défendre. Mais je n'affiche aucun nom de parti politique proprement dit". Ses références professionnelles sont principalement des animateurs d'émissions sur le monde rural. Il décerne donc une mention spéciale à Mory Soumano, à feue Hinda Coulibaly, au regretté Balla Moussa Keita, à Zoumana Yoro Traoré et à Fatoumata Coulibaly dite F.C.
Ses passe-temps, l'homme les meuble avec la lecture de tout ce qui lui tombe sous la main. Lamine Sissoko se qualifie lui-même de bouffe-tout, mais adore savourer le couscous soninké à la sauce d'arachide, un plat cuisiné généralement dans les grandes familles.
Lamine Sissoko garde un heureux souvenir des rencontres effectuées lors des séminaires de formation auxquels il a pu participer. Pour la petite histoire, lors d'un séminaire du FNUAP à Sélingué, il a passé une dizaine de jours avec d'autres hommes de presse, en particulier de la presse privée écrite. Au cours des présentations, il s'est rendu compte que c'était des personnes qu'il connaissait de par leur plume et qu'elles aussi, de leur côté, le connaissaient de par sa voix. Durant le séjour, ils ont eu le temps de suffisamment se connaître, de se lier d'amitié et de garder de très beaux souvenirs de la rencontre. Il entretient de très bons rapports avec les journalistes de la presse écrite, et, à chaque fois qu'il doit gérer une cérémonie, sans aucun problème ils viennent couvrir l'évènement. Geste qui lui va droit au cœur, car c'est une marque de confiance.
Pour terminer, Lamine déplore le caractère pressé des jeunes stagiaires de la radio, ce qui entraîne de nombreux dérapages à l'antenne, comme des propos qui peuvent ternir l'image de la personne à jamais. "Ce qu'ils oublient c'est que nous, nous gagnons plus en les formant, en leur ouvrant la porte pour assurer la relève, ou même se concurrencer sur la même chaîne, pourquoi pas. On ne sait pas de quoi demain sera fait. Je leur parle à cœur ouvert, sincèrement. Le micro est sacré. Moi, ça me fait mal qu'on m'interpelle dans la rue pour me demander pourquoi on a autorisé qu'un tel parle à la radio".
Fatoumata Mah THIAM DOUMBIA, Bamako Hebdo, via maliweb.net