Je ne sais pas si je retravaillerai un jour à l'Hyper Cacher. Pour le moment, c'est un peu trop dur mais, en même temps, ne pas travailler n'est pas facile", explique-t-il au quotidien. Le 9 janvier dernier, durant l'attaque de l'épicerie par Amedy Coulibaly, le jeune employé avait caché plusieurs clients dans la chambre froide avant de réussir à s'enfuir pour aider la police.
Malgré le traumatisme, Lassana Bathily regrette son quotidien au supermarché de la Porte de Vincennes. "Ça me manque. Il y avait une tellement bonne ambiance", se souvient-il. Le Figaro précise qu'il est repassé "rapidement" à l'Hyper Cacher après sa réouverture, le 15 mars.
Honoré de Paris à Los Angeles
Depuis ces événements, la vie du jeune homme a basculé. Arrivé en France en 2006, Lassana Bathily a obtenu ses papiers français des mains du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, le 20 janvier dernier, lors d'une cérémonie récompensant son acte de bravoure. "Il y a des musulmans qui m'appellent ou qui m'écrivent pour me féliciter d'avoir sauvé des gens. Moi sur le moment, j'ai juste aidé mes collègues et mes clients. Ce n'est qu'après, avec la télévision, les journaux, que j'ai réalisé avoir fait quelque chose de bien", a-t-il confié au Parisien Magazine.
Puis il est retourné au Mali, son pays d'origine, où il a passé six semaines. Accueilli par le président Ibrahim Boubacar Keïta, il a ensuite séjourné dans sa famille, dans le village de Samaba Dramané (ouest du Mali). "Il était important qu'il reçoive la 'bénédiction' des siens", explique au Figaro la jeune femme qui s'occupe de sa communication. Lassana Bathily compte profiter de sa récente notoriété pour imaginer "des projets d'aide pour sa communauté, comme la construction d'un château d'eau".
De retour du Mali, le jeune homme s'est rendu à Los Angeles, où il a reçu la médaille du courage au Centre Simon-Wiesenthal. "C'est un honneur et un plaisir de venir aux États-Unis pour la première fois. Tout le monde rêve de venir en Amérique. C'est un grand pays. Je suis allé au parc Universal Studio, je me suis beaucoup amusé et comme j'adore le cinéma...", a-t-il ajouté au Parisien Magazine.
Un héros très discret
En France aussi, Lassana ne passe plus inaperçu. On le reconnaît dans la rue, on le félicite. Mais le jeune homme n'a pas les chevilles qui enflent. "Rien ne lui est monté à la tête". Ni les "40 appels par heure" après les attentat, ni l'exposition médiatique. Il aurait même reçu de nombreuses propositions de travail ou de logement, selon son entourage. "Il reste souriant, pudique", assure Denis Gouzerh, directeur général du Centre de logement des jeunes travailleurs où vit le jeune homme depuis deux ans.
"C'est un cadre agréable, rassurant où il peut réfléchir tranquillement", poursuit-il. Car Lassana pense beaucoup à son avenir. "Il hésite. C'est normal. Il est à la fois soucieux de se former, d'améliorer son français, peut-être d'apprendre l'anglais", précise Denis Gouzerh. En attendant, il prévoit d'organiser un dîner au foyer pour remercier ses amis de leur soutien.
Lefigaro