Sécurité alimentaire - L’ambition du président de la République d’atteindre les 100 000 tonnes de stock de céréales à l’horizon 2012 n’est certes pas encore à portée de main, mais au vu de l’évolution du stock national et des mesures constamment initiées par le gouvernement, les partenaires techniques et financiers (PTF) et le Commissariat à la sécurité alimentaire (CSA), elle est largement faisable.
A la date du vendredi 9 mai 2008, le total des stocks céréaliers de l’Etat affichait 54 475,597 t.
Le Stock national de sécurité, constitué essentiellement de mil/sorgho (pas de riz conformément au contrat-plan Etat/OPAM) et mis en place et géré par l’Etat et les PTF, est de l’ordre de 36 366,950 t.
Quant au Stock d’intervention (SIE), géré par l’Etat et qui inclut le riz aussi, il s’élève aujourd’hui à 17 786,974 t.
A côté de ces réserves, il y a les Stocks commerciaux (SC) qui sont prévus pour les zones assez difficiles, notamment les localités qui ne sont pas des zones de production. Dans ce cadre, 318,7 t sont mises de côté pour les localités de Kayes, Gao, Kidal, Ansongo, Ménaka, Rharouss, Niafunké, Diré et Goundam.
Plusieurs mécanismes existent pour avoir des stocks de céréales. Et le CSA est très actif dans ce sens.
L’année 2004 a été marquée un cumul d’événements malheureux pour le Mali: crise ivoirienne, invasion acridienne, mauvaise pluviométrie, chute du cours du dollar, hausse du prix du baril etc. Du coup, le Stock national de sécurité qui était de 35 000 t s’est avéré insuffisant. L’Etat a alors demandé aux PTF d’aller à 70 000 t. Mais vu l’urgence de la situation, l’Etat a mis en place son propre stock pour parer à toute éventualité.
En outre, on sait que la production de riz est insuffisante pour les besoins de consommation nationale. Il arrive donc qu’après accord du gouvernement, le CSA fasse des prêts bancaires et achète du riz pendant la période de soudure pour le mettre sur le marché. A la date du 9 avril 2008, le Commissariat avait fait venir 6 073,950 t sur une prévision de 19 500 t.
Le CSA a aussi la situation des stocks au niveau des importateurs.
Par ailleurs, le principe de la distribution gratuite est admis dans certains cas. Dans les situations de sinistre ou de calamités naturelles, le taux est de 100 t, renouvelable en cas de nécessité.
Egalement, sur recommandation du SAP (Système d’alerte précoce), on procède aux distributions gratuites dans les zones où les récoltes ont été mauvaises.
Mais, selon Samba Dolo, chargé de programme au Commissariat à la sécurité alimentaire, de plus en plus, la politique du CSA, c’est de mettre fin aux distributions gratuites, mais d’aller vers des solutions alternatives.
L’une de ces solutions, c’est la mise en place des Banques de céréales (BC) au niveau des 703 communes du Mali. La dotation initiale à la commune est gratuite, mais pas pour être distribuée ou mangée. C’est pour permettre aux communes, pendant la période de soudure, de vendre à un prix raisonnable aux paysans. L’autre avantage, c’est de contrecarrer la spéculation souvent imposée par certains gros paysans qui ont volontairement mis de côté des céréales.
La première dotation est de 20 t ; les dotations suivantes varient de 10 à 50 t, en fonction du nombre de la population de la commune.
Samba Dolo propose que les BC, les SNS et le SIE soient fondus en un seul stock pour accélérer l’atteinte des 100 000 t du PDES. La réflexion est en cours.
En attendant, la Commissaire à la sécurité alimentaire, Lansry Nana Yaya Haïdara, vient de boucler les concertations régionales sur la problématique des banques de céréales. La situation n’est pas reluisante dans plusieurs régions. Mais, d’une manière générale, au niveau de toutes les zones, les BC veulent s’ériger en réseaux (locaux et régionaux), un système dans lequel les zones de production pourraient ravitailler directement celles déficitaires.
La concertation nationale, prévue bientôt à Bamako, bouclera la boucle des banques de céréales.
La deuxième solution à la distribution gratuite des céréales, c’est la promotion des périmètres irrigués, maraîchers. De 2004 à 2008, le CSA a mis en place 17 périmètres irrigués de 25 à 35 ha chacun financés avec l’appui du PRMC (Programme de restructuration du marché céréalier) : 10 se situent dans la région de Gao, 5 à Mopti et 2 à Tombouctou. Samba Dolo regrette seulement le fait que le CSA n’a pas assez de moyens pour aménager toutes les surfaces souhaitées. Mais, il arrive souvent que les populations elles-mêmes multiplient les surfaces allouées à elles pour augmenter leurs rendements.
Sékou Tamboura
L'Aube du 12 mai 2008