Les 1.137.000 électeurs mauritaniens se sont rendus hier, dimanche 11 mars dans le calme et la discipline aux urnes. Le scrutin a démarré en même temps, 7heures du matin dans les 13 Wilaya, (régions) et 53 départements du pays. A Nouakchott, la capitale, près de 35% des près de 250.000 inscrits sur les listes électorales de la cité avaient fini d’accomplir leur devoir civique à 11 heures.
9heures 00, dans le centre de vote des Domaines situé dans le chic quartier de Tevragh-zeina, la vitrine de la capitale mauritanienne, le président de la Communauté urbaine, paré de son écharpe de fonction, pour que nul n’en ignore, pavane dans la cour où sont massés observateurs internationaux et nationaux, journalistes de tous les médias, nationaux et internationaux. Il attend d’accueillir dans cette commune que dirige, la mairesse, l’Islamiste modérée, membre de la coalition victorieuse des élections locales de l’année dernière, Yaya Ndaw Coulibaly, pharmacienne de son état, le chef de l’Etat et président du Cmjd qui vote comme tous les premiers magistrats du pays dans ce centre, Mohammed Ely Ould Vall. Ahmed Amza, « boy Grand Dakar », se plait-il à s’identifier dans un wolof châtié, est un militant de l’Union des forces démocratiques (Ufd) de Ahmed Ould Daddah. Il a voté pour son candidat, confie-t-il et garde l’espoir de voir celui-ci devenir président de la République à l’issue du scrutin, même s’il reconnaît que la présidentielle de ce dimanche 11 mars est l’une des plus ouvertes de l’histoire politique mauritanienne.
Ahmed Amza mise sur Ould Daddah pour que « la transition démocratique qu’ont menée avec brio Ould Vall et son équipe finisse en beauté. Ahmed Ould Daddah est le candidat du vrai changement et il saura amener à terme les changements déjà introduits par l’équipe du Cmjd ». Point de vue certainement du militant. En attendant, entre deux réponses, il répond aux sollicitations de plusieurs personnes. 9heures 34. Mohammed Ould Vall, vêtu d’un costume gris clair qui lui va comme un gant, plus lord anglais que jamais arrive sur les lieux. L’escorte motorisée est en habit de parade. Est-ce là un signe d’adieu aux ors du pouvoir ? Traversant la cour d’un pas alerte et altier sous les flashs et fixé par les objectifs des cameras, il va avec sa « cour » directement vers son bureau de vote, le n° 6 que préside Thiam Diomba ayant à ses côtés les membres du bureau, le représentant de la Commission électorale indépendante (Ceni), Abdoulaye Ould Daddah et les représentants des candidats et où 622 électeurs sont consignés. Son devoir civique accompli, Ely Mohammed Ould Vall qui cédera aussitôt le président nouvellement élu connu, le trône se prête bien volontiers aux questions de la presse. Celle-ci se bouscule et ne se prive pas de lui poser toutes les questions qui lui passent par la tête. Affable et courtois, il répond, ne se dérobant à aucune des questions au point que cela ressemble à une conférence de presse. Le chef de l’Etat après s’être réjoui du déroulement du scrutin dans « le calme et la dignité », exhorte ses compatriotes à maintenir la « flamme de la démocratie et des changements venus à maturités dans son pays ».
10 heures 20, Ecole Justice Bureau 21. 670 électeurs, hommes, femmes font la queue. Deux files distinctes. Les femmes d’un côté, les hommes de l’autre. La file des femmes semble être favorisée par les proposés à la police du vote. L’atmosphère est bon enfant, on devise dans les rangs. Contrairement aux législatives et locales de l’année dernière, les « éducateurs » pour électeur analphabète, ont disparu. Personne aux alentours des bureaux de vote pour indiquer aux électeurs comment voter. La Ceni a du mettre le holà à la pratique et les forces de l’ordre veillent au grain.
La banlieue, fief du candidat Sarr Ibrahima ?
Ces forces de l’ordre, sereins en centre ville, font montre d’une certaine nervosité en banlieue. Guèye, un géant gendarme s’en explique : « nous avons reçu des ordres stricts pour que le scrutin se passe dans les meilleurs conditions. Il faut que les électeurs puissent voter sans entrave. Celui qui aura leur aval en majorité, dirigera le pays. C’est pourquoi, nous ne saurons tolérer aucun laxisme », déclare-t-il le souffle rauque, à force certainement de crier , de donner de la voix pour dévier les automobilistes qui veulent passer devant le centre de vote de Sebkha, dans le cinquième arrondissement, une des communes les plus peuplées de Nouakchott. Le centre comprend cinq bureaux. Les files y sont longues, mais calmes et disciplinés. Particularité : les électeurs sont en majorité négro-africain, wolof, soninké, halpular… ou alors haratines. Les partisans de Cheikh Sidi Ould Cheikh, un des favoris de la présidentielle au regard de la coalition qui soutient et a battu campagne pour lui, dont c’était un des fiefs, s’interrogent. La candidature de Sarr Ibrahima surtout, semble fausser les donnes. On craint que son discours de campagne qui a assurément fait tilt, ne se traduise par un vote massif dans la banlieue habitée en majorité par les négro-africain. Au sixième, commune de El Mina, le scénario est identique. Au bureau 14 du centre d’Etat civil, 736 inscrits dont le 1/3 avait fini de voter à notre passage, accomplissent leur devoir civique. Là également, les partisans de Sarr Ibrahima sont présents massivement. Maouloud, Daddah, Sidi ould Cheikh et Zeindane votent à Tevragh-zeina
Le porte-drapeau de l’Union des forces de progrès (Ufp), Mohammed Ould Maouloud a voté au complexe olympique dans le quartier de Tevragh-zeina. Ahmed Ould Daddah lui, a accompli son devoir civique dans son fief, à l’école Khayah dans le centre ville. Il en est de même du candidat indépendant, Zeindane, l’ancien gouverneur de la banque centrale a aussi voté en centre ville qui compte 34 bureaux au total répartis au niveau d’une dizaine de centres de vote. On remarquera que plusieurs candidats n’ont pas pu avoir des représentants au niveau de tous les bureaux de vote. Le vote cependant, se passe dans le calme.
Source : Sud Quotidien