Le Programme des Musées de l’Afrique de l’Ouest communément appelé Wamp (West African Museums Program) veut pousser à la formation de jeunes conservateurs pour préserver le patrimoine culturel africain et «sortir les musées de leur torpeur», a confié son Directeur exécutif dans le sillage de la célébration des 25 ans de l’institution.
Le Dr Boureima T. Diamitani estime qu’il faudrait «une nouvelle vision des musées en Afrique», ce qui devrait se traduire par une nouvelle stratégie impliquant un personnel bien formé et l’implication des communautés locales pour valoriser et protéger le patrimoine culturel.
Même après 25 ans d’existence de cette Institution, les musées restent très peu fréquentés par les populations et les musées nationaux renferment des collections vétustes considérées «comme des objets jetés, des objets païens, sans intérêt», dit-il.
Le Directeur insiste sur l’identification des objets qu’il faut scanner et informatiser pour lutter contre le trafic des objets d’art. Cela doit commencer par l’Afrique d’abord, car les objets déportés représentent l’Afrique là où ils sont et s’ils y sont bien conservés, ils pourront toujours revenir au continent, explique le responsable de Wamp.
Pour le chef de division des musées, des sites et monuments et du patrimoine culturel du Togo, M. Tublu K. Yves, ce 25e anniversaire du Wamp est une occasion de nouer des partenariats pour une institution muséale de grande envergure dans son pays.
«Le musée national du Togo est logé dans un bâtiment peu convenable (Ndlr : une aile de l’Assemblée nationale)», dit-il et il faudrait un autre site, un bâtiment classé Patrimoine national. Il évoque une initiative pour relancer la fréquentation des musées, surtout par les jeunes, avec le projet «Noël enchantée au musée» qui en est à sa quatrième édition.
«Cette opération, juste avant Noël, est une réussite et elle renoue la jeunesse avec son patrimoine», dit-il. L’universitaire marocaine Ouidad Tebbaa pense qu’il faut sensibiliser les jeunes au patrimoine et cela passe forcément par la formation. Elle soutient qu’il existe un «engouement et un intérêt des étudiants de l’Université de Marrakech pour approfondir leurs racines communes avec l’Afrique au sud du Sahara».
On a besoin d’archéologues, d’historiens, de connaissances sur le Sénégal, le Burkina et toute l’Afrique, affirme l’universitaire de Marrakech. Elle met en garde contre «l’impact négatif du tourisme qui folklorise l’art» et invite à plus de recherche, de sensibilisation dans «une coopération sud -sud qui est fondamentale».
Mme Ouidad salue le geste du conservateur hollandais, Bert Flint, qui a fait don de son musée à l’Université de Marrakech. Ce dernier considère le Maroc comme un pays africain et non pas un pays arabe appartenant au Proche-orient comme le stipulent certains musées occidentaux. Il collectionne, depuis plus de dix ans, des objets touaregs, «patrimoine de communautés multiculturelles comme les haoussa, les mossi, les bambara», dit-il.
Il considère toutes ces communautés comme la diaspora saharienne, au même titre que les peul ou les
qui ont fait des mouvements vers le sud ou le nord quand le Sahara est devenu un désert, explique le conservateur néerlandais.
Source: Apanews