Faire en sorte que les filles de la circonscription scolaire de Bakel aillent à l’école et y restent le plus longtemps possible, tel est l’objectif visé par le Comité départemental de la scolarisation des filles, à travers une table ronde qu’il a organisée dans les locaux de l’agence régionale de développement (Ard). A l’occasion, il a été passé au crible les raisons qui font que la déperdition scolaire se fait plus sentir chez les filles. Selon Mamadou Fadé de l’Agence régionale de développement de Bakel, dans le moyen secondaire, sur les 3 081 potaches, 992 sont des filles. Et d’ajouter que cette déperdition se fait plus sentir selon les âges. En effet, à 16, 17 et 18 ans, le nombre de filles passe respectivement de 195, 95 et 60 sur 554, 340 et 227 chez les garçons. Au niveau de la petite enfance, les chiffres ont, par contre, montré que le nombre de filles dépasse celui des garçons. Car sur les 1 023 enfants, 483 sont des garçons alors que les filles représentent 540. Soit 63 de plus que les garçons.
Dans l’élémentaire, les garçons semblent un peu leur ravir la vedette. En effet, sur un total de 31 341 écoliers, les 16 693 sont des garçons alors les filles font 14 648. Se voulant beaucoup plus détaillé, M. Fadé s’est aventuré à comparaître les chiffres par niveau. C’est ainsi que, note t-il, au Ci, on a 8 522 garçons et 4 218 filles tandis qu’au Cm2, il y a 2 491 garçons et seulement 993 filles, soit un total de 31 341 garçons et 14 648 filles. Ces statistiques qui sont de l’inspection départementale de l’éducation, datent de 2006.
Cette régression progressive du nombre de filles est due à des facteurs bloquants comme l’accès à la petite enfance jugé limité ou le départ massif à partir de 16 ans. Il s’y ajoute un déficit d’infrastructures et de mobiliers scolaires, la faible représentation des femmes dans les instances de décision à la base et la démission des parents face à l’éducation et à la surveillance des enfants à la maison. Mamadou Fadé a également convoqué la surcharge des travaux domestiques et leur pénibilité, le poids des traditions (excision, mariages précoces, grossesses précoces et non désirées), le manque d’intérêt pour l’école lié à l’absence de résultats ou de référence, sans oublier les difficultés liées à l’accès à l’état civil, l’éloignement des établissements moyens secondaires malgré les efforts considérables du projet Paem classe, entre autres.
Fort de ce constat, il a été suggéré de mettre l’accent sur l’information, la sensibilisation et la communication, de mettre en place un conseil pour un changement de comportement, de diversifier le paquet de services dans les écoles en les dotant de structures de santé et de pharmacie pour les petits soins, de cantines scolaires, de latrines et clôtures. Mais aussi de faire un plaidoyer et un lobbying pour freiner les violences faites aux femmes, de faciliter l’accès aux textes juridiques et de former des para-juristes pour une application rigoureuse des textes, de financer des actions de lutte contre la pauvreté tout en renforçant le partenariat en intégrant les activités scolaires et péri-para scolaires.
ELH.Thiendella FALL, WALFADJRI