Timide et très sérieux, il l'est. Mamadou Dabo est un homme à double vocation, puisqu'il enseigne le journalisme de l'ESTM, où il est aussi directeur de la communication et des relations extérieures, en même temps qu'il est directeur de publication du bi-hebdo «Le Zénith Balé» ", paraissant les lundis et vendredis et de l'hebdomadaire économique "L'Index" qui sort les mercredis.
Né à N'Tamani, dans le cercle de Barouéli, région de Ségou, le 26 mai 1960, Mamadou Dabo est un Soninké originaire de la région de Kayes, d'où ses parents se sont déplacé pour s'installer à N'Tamani. Après l'école fondamentale à N'Tamani, le lycée de Badala à Bamako puis l'Ecole Normale supérieure (ENSUP), section Biologie, d'où il sort détenteur d'une maîtrise en 1988, Dabo qui, a toujours eu du goût pour le journalisme, a directement commencé dans la profession sous la Transition, en qualité de rédacteur en chef du journal associatif "La patrie", appartenant à l'Association des Jeunes pour la Démocratie et le Progrès (AJDP). Ensuite, il est parmi les premières personnes à travailler à l'hebdomadaire, aujourd'hui quotidien, Nouvel Horizon de Chouaïdou Traoré en 1992. Dans le premier quotidien privé du Mali il sera reporter puis rédacteur en chef.
A la création du Soir de Bamako par Chouaïdou, Dabo sera nommé directeur de publication en remplacement de ce dernier, parti à l'étranger, avant de lui céder la place à son retour. Dabo deviendra alors le directeur des rédactions de Nouvel Horizon et de Soir de Bamako jusqu'en 2002, où il rachètera le Zénith, en y ajoutant le mot Balé, qui veut dire Zénith en bambara, avec Ibrahim Diallo.
En 2001, Dabo obtint un master en journalisme et démocratie à l'Université de Montréal au Canada, où il suivra aussi une formation de formateurs. Ce diplôme lui permet aujourd'hui d'enseigner, d'abord à l'Institut de Gestion et de Langues Appliquées aux Métiers (IGLAM), ensuite à l'ITD de Kalaban Coro ACI, établissement qui a dû fermer. Il est à l'Ecole Supérieure de Technologie et de Management (ESTM) depuis trois ans. Mamadou Dabo est marié à deux épouses et est père de cinq enfants. En sa qualité de directeur de publication, notre interlocuteur apprécie bien le travail que les reporters effectuent chaque jour mais "je ne crois pas que leur souffrance soit bien saisie par les Maliens, dont beaucoup ignorent l'endurance et l'esprit de sacrifice.
Généralement, les gens trouvent que ce qui est dit est excessif, ils ne voient que le mal. Alors que le rôle du journaliste est d'améliorer le train de vie des populations. C'est pourquoi tout ce que le journaliste écrira plaira à certains et déplaira à d'autres. Il est chaque jour entre le marteau et l'enclume " pense Dabo. Le journalisme est une fonction très délicate, selon lui, car les gens doivent savoir que celui qui a l'obligation d'écrire chaque jour peut un jour ou l'autre se tromper. C'est pourquoi la loi sur la presse a été élaborée. "Un procureur s'est permis de fouler aux pieds cette loi sur la presse pour emprisonner des journalistes. Je pense que plus jamais cela ne doit arriver dans notre pays. Si les journalistes sont des faux types, qu'on les interpelle, qu'on les écoute et, s'ils ont tort, qu'on les emprisonne s'il le faut, pour que d'autres ne les imitent pas.
Mais on ne doit jamais mettre en prison un journaliste qui n'a pas été jugé en vertu de la loi de la presse. Autour de cette loi sur la presse, il y a eu l'engagement, l'esprit critique, les amendements des journalistes, du gouvernement, du Président de la République, à l'époque Alpha Oumar Konaré, de l'Assemblée Nationale. Cette loi ne vient pas des journalistes, elle vient du peuple malien. Je pense que le procureur s'est donné trop de liberté " déplore Mamadou Dabo.
Sa plus grande satisfaction, c'est certainement la nomination de journalistes à la tête de départements ministériels, comme Gaoussou Drabo, et dans des représentations diplomatiques, comme Chouaïdou Traoré à Djeddah, Hawoye Touré à Washington, Daouda N'Diaye à Paris, Mamadou Kaba en Egypte. "De jeunes journalistes travaillent à la Présidence, notamment Diarra Diakité, Kader Maïga, Issa Doumbia (Sacré). Cela m'honore vivement, parce que cela prouve que les autorités maliennes portent assez de considération aux hommes des médias".
Si déception il a aujourd'hui, c'est aussi lié à la profession. Il déplore une fois de plus le comportement du procureur face aux journalistes. Dabo n'adhère à aucun parti politique, mais il milite dans une association, celle du Mouvement Démocratique. "J'ai beaucoup de respect pour les responsables des partis nés de la lutte pour l'avènement de la démocratie, mais, pour autant, je respecte aussi ceux que l'on a considéré comme des restaurateurs. Il s'agit, entre autres, de Django Cissoko, Chogel Maïga, Sambou Soumaré et de l'ancien président Moussa Traoré ". D'ailleurs, " j'en veux aujourd'hui à Moussa Traoré, qui s'est retiré dans sa maison, alors qu'à mon sens il pourrait faire profiter les Maliens de ses expériences, politiquement parlant, par rapport à certaines questions " suggère le journaliste-enseignant.
Son seul modèle de la vie reste son défunt père, pour son abnégation. " C'était un homme de vérité, de droiture, un musulman pieux, un homme de sincérité, qui n'a jamais eu peur, mais qui, malheureusement, n'est pas très connu des Maliens. Il est mort en 1990 ". Son papa lui rappelait le Prophète, Paix et salut sur lui, et son père. Car il s'appelait Abdoulaye, comme le père du Prophète (PSL) et lui Mamadou, comme le Prophète lui même.
Les passe-temps favoris de Mamadou Dabo sont le Scrabble et les échanges avec les jeunes Sarakolés qui veulent aller à l'immigration (France, Espagne). Il aime également aller vers les anciens, surtout les hommes politiques et les opérateurs économiques et regarder la télé. Son plus grand défaut, si c'en est un, c'est qu'il n'est pas rancunier, comme on le dit familièrement " Trop bon, trop con " et sa principale qualité est la sincérité.
En bon Soninké, son plat préféré n'est autre que le couscous. Mamadou Dabo rêve un jour, quand l'heure de la retraite aura sonné, d'être un grand fermier. On le voit aujourd'hui rarement sur le terrain, parce qu'il arrive que de jeunes reporters lui disent " Directeur, vous ne devez plus être là ". Selon lui, les jeunes journalistes estiment que le travail est plus difficile pour eux lorsque leurs directeurs sont présents.
Dabo a la nostalgie de la période où c'était l'effervescence politique au Mali. A cette époque, des années 90 jusqu'en 2000, les partis politiques fonctionnaient bien, l'opposition jouait bien son rôle et les journalistes avaient chaque jour quelque chose à dire et à écrire. " Ce n'est plus le cas maintenant, où c'est le calme plat. A peine peut-on voir les hommes politiques, à fortiori les faire parler. D'ailleurs, s'ils doivent parler, de quoi vont-ils parler? Il n'y a plus beaucoup d'activité politique au Mali ".
Mamadou Dabo conseille à ses jeunes confrères d'être endurants et respectueux avec le lectorat et l'auditorat, car "ce sont eux notre raison d'être. Il y a le droit d'informer et le devoir d'informer. C'est par rapport à notre devoir d'informer que nous avons des droits. Il nous faut toujours donner satisfaction aux lecteurs et aux auditeurs dans notre boulot et comprendre que tout le monde ne peut pas être célèbre, cela vient de lui- même, avec le temps. Si l'on ne l'est pas, considérons que ce n'est pas une fin en soi, car chaque chose a ses avantages et ses inconvénients".
Fatoumata Mah THIAM DOUMBIA
Source : Maliweb.net