L'année 1960 fut dans la presque totalité du continent africain une année d'enthousiasme accompagnant la fin de plusieurs siècles de domination et d'exploitation économique des peuples colonisés d’Afrique au sud et au nord du Sahara. Les Africains, par la même occasion, venaient de découvrir la liberté dont ils n'avaient pas droit. Cependant, très vite, dans la décennie qui suivit l'euphorie des indépendances les populations furent déchues par les dictateurs sans scrupules qui ont remplacé les colonisateurs blancs.
Le peuple mauritanien, en effet, n'avait pas fait exception à la règle. Quelques années après la proclamation solennelle de notre indépendance par le "père de la nation", Moctar Ould Dadah, le pays s'était retrouvé, durant plus de deux décennies, aux mains des dirigeants qui se préoccupaient très peu (ou pas du tout) de l'intérêt général de la nation. Cette situation ne pouvant pas s'éterniser, les militaires ont décidé d'intervenir pour instaurer un régime "démocratique" permettant aux civiles de prendre en main leur destin. Maouya fut chassé du pouvoir laissant la place, après une brève période de transition, à Sidioca.
A son arrivée à la tête de la magistrature suprême de l’Etat mauritanien, les choses semblaient enfin bouger du bon côté. Ce qui n'était pas possible sous la dictature de Taya commençait à l'être. Les Mauritaniennes et les Mauritaniens découvraient par la même occasion ce que vraiment être libre. Personne dans ce pays, ne s'inquiétait des conséquences de ce qu'elle pourrait dire dans les médias nationaux ou internationaux. Des sujets qui étaient tabous ne les étaient plus : tout se discutait au grand jour.
Tout cela était de fait un bon signe prouvant que la "construction" d'une Mauritanie nouvelle et démocratique était possible, après plusieurs années de désolation et d'injustices sociales. Les citoyennes et les citoyens de notre pays étaient désormais résolus d'en finir avec le passé douloureux jalonné de dictature et d’étouffement de la pensée, et tourner leur regard vers le futur afin d’envisager la naissance de la Mauritanie de demain qui serait composée des citoyens conscients de leurs responsabilités envers eux-mêmes et envers la nation. Ils avaient compris qu’il n’était plus permis de s’attarder sur les erreurs de ce passé s’ils voulaient réellement voir émerger la Mauritanie qu’ils voulaient pour leurs enfants. Ils devaient pour cela apprendre à se tourner vers l'avenir comme l'ont fait certains peuples dans l'Histoite.
En France, par exemple, du Moyen Age au VXIII siècle, le peuple était constamment placé sous l'autorité injuste de l'Eglise et des rois prétendant être les représentants de Dieu sur terre. Cependant, en 1789, les citoyens qui en avaient marrent ont décidé de changer le cours des choses : c'est la Révolution française. Le peuple arracha le pouvoir des mains de ses oppresseurs, et la vie a continué son chemin. Plus près de nous, en Afrique du Sud une partie de la population a souffert pendant plusieurs décennies de l'apartheid. Après plusieurs années de combat et de résistance, la justice a retrouvé ses droits et la vie a repris son cours. Notre pays pourra faire autant. Nous ne devons jamais rater l'occasion qui nous est offerte dans quelques jours pour élir celui qui doit présider à notre destiné. Nous devons conjuguer tous nos efforts pour dire non, barrer la route à l’instauration d’un régime militaire à visage voilé. Nous savons que la candidature de M. Aziz n’augure rien de bon pour notre pays. Il est de notre responsabilité de faire savoir que nous ne voulons plus d’un pouvoir militaire. C’est la seule garantie pour l’émergence d’une Mauritanie nouvelle et démocratique.
SOUMARE Zakaria Demba
SOUMARE Zakaria Demba