Le Sénégal s'offre en spectacle devant la résidence de son ambassadeur à Paris : Des gardes du corps de Me Wade tabassent des militants de l'opposition
Une bagarre a opposé samedi, devant la résidence de l’ambassadeur du Sénégal à Paris, deux militants de Siggil Sénégal et quatre gardes du corps du président Wade. Maguette Lô du Ps et Diaguily Bathily de la Ld/Mpt étaient venus distribuer des tracts sur la rue Villeneuse où se trouve la résidence. Les quatre calots bleus n’ont pas apprécié cela. Après des échanges de propos malveillants, les calots bleus s’en sont pris aux deux militants de l’opposition. Des coups de poing s’échangent et les militants de l’opposition s’en sortent l’un avec le nez fracturé et l’autre une arcade sourcilière fendue.
(Correspondant permanent à Paris) - Avant même qu’on ne finisse d’épiloguer sur la mort de Modou Diop à Darou Mousty, voilà qu’on fait face encore à une nouvelle agression. Et ce sont les gardes du corps du président de la République, appelsé ‘Calots bleus’, qui en sont les auteurs. Tout est parti d’une distribution par deux militants de Siggil Sénégal, Maguette Lô du Ps et Diaguily Bathily de la Ld, de tracts devant la résidence. Arrivés devant celle-ci, ils ont voulu en remettre un au président de la République qui devrait se trouver dans les lieux. Les agents de sécurité de la résidence ont demandé à ce que le tract soit mis dans une enveloppe. N’en disposant pas, les deux militants de l’opposition rebroussent chemin.
Ils seront vite interpellés par les gardes du corps du président Wade. Ils reviennent sur leur pas, mais assistent, sans autre forme de procès, à la confiscation du portable de Maguette Lô qui avait tenté de les prendre en photos. Maguette Lô et Diaguily menacent de porter plainte auprès de la police française si le portable ne leur est pas restitué. Constatant que l’affaire devient de plus en plus sérieuse, les quatre ‘calots bleus’ interpellent à nouveau les militants de l’opposition pour leur remettre le portable. Ce qu’ils acceptent. Mais s’ils savaient, ils n’allaient pas répondre à l’interpellation des quatre calots bleus. Puisqu’après quelques échanges de propos aigres-doux, les gardes du corps du président Wade engagent la bataille. Etant quatre, chaque militant de Siggil Sénégal est ‘pris en charge’ par deux calots bleus. Au finish, Maguette Lô en sortira avec ‘un nez fracturé’, témoigne-t-il en s’appuyant sur le diagnostic du médecin. Sa chemise est tachetée de sang ainsi que son petit sac qu’il tenait sous les aisselles. Les trottoirs de la rue Villeneuse ne sont pas en reste. Le sang jonche le sol goudronné. Quant à Diaguily dont l’arcade a été fendue, il s’en est mieux sorti et souffre des douleurs au niveau de ses côtes causées par les coups de poing qu’il a reçus.
Nous n’avons pas eu la version des quatre ‘calots bleus’ qui ont refusé, par l’entremise du gendarme en faction, de nous parler.
Après avoir réalisé que l’incident était grave, les deux militants de Siggil Sénégal alertent leurs camarades. Quelques-uns et la presse rappliquent sur les lieux pour constater les faits. La dizaine de militants qui ont répondu à l’appel, campe à la devanture de la résidence et continue de distribuer les tracts restants. Cet attroupement indispose l’ambassadeur du Sénégal à Paris qui se décide à appeler la police. Mais le prétexte servi est ridicule. La police française arrive sur les lieux et commence à poser des questions parmi comme celle-ci : ‘Où est-ce que vous avez tagué ?’. Interloquée, la foule se regarde. Par la suite, la police se résout à expliquer : ‘On nous a appelé pour nous dire que les murs de la résidences sont tagués.’ Cheikhna Camara du Ps dit à la police de constater elle-même la véracité des propos qu’on leur a servis. En vérité, il n’y avait pas de tagues sur les murs de la résidence.
Les quelques militants qui étaient devant la résidence ne distribuaient que des tracts.
L’ambassadeur du Sénégal sort de sa résidence, discute avec la police dans le hall. Certains agents de la sécurité française recueillent les témoignages des victimes qui décident de faire appel aux sapeurs pompiers. Les policiers ne s’y sont pas opposés. D’ailleurs, ce sont eux-mêmes qui appellent les pompiers qui arrivent, font leur constat et examinent les victimes, avant de décider de les évacuer à l’hôpital. A l’hôpital, le constat des médecins, d’après les victimes, établit que Maguette Lô souffre d’une fracture au nez et Diaguily souffre au niveau de la côte et se retrouve avec une arcade fendue. Ces derniers ont décidé de porter plainte dès qu’ils auront récupéré leurs certificats médicaux qui seront délivrés, ce lundi, par la médecine légale de Paris.
Malgré tout, la petite foule des militants de l’opposition campera pendant une heure devant la résidence, en distribuant des tracts aux passants et à ceux qui se rendaient à l’intérieur de la résidence. C’est dans cette ambiance que, d’ailleurs, Ameth Khalifa Niasse a accepté, avec élégance, de prendre un tract qu’on lui tendait. Des tracts qui dénoncent le régime libéral, mais aussi le problème des passeports des Sénégalais de l’extérieur, réclament une négociation entre pouvoir et opposition, et l’abolition de la loi sur l’importation des véhicules de moins de cinq ans.
Constatant que l’attroupement commence à durer, la police française demandera à la petite foule de se disperser. Surtout que des militants du Pds commençaient à affluer, après l’alerte lancée par un des leurs.
Moustapha BARRY
Source : Walf (Quotidien Sénégalais)