Une interview de huit pages accordée par la personnalité politique préférée des français, Rama Yade, à l’hebdomadaire parisien, Jeune Afrique, révèle plusieurs facettes de la personnalité du secrétaire d’Etat chargée des Affaires étrangères et des Droits de l’homme. La jeune Rama Yade (32 ans) y informe entre autres qu’elle a renoncé à sa nationalité sénégalaise, que Youssou Ndour est son musicien préféré etc. Morceaux choisis.
RAMA YADE ET LE SENEGAL
« J’ai été sénégalaise jusqu’à 18 ans, puis j’ai acquis la nationalité française, entre autres raisons pour pouvoir passé mon baccalauréat. Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas conservé la double nationalité ».
RELATIONS AVEC LES CHEFS D’ETAT AFRICAINS
Je n’ai pas de relations personnelles avec aucun chef d’Etat. Qu’ils soient africains, asiatiques, américains, européens. Même avec le président Wade. Même si en théorie rien ne l’interdit quand un dossier diplomatique l’exige, je n’ai pas encore eu un chef d’Etat au téléphone.
DISCOURS DE DAKAR
J’ai lu à peine une page du discours de Dakar dans l’avion. Les ministres n’ont pas vocation à relire les interventions du président. Il y a eu des malentendus malheureux que le président ne souhaitait pas. Il a été durement critiqué alors que son intention n’était pas de blesser quiconque. D’ailleurs, le discours du Cap qui a suivi a été l’occasion de préciser sa pensée et l’esprit du partenariat qu’il proposait aux africains. Vous ne m’entendrez donc pas participer à ce faux procès. Pour le reste, je n’ai aucune leçon d’africanité à recevoir. Pas même de Jeune Afrique.
LA COLONISATION
La colonisation a été un mal pour l’Afrique. Je n’ai pas vécu la période coloniale. Je suis née en 1976 et je ne me permettrais pas de récupérer les douleurs historiques que d’autres ont subies dans leur chair. Mais la mémoire de la colonisation est si forte qu’elle a marqué les plus jeunes générations. Si je ne supporte pas l’humiliation, c’est aussi en raison de ce passé douloureux. Vous savez, il faut venir de très loin en termes de réflexion personnelle pour en arriver là ou j’en suis.
SES RAPPORTS AVEC L’AFRIQUE
Je suis née sur ce continent. Il me suivra partout où j’irai. La culture africaine fait partie de mon histoire. Ce combat-là, je le mènerai donc à chaque fois que ce sera utile. Le continent est perçu d’une façon qui n’est pas objective. L’afro pessimisme est tel que l’on a le sentiment que rien de positif ne s’y passe. Or, l’Afrique fait preuve d’une vitalité incroyable. Même ce que l’on appelle avec beaucoup de dédain l’économie informelle est le signe d’une capacité à réinventer l’économie de tous les jours. Ce dynamisme, rares sont ceux qui le mettent en valeur. Alors oui, il faut valoriser cela, il faut dire que les Africains réalisent des « success stories ». Et que l’Afrique est un continent porteur d’avenir et de promesses
GOÛTS MUSICAUX
"Youssou Ndour. C’est un monument. J’ai grandi au son de sa musique et de sa voix inimitable, comme beaucoup de Sénégalais de l’époque. Aujourd’hui, je le retrouve dans les combats qu’il mène pour la solidarité internationale".
source nettali