Les africains sans-papiers vivant en France n’en peuvent plus. «Ils sont victimes de spoliations sur les cotisations sociales à hauteurs de deux milliards d’euros par an alors qu’en retour ils ne bénéficient d'aucun droit». Dans une correspondance parvenue à Pressafrik.com, et signée par une vingtaine d’associations de sans-papiers, ils étalent de long en large toutes les tracasseries dont ils sont victimes. Pour protester contre tout cela, les sans-papiers africains de France vont manifester devant l’ambassade du Sénégal à Paris le mardi 3 mars prochain à 13h. Ils exigent l’arrêt des expulsions, la régularisation des travailleurs sans papiers et la récupération des droits pour tous.
En France, les sans-papiers des différents pays africains sont excédés. Ils ont décidé de refuser et de dire non aux brimades et surexploitations dont ils sont victimes. Ne pouvant plus quitter le territoire français sous peine de n’y pouvoir revenir, «les travailleurs et travailleuses africains sans-papiers se sont retrouvés piégés dans l’hexagone depuis 1974» ont indiqué des documents signés par les différentes associations de sans-papiers parvenus à la rédaction de Pressafrik.com. Ils ont précisé qu’ils vivent dans «la clandestinité, la peur et le harcèlement policier, travaillent dans la précarité, la pénibilité, la flexibilité, la surexploitation. Concernant leur statut, ils n’ont pas de cotisations sociales et sont des travailleurs taillables et corvéables à merci avec des CDI (Contrats à durée indéterminée), CDD (Contrats à durée déterminée) ou intérim renouvelés avec des papiers incomplets ou des faux papiers indique la correspondance». Ces africains de l’hexagone ont vivement dénoncé le fait qu’ils sont victimes d'une discrimination notoire et risquent d'être exclus à tout moment du territoire français même en cas de maladie grave.
En plus de ces difficiles conditions d’existence, ils sont imposés, pressés comme du citron. En effet, les sans-papiers sont 400 000 présents sur le territoire français selon les chiffres émis par le gouvernement. «En supposant qu’ils soient tous au SMIC (Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance), leur versement mensuel en cotisations sociales représente environ 400€ par mois et par travailleur, soit 1,92 milliards d’euros par an pour l’ensemble d’entre eux», ont estimé leurs associations. Mais, ont-elles ajouté, «cette hypothèse, ne prend pas en compte les impôts et les salaires supérieurs au SMIC».
«Le Nord s’enrichit aux dépens du Sud»
Les prélèvements du gouvernement français sur les avoirs des sans-papiers handicapent quelque part le développement de leur pays d’origine. «Par leurs envois réguliers d’argent, les sans-papiers soutiennent financièrement leurs proches et/ou deviennent des acteurs de développement à travers la construction de puits, d’écoles, de dispensaires….», ont souligné les africaines de France. Et de faire remarquer : «aussi, ce racket de l’Etat français sur les cotisations pèse t-il sur l’économie des pays d’origine en réduisant les possibilités financières des immigrés et de leurs familles». Ils ont argumenté que «les envois dans les pays d’origine des travailleurs immigrés, avec ou sans papiers, représentent au niveau mondial environ 3 fois les sommes versées par les pays développés au titre de l’Aide Publique au Développement (APD)». Ce qui fait dire aux signataires des correspondances que grâce à ce racket le Nord s’enrichit aux dépens du Sud.
Les «injustices» de l’Etat français
Ces africains de l’hexagone ont, en outre, indiqué que «malgré tout, ils payent la TVA (Taxe sur la Valeur Ajoutée) même s'ils n'en bénéficient pas du tout. Et même en cas d’expulsion du territoire, ces cotisations ne sont pas payées». Et de préciser : «les années de cotisations antérieures à la régularisation ne sont jamais prises en compte pour ceux qui parviennent à obtenir la régularisation». Last but not least, «ces travailleurs sans-papiers vivant en France ne perçoivent même pas les indemnités auxquelles tous les travailleurs ont droit. Et parce que sans-papiers, ils ne peuvent ou n’osent malheureusement pas saisir l’inspection du travail. Le patronat bien au courant de tout cela ferme les yeux».
En revanche, ils ont décidé de tirer un trait sur tout cela. Les sans-papiers africains sortent de leur mutisme et sont décidés à croiser le fer avec le gouvernement français afin que toutes ces injustices cessent. Il est prévu un grand rassemblement au consulat du Sénégal à Paris le mardi 3 mars prochain. Tous les sans-papiers africains de toutes les nationalités sont invités à prendre part à cette manifestation. Cette action vise trois objectifs: "l’arrêt des expulsions, la régularisation des travailleurs sans papiers et la récupération des droits pour tous".
Parmi les signataires de ces documents, on peut noter : l’Association Malienne des Expulsés (AME), Collectif CGT sans-papiers Cannes, Mouvement des Quartiers pour la Justice Sociale (MQJS), Parti Communiste Français, Parti Communiste des Ouvriers de France (PCOF), Stop Précarité, Association des Tunisiens en France (ATF), Parti Communiste Français, Les Verts, entre autres.
Auteur: Awa DIEDHIOU