Pendant le défilé, le chef de la junte, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, ancien chef de la garde présidentielle, se tenait à l'arrière d'un véhicule 4x4 découvert, circulant en tête de ce cortège de soutien. Vêtu d'un uniforme militaire et d'un béret vert, le nouvel homme fort de Mauritanie saluait de la main une foule de supporters dont certains portaient des posters géants de lui et scandaient des slogans tels que "Oui au coup d'Etat" et "Nous soutenons l'armée".
S'adressant au peuple mauritanien pour la première fois depuis son putsch, le général Aziz a déclaré devant ses partisans qu'il était "déterminé à sauver la démocratie". "C'est l'armée qui a mis fin à la dictature en 2005. Et, aujourd'hui, c'est encore elle qui met fin à la dictature, au népotisme, au chaos, au désordre", a-t-il lancé.
Quasiment au même moment, dans un autre quartier de la capitale, la police a dispersé à coups de grenades lacrymogènes une centaine de manifestants qui dénonçaient le putsch et réclamaient le retour du président déchu Sidi Cheikh Ould Abdallahi.
Les manifestants anti-putsch s'étaient rassemblés devant le Parlement à Nouakchott, en brandissant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire: "Non au coup d'Etat", "Oui à notre président légitime". La police ralliée aux putschistes a lancé des grenades lacrymogènes pour les disperser.
La junte qui s'est emparée du pouvoir détenait le président Abdallahi au palais présidentiel, ainsi que le Premier ministre, avait fait savoir mercredi le porte-parole officiel de la présidence. Depuis, les putschistes n'ont pas donné de nouvelles du chef de l'Etat déchu.
Tôt jeudi matin, les auteurs du coup d'Etat, emmené par le chef de la garde présidentielle, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, ont promis d'organiser des élections libres "dès que possible".
Jusqu'à la tenue de ces élections, la Mauritanie sera gouvernée par un conseil de 11 membres, qui s'assurera que les institutions gouvernementales continuent à fonctionner normalement, selon un communiqué de la junte lu tôt jeudi matin à la télévision publique. Ce conseil sera dirigé par le général Aziz, ancien commandant de la garde présidentielle.
"Nous nous engagerons dans un dialogue avec tous les partis politiques et toutes les institutions civiques pour l'organisation de ces élections", a annoncé la junte.
La France, qui avait condamné la veille, au titre de la présidence du Conseil de l'Union européenne, le coup de force mené par le général Aziz, tout comme les Etats-Unis et l'Union africaine, a réclamé jeudi la libération "immédiate" des responsables détenus par les militaires putschistes, à commencer par le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi.
Dans un communiqué publié jeudi, l'Elysée "réaffirme sa totale condamnation du coup d'Etat inacceptable en Mauritanie" et "exige la remise en liberté immédiate du président Abdallahi et de toutes les personnes détenues par la junte militaire".
"Le Président Abdallahi a été élu démocratiquement en mars 2007. Il est le président légitime de la Mauritanie", selon le communiqué de l'Elysée. "La France met fermement en garde les auteurs du coup d'Etat qui pourraient faire l'objet de mesures à leur encontre dans l'hypothèse où un retour à la légalité constitutionnelle ne serait pas rapidement assuré". AP