C’est « grelottante dans des vêtements trempés et sans ses parents » que les secouristes espagnols ont découvert une fillette de quelques mois parmi les occupants d’un canot gonflable parti du Maroc pour rejoindre l’Europe dans la nuit du 12 août, raconte le journal El Pais.
L’arrivée d’enfants sur les rivages du sud de l’Espagne n’est pas rare. Parmi les onze migrants présents dans l’embarcation de fortune, il y avait deux autres bébés, et deux femmes enceintes. Mais pour la première fois, la fillette est arrivée seule. Sans papiers et sans parents. « Je l’ai prise dans mes bras pour la sortir du bateau et quand tous les autres sont descendus, nous avons réalisé qu’elle était seule », a raconté une bénévole de la Croix-Rouge au quotidien La voz de Galicia.
Pendant plusieurs jours, le bébé de 11 mois, dont le sort émeut l’Espagne, a été appelée « Princesse », car « les bénévoles et les secouristes refusaient de la rebaptiser ». El Pais, alors fataliste, considérait que la petite allait « se retrouver dans un centre de rétention pour enfants ».
Rapidement, « les autres occupants du bateau ont raconté que la famille du bébé avait essayé de monter dans l’embarcation mais qu’une altercation avec les gendarmes marocains les en avait empêchés », relate le quotidien La Razón dans l’un des nombreux articles consacrés par la presse espagnole à celle dont « le visage est devenu l’incarnation de la crise ». Le bateau était finalement parti sans eux.
Le 18 août, ses parents ont finalement pu être localisés et « Princesse » – exceptionnellement placée en famille d’accueil – a retrouvé son nom : Fatima. Mais l’histoire ne s’arrête pas là pour autant. Le couple, une Sénégalaise de 33 ans et son époux originaire de Gambie, « est entré de manière illégale sur le territoire marocain », comme la grande majorité des candidats à la traversée du détroit de Gibraltar. Et cela, souligne El Pais, rend la procédure de regroupement familial « extrêmement compliquée ».
Selon le quotidien, « c’est maintenant le gouvernement qui a le dernier mot pour solliciter le rapatriement de Fatima vers le Maroc ou, surtout, pour permettre aux parents de Fatima de rejoindre l’Espagne ».
Face à ce « billard administratif compliqué à plusieurs bandes », le journal évoque néanmoins la possibilité que « les parents tentent une nouvelle fois la traversée ». En 2012, au moins 225 migrants avaient trouvé la mort en essayant d’effectuer les 15 km qui séparent le Maroc des côtes du sud de l’Espagne, sur des bateaux de fortune.