987 foyers vivent là, sur une quinzaine d’hectares, dans ce quartier nouvellement crée sur le site de l’ancien aéroport de Kayes, la première région administrative du Mali, située à environ 600 kilomètres de la capitale. L’endroit a la particularité d’être le domaine des immigrés, des Maliens de l’Extérieur. Son responsable, Bancoury Kouma, lui même immigré de son Etat, est fier de l’initiative. Ce ne sont, malheureusement pas les problèmes qui manquent ici.
Benkunda en langue nationale Bamanan signifie, « lieu de rencontre de l’entente », ou plus simplement, la cité de la paix et de la concorde. Elle compte aujourd’hui 1514 âmes, tous issues de l’immigration ou fils d’immigrés maliens de la France et plus particulièrement des villes des Bagneux et de Montreuil.
M Bancoury Kouma, se garde de se faire appeler chef. Il préfère l’appellation « Responsable de quartier ». « C’est en 1992, explique-t-il, que nous avions entamé les démarches en vue de créer ce quartier. Le président de la République au moment des faits, Alpha Oumar Konaré, lui-même ressortissant de Kayes, a suggéré d’en faire un titre foncier. Ainsi dit, ainsi fait. Nous l’avions acquis à hauteur de 140 millions F CFA. Chaque immigré a payé la somme de 375.000 F CFA. Et comme vous pouvez le constater, de nombreuses familles ont déjà emménagés ».
L’enthousiasme de M Kouma est cependant freiné par le manque d’intérêt ou presque, que les autorités régionales accordent à sa cité. Bien que les frais de viabilisation aient été entièrement payés depuis l’acquisition des parcelles, aucun aménagement, aucune infrastructure municipale n’a été jusque là effectuée. Pas d’eau, pas d’électricité. La « cité de la Paix et de la Concorde » vit dans l’obscurité et la secheresse propre à cette région. Un baril de 200 litres d’eau revient à 1.000 F CFA à payer ou à laisser ! « Ce sont les Mairies de Bagneux et de Montreuil qui nous viennent en aide en nous fournissant les équipements de voirie et même de l’argent pour notre insertion » indique Bancoury Kouma.
A Benkunda, malgré le manque d’intérêt des pouvoirs publics kaysiens, l’on se garde pourtant d’être rancunier. A preuve, le « responsable du quartier » vient de mettre à la disposition de la ville, un centre d’animation pour les besoins de la Biennale artistique et culturelle qui doit se tenir dans la région en novembre prochain.
En attendant, une grande festivité a regroupé, courant première semaine du mois de mars, tous les immigrés de la région pour l’investiture, non du chef, mais du responsable du quartier Benkunda. L’initiative de ce quartier, une première dans l’histoire des immigrés du monde entier, doit être vivement encouragée. Les autorités locales, régionales et nationales doivent s’acquitter de leurs devoirs.
B.S. Diarra
Envoyé Spécial à Kayes
Source : maliweb.net