Messieurs Siabou KOITA et Mohamed HASSANI ont rencontré M. Mamadou DIAKHITE plus connu sous le nom de Sindé. Natif de Diawara, M. DIAKHITE a participé à plusieurs combats pour le bien-être des travailleurs immigrés notamment ceux de Diawara en France. Militant associatif, syndicaliste CGT, il n'a ménagé aucun effort durant sa vie pour ses concitoyens. Il revient sur les dates importantes de sa vie et de son engagement.
Présentation :
Diakhité Mamadou, né en 1952 à Diawara. La ville de Diawara est située à 800 km de Dakar à l’Est du Sénégal. Plus de 15.000 habitants y vivent, dont près de 4.000 ressortissants de Diawara vivent en France.
Forgeron de père en fils. Scolarisé en 1957 à Diawara jusqu’en 1961. Etant donné que Diawara ne possédait pas de Classe de CM2, j’étais parti suivre mon année scolaire à Bakel situé à peine à 20 km de Diawara. Mes promotionnaires : Sidy Farota, Harouna Bomou, Samba Coumbouna KOITA, Ibrahima Kamissokho, Kabé SAKHO, Mamadou Ndiaye.
Suite à un différend avec un Enseignant, j’ai abandonné l’école en 1962 à quelques jours de l’examen d’Entrée en 6ème. Forgeron par héritage, je me suis reconverti en bijoutier.Immigré en France depuis 1969.
Mars 1969, j’ai émigré vers la France. Par la suite, j’ai suivi des cours du soir dans une école parisienne du 11ème Arrondissement, en vue de me spécialiser dans le métier du froid, climatisation. En ma qualité de soutien et aîné de la famille, j’ai décidé de travailler pour subvenir aux besoins quotidiens de ma famille restée au pays et d’assurer la scolarité de mes deux jeunes frères au Sénégal. En septembre 1969, j’ai travaillé dans l’usine de produits alimentaires SOPAD, filiale de NESTLE. Le 22 Février 1977, j’ai été embauché à la Mairie de Paris comme Eboueur dans le 3ème Arrondissement de Paris.
Suite à ces soutiens, un de mes frères Samba DIAKHITE a décroché un concours national comme cadre à la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Et le deuxième Bakary DIAKHITE a également réussi à un concours national du Japon, après avoir travaillé. Au retour du Japon, il a enseigné pendant cinq ans au Centre de Formation Japonaise. Actuellement, il est chef d’Entreprise à Dakar.
Mamadou Diakhité, militant associatif :
C’est un engagement moral et valable pour tout citoyen. Je dois tout à la société. Diawara a une histoire sur son existence. Je me suis retrouvé dans l’obligation d’exercer mon devoir à l’égard de la société. L’actuelle Association de Diawara dénommée Comité de Rénovation de Diawara (COREDIA), c’était l’Union des Jeunes du Parti Socialiste (UPS) qui a été créée sous l’impulsion de ma génération et de nos quelques aînés. Ce n’était pas chose facile à l’époque, en sachant que nos traditions et nos cultures pèsent beaucoup sur la société qu’on compose. Mais nous y sommes arrivés quand même.
En 1978, suite à une Assemblée générale de Diawara, j’ai été sollicité pour constituer une équipe, en vue de mettre sur pied un Projet d’Union agricole. Deux semaines après, nous avons formé une équipe. Ce projet consiste à financer des aménagements agricoles associés à des frais divers. L’objectif de l’Union agricole était l’autosuffisance alimentaire.
1981 : Mise en place de la Coopérative villageoise en partenariat avec l’Union Régionale des Coopératives du Sénégal Oriental.
L’objectif de cette Coopérative était d’acheter et de revendre à bas prix les denrées de première nécessité. La Coopérative est exonérée de toutes taxes. Cette politique de Coopérative avait permis de concurrencer les prix à Diawara. Les Immigrés étaient les premiers satisfaits de cette Coopérative.
Les défenseurs farouches de ce projet sont : Sada BOMOU, Yaya DIALLO, Mamadou Issa KOITA, Mamadou Samba KOITA, Racine KOITA, Mamadou Djina Coulibaly, etc…J’ai puisé toutes mes énergies associatives, syndicalistes et mon savoir-faire, de ces aînés très engagés, déterminés à nous soutenir dans tous les combats. Boubacar Ramata SAKHO, jeune Retraité de la Marine marchande et bénévole, était le premier gérant de cette Coopérative.
Malheureusement, le 31/07/2000, la Coopérative a baissé ses rideaux pour des raisons de stratégies.
Immigration de Diawara En France
Cette DIASPORA est venue en France bien avant la seconde guerre mondiale. Ils étaient des Marins engagés dans la Marine Marchande et étaient basés à Marseille, Bordeaux, le Havre, Rouen, Dunkerque, etc…Après les provinces, les premiers natifs de Diawara sont venus à Paris vers 1956, leur fief était la rue Petit 75019 Paris, puis quelques hôtels vétustes et caves. Les Députés Maires de l’époque Jacques ZAMBAZE 11ème arrondissement de Paris, Lucien VILLA 20ème arrondissement de Paris et Madeleine KAGAN Conseillère du 11ème ont mené une lutte sans fin pour construire les Foyers : Mûriers 20ème, Fontaine au Roi 11ème, Quai de la Gare 13ème, Fort de Vaux 17ème.
1989 : Fini l’enterrement de nos Morts en France. Ce projet de Rapatriement de corps a vu le jour. Le premier rapatrié était Sallé Magassa. Malheureusement, avant cette date, beaucoup de Parents, amis, proches n’ont jamais vu les corps de leurs chers parents. Suite à cette tristesse, nous avons réfléchi et avons mis en place ce Projet valable pour tous les Ressortissants de Diawara à jour de leurs cotisations. A l’époque le coût de rapatriement était exorbitant : 35.000 FF soit 5.335 €.
Suite à une émission à la radio Africa N°1, le Directeur général des pompes funèbres m’a contacté pour faire des propositions intéressantes sur le rapatriement. J’avais accepté ses propositions. Le coût actuel est estimé entre 3.500 € et 4.000 €, en fonction du poids du corps. Depuis lors, plus de soixante villages du Sénégal, Mali et Mauritanie ont rejoint les Pompes Funèbres prestataires de Diawara nommées : Maison DULAC 75012 Paris.
Engagement syndical :
J’étais déjà syndiqué à la CGT en 1969 à la SOPAD filiale de NESTLE.
Après mon mariage en 1974, j’ai travaillé aux Magasins réunis à Place de la République Paris 11ème. Compte tenu de la conjoncture économique, je me suis inscrit à la Mairie de Paris en janvier 1977. Une semaine après la demande, j’ai été convoqué pour subir des examens médicaux.
Le 22 Février 1977, je suis embauché à la Mairie de Paris comme Eboueur dans le 3ème Arrondissement de Paris. Mes formateurs de l’époque étaient : Messieurs SIBY Harouna (Village de Dembancani) et Lafleur. Car à l’époque, les formations après embauche se faisaient plutôt en interne et sur le terrain par des anciens très expérimentés et consciencieux. En mars 1977, une importante grève éclata et sans hésiter j’ai rejoint le mouvement après mes deux semaines d’embauche, pour des revendications et la défense des acquis sociaux. A cette époque, 85% des éboueurs étaient originaires d’Afrique.
Un mois après mon embauche, j’ai été élu délégué CGT de l’Atelier 3/2 du 3ème Arrondissement de Paris.
Puis en 1979, j’ai suivi une formation au siège du Syndicat CGT à Montreuil. Le secrétaire général du Syndicat CGT Nettoiement de l’époque s’appelait Monsieur Louis HALLAI, ce dernier m’a intégré dans la Commission Exécutive par coptage.
En 1980, Monsieur Louis HALLAI a fait valoir ses droits à la retraite, il a été remplacé par Monsieur Jacky RAIDLINGER comme Secrétaire général CGT Nettoiement Ville de Paris. Un an après son mandat, il a réussi le concours d’Agent de Maîtrise, puis a été remplacé par Monsieur Jean Louis Manchecourt de 1981 à 2005.
L’actuel Secrétaire général Régis VICELLI a pris les commandes du Syndicat CGT Nettoiement.
En 1981, j’ai été intégré dans la Commission Immigrée.
1999 : Secrétaire Général Adjoint CGT Nettoiement jusqu’à ce jour, également Trésorier Paris Centre.
1994 : Secrétaire de la Sections Paris Centre 1/2/3/4/12ème Arrondissements de Paris.
1996 : Correspondant du Centre 602 de la Mutuelle Complémentaire de la Ville de Paris, avec plus de cent mille adhérents.
2008 : Siégeant au Conseil d’Administration de la Mutuelle Complémentaire, je fais partie de la Commission développement et de la Commission des Prestations et Cotisations. Egalement, Président de la huitième Section de la Mutuelle Complémentaire.
Mot de la fin
Je remercie Souaîbou KOITA, actuel Président du COREDIA et Mohamed HASSANI (Franco-Comorien) délégué Syndical CGT Ville de Paris. Je vous connais très bien. Vous êtes des gens très engagés, dynamiques et déterminés. Je vous demande de reprendre le flambeau.
Je dois mon combat et mon savoir-faire de mes aînés qui m’ont soutenu durant tout mon parcours. Je lance un appel à cette génération actuelle et aux générations futures de sortir de leur mutisme et qu’elles s’engagent dans tous les mouvements.
Ma crainte est : le Manque de Formation, d’études et la non implication de cette génération aux différents combats de la société.
Quand on s’engage dans un mouvement, on subit des critiques violentes, mais cela devra vous donner de l’énergie et du courge pour avancer dans l’intérêt de la communauté. Toutes nos luttes et tous nos engagements vont dans ce sens. Il faut rester utile pour la société…
Souaïbou KOITA
Mohamed HASSANI