Candidat à sa réélection, le chef de l'Etat mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 2008 avant d'être élu en 2009, a largement remporté l'élection présidentielle du samedi 21 juin. Le scrutin s'est toutefois tenu sans les principaux partis de l'opposition qui avaient appelé à boycotter. Un sérieux bémol pour cet ancien général putschiste qui n'a cessé depuis cinq ans de travailler à asseoir sa légitimité.Selon les résultats annoncés dimanche soir par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), chargé de l'organisation du vote, le président sortant a obtenu 81,89 % des voix. Le taux de participation, principal enjeu de l'élection en raison du mot d'ordre de boycottage de l'opposition, s'élève à 54 %. Un chiffre qui permet à chaque camp de crier victoire : il est inférieur de dix points à celui de la dernière élection présidentielle de 2009 (64 %), mais supérieur aux 50 % espérés par le pouvoir.
LE RÉSULTAT SURPRISE D'UN MILITANT ANTI-ESCLAVAGISTE
Les candidats qui avaient décidé d'affronter le président sont arrivés loin derrière. Boidiel Ould Houmeid, un ancien ministre, s'octroie la troisième place avec 4,50 % des voix, suivi d'Ibrahima Moctar Sarr, représentant la communauté négro-africaine (4,44 %) puis de l'unique femme de la liste, Lalla Mariem Mint Moulaye Idriss, proche du pouvoir, qui n'obtient que 0,49 %.La surprise du scrutin vient du militant anti-esclavagiste, Biram Ould Dah Ould Abeid, qui obtient la deuxième place avec 8,67 % des suffrages, selon les résultats de la CENI. « Une révolution », estime le journaliste Mohamed Fall Ould Oumeir. Biram, comme l'appellent ses partisans, a fait campagne en tenant un discours très dur contre les discriminations qui visent les communautés noires de Mauritanie : les haratine, descendants d'esclaves, et les négro-africains.Son parti n'ayant pas été autorisé, Biram Ould Dah Ould Abeid s'était présenté à l'élection en indépendant. « Il va falloir reconnaître son parti et considérer qu'il fait partie du renouvellement de la classe politique », estime le journaliste pour qui ce succès électoral « est un électrochoc qui doit obliger le pays à repenser la question de l'unité nationale et celle de l'esclavage ». Une pratique officiellement interdite en Mauritanie mais encore largement répandue dans les faits.
Les candidats qui avaient décidé d'affronter le président sont arrivés loin derrière. Boidiel Ould Houmeid, un ancien ministre, s'octroie la troisième place avec 4,50 % des voix, suivi d'Ibrahima Moctar Sarr, représentant la communauté négro-africaine (4,44 %) puis de l'unique femme de la liste, Lalla Mariem Mint Moulaye Idriss, proche du pouvoir, qui n'obtient que 0,49 %.La surprise du scrutin vient du militant anti-esclavagiste, Biram Ould Dah Ould Abeid, qui obtient la deuxième place avec 8,67 % des suffrages, selon les résultats de la CENI. « Une révolution », estime le journaliste Mohamed Fall Ould Oumeir. Biram, comme l'appellent ses partisans, a fait campagne en tenant un discours très dur contre les discriminations qui visent les communautés noires de Mauritanie : les haratine, descendants d'esclaves, et les négro-africains.Son parti n'ayant pas été autorisé, Biram Ould Dah Ould Abeid s'était présenté à l'élection en indépendant. « Il va falloir reconnaître son parti et considérer qu'il fait partie du renouvellement de la classe politique », estime le journaliste pour qui ce succès électoral « est un électrochoc qui doit obliger le pays à repenser la question de l'unité nationale et celle de l'esclavage ». Une pratique officiellement interdite en Mauritanie mais encore largement répandue dans les faits.
« RECENSEMENT ÉLECTORAL DISCRIMINATOIRE »« Notre lutte va redoubler de vigueur », expliquait de son côté Biram Ould Dah Ould Abeid, quelques heures avant l'annonce officielle des résultats et alors que les premières estimations le donnaient déjà en deuxième position. « A cause de nos faibles moyens de campagne, nous n'avons pu être présents que dans les deux tiers du territoire mauritanien. Malgré cela, nous parvenons à être deuxièmes. » Le candidat conteste lui aussi les conditions d'organisation de cette élection, en particulier « un recensement électoral discriminatoire » et « des moyens de l'Etat entièrement au service d'un candidat ».Les opérations de vote du 21 juin ont notamment été surveillées par des observateurs de l'Union africaine (UA), dont le chef de l'Etat mauritanien assure actuellement la présidence tournante. La délégation comptait une cinquantaine de personnes dirigées par l'ancien premier ministre tunisien, Béji Caïd Essebsi. Au cours d'un point de presse dimanche soir à Nouakchott, M. Essebsi s'est déclaré satisfait du déroulement du scrutin, tout en rappelant que celui-ci avait eu lieu en l'absence d'une partie de la classe politique.Samedi soir, les représentants du Forum national pour la démocratie et l'unité (FNDU), qui regroupe les partis de l'opposition ayant appelé au boycottage, avaient dénoncé l'absence de crédibilité de cette observation internationale. Au lendemain du vote, ils continuaient à contester un suffrage inégal organisé par un « pouvoir autoritaire ». « Lorsqu'un parti en est réduit au boycottage d'une élection, c'est qu'il n'a plus d'autre choix », soutient Ahmed Ould Daddah, figure historique de l'opposition et président du principal parti d'opposition, le Rassemblement des forces démocratiques (RFD).« Tant que le pouvoir sera aux mains des militaires, la Mauritanie n'évoluera pas », prévient M. Ould Daddah. Il explique que l'opposition continuera ses meetings et ses marches de contestation, rappelant que « nous n'avons jamais refusé le dialogue ».Maintenant réélu, le président Mohamed Ould Abdel Aziz pourrait-il décider de relancer des discussions avec le camp adverse ? Les principales formations de l'opposition avaient déjà refusé de participer aux élections législatives et municipales de 2013. A l'exception du parti islamiste Tawassoul, elles ne sont donc plus représentées au Parlement national ni dans les conseils municipaux. Une situation difficilement tenable pour le chef de l'Etat, un allié-clé des Occidentaux dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, soucieux de renforcer sa légitimité.
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