La journée de la renaissance scientifique de l’Afrique a servi de cadre aux universitaires du continent pour dénoncer la faillite des élites à mettre l’économie de l’Afrique sur les échangeurs de l’émergence. L’économiste Moustapha Kassé, président fondateur de l’école de Dakar a indiqué à Dakar que l’une des contraintes majeures qui bloquent le développement de l’Afrique est la faiblesse et la faillite des élites. « Comment vous expliquer le paradoxe africain ? Un continent qui regorge d’un potentiel inestimable de ressources naturelles et une Afrique très pauvre », a déploré le Pr Kassé. Au cours de son exposé sur le thème « analyse économique des atouts et contraintes des ressources minières, pétrolières et gazières dans la part de l’Afrique dans le commerce international », l’économiste a révélé que de 1960 à nos jours, le continent africain a reçu entre 3000 et 4000 milliards de dollars en termes de fonds -supérieurs au Plan Marshall- sans pouvoir se développer.
En outre, le continent africain détient 30% des réserves mondiales prouvées, 89% des réserves mondiales pour le platine, 81% pour le chrome, 61% pour le manganèse, 30% pour la bauxite et 40% pour l’or. Sa production de diamant est estimée à 50% de la production mondiale, 15% pour la bauxite, 25% pour l’or et 20% pour l’uranium et assure 11% de la production de pétrole mondiale.
Dés lors, argue le Pr Kassé : « le problème de l’Afrique n’est pas un problème d’argent, mais plutôt un problème d’élite caractérisé par l’absence d’une vision stratégique, la faiblesse persistante et la mauvaise qualité des Etats, les piteuses institutions et de gouvernance, la trop médiocre qualité des réglementations économiques qui entraînent le niveau élevé de la corruption et de la concussion ». Pour sa part, l’ancien ministre des mines Alassane Dialy Ndiaye s’est insurgé contre le manque de leadership et de vision à long terme partagée des élites bien que l’Afrique soit abondamment pourvu de ressources minières et énergétiques même si les africains ont peu profité de cette richesse avec la pauvreté de masse, le chômage, la fragilisation du secteur agricole, la paupérisation et l’exode vers les villes.
Les universitaires souhaitent ainsi évaluer l’efficacité des régimes miniers qui sont actuellement en place et procéder à leur renégociation, élaborer des codes et des directives miniers sur les droits et les obligations des sociétés transnationales par l’amélioration de la gouvernance, la transparence, la gestion de l’environnement et la protection sociale dans l’exploitation des ressources minérales sur le continent en mettant en place des mécanismes qui garantissent l’équité inter- générationnelle : fonds en faveur des générations futures.
Mais, avertit toujours le Pr Kassé : « tant que nous aurons une élite issue d’une occidentalisation totalement grotesque et ratée, l’Afrique ne se développera jamais ».
Maké DANGNOKHO
Source Le Soleil