La corruption, la délinquance financière et le népotisme sont les principales causes de la précarité et de la misère des populations de notre pays. En dépit des attributions de bonne gouvernance à notre pays par certaines communautés internationales la misère ne cesse de faire des ravages à tous les niveaux de la société. Ce qui explique d’ailleurs le choix du slogan " lutter contre la pauvreté " au centre des messages de campagne de tous les candidats au scrutin présidentiel du 29 avril dernier. En dehors du discours de campagne, que peut faire le nouvel ancien président élu ?
Toute politique de bonne gouvernance a comme principale composante la lutte contre la corruption. De plus en plus, elle devient une exigence pour les pays pauvres et une demande forte de leurs partenaires au développement. Aussi, le président ATT dont l’échec a été cuisant sur ce terrain envisage-t-il d’organiser des " Etats généraux de la lutte contre la corruption ", au cours desquels les participants seront informés que le phénomène n’est pas une fatalité et des propositions concrètes seront envisagées. Une dernière phase du processus sera consacrée à la mise en application des recommandations issues de ces Etats généraux. Cette nouvelle farce du président de la République a-t-elle des chances d’aboutir après la mise en place de plusieurs structures de contrôle financier dans notre pays ?
Déjà, plusieurs dispositions pratiques ont été prises depuis 2002, mais elles n’ont malheureusement pas produit d’effets escomptés dont : l’examen par le conseil des ministres, dès septembre2002, du rapport du comité ad hoc chargé d’examiner le Rapport de la BM sur la corruption au Mali ; l’installation des pôles économiques et financiers institués par le code pénal de 2001 auprès des tribunaux de premières instances de Kayes, de la commune III du district de Bamako, de Mopti ; etc.
Aussi, a-t-il été procédé au renforcement des capacités financières et humaines des structures existantes. C’est ainsi que les effectifs du Contrôle général d’Etat des services publics sont passés de 27 à 40 cadres et son budget a passé de 328 millions en 2002 à plus de 700 millions de francs CFA en 2003. Le geste le plus significatif dans ce sens est, sans doute, la création du Bureau du vérificateur général par la loi n°03-030 du 25 août 2003.
Mais l’inefficacité de ces structures s’explique par le fait que les démocraties africaines souffrent de l’immaturité des sociétés civiles et des hommes politiques avec comme corollaire l’absence de contre pouvoir pour influencer sur les décisions des dirigeants. Ainsi, les démocraties se transforment en pseudo monarchie où les monarques règnent en toute impunité sur leur peuple affamé et infantilisé. Notre pays, qui boucle sa quinzaine de pouvoir démocratique, ne fait pas exception à cette règle malgré les initiatives de trompe œil en la matière. Les multiples rapports des structures de contrôle qui dorment dans les tiroirs en sont des illustrations parfaites.
Pour tromper l’apparence d’un peuple qui prend de plus en plus conscience des conséquences dramatiques du phénomène, l’ensemble des candidats aux dernières élections présidentielles en ont fait leur cheval de bataille, même le président sortant qui a essuyé un échec cuisant au cours de son mandat finissant. Car, au Mali, le phénomène se manifeste par son expansion dans toutes les structures administratives et financières dans le secteur public comme privé. En témoigne le dernier rapport de la Casca qui a épinglé plusieurs responsables des structures publiques.
Comme pour se dédouaner de son impuissance à juguler le phénomène de la corruption, le président ATT a laissé entendre qu’il y a peu de capitaines d’industries dans nos pays en voie de développement, mais plutôt des adeptes de l’affairisme qui excellent dans le rôle de revendeurs d’articles divers. " L’affairisme se définit par sa préoccupation exclusive de gagner de l’argent par tous les moyens.
De ce point de vue, l’affairisme englobe la corruption, la concussion, les trafics d’influence, le népotisme, la fraude et toute sortes de trafics ", martelait le Candidat ATT dans la salle Djéli Baba SISSOKO archicomble du Centre international de conférence de Bamako. Probablement, cela tient au poids de l’Etat dans les pays en voie de développement qui, en dépit du libéralisme, demeurent des acteurs majeurs du jeu économique. Toutes choses qui attestent la faiblesse de la société civile et du secteur privé peinant à jouer leurs rôles de contre poids à l’Etat et de soupape de sécurité économique, sociale et culturelle.
Sidi DAO
Source : Temoust