Jeunes mauritaniens de Sélibaby, maliens de Kayes, sénégalais de Tambacounda, guinéens de Boké, bissao guinéens de Gabou ont retrouvé, ce 23 décembre en Gambie, leurs camarades du pays de Yaya Jammeh pour une bonne semaine d’olympiades dans le cadre de la Safra (semaine de l’amitié et de la fraternité). Cette 21e édition de ces festivités avait pour thème : « l’émigration clandestine dans le contexte de la sous-région ».
Des experts venus des six villes membres de l’organisation vont plancher, ce 26 décembre sur : « l’émigration clandestine dans le contexte de la sous-région ». Les recommandations seront déposées sur les tables des chefs d’États des pays concernés. Seulement, la première journée a été marquée par de nombreux couacs notés dans l’organisation et qui font que des jeunes Tambacoundois ont donné de la voix pour fustiger la méthode. La ville de Bassé s’est avérée trop petite pour abriter les festivités de la 21e édition de la Safra (semaine e l’amitié et de la fraternité). Plus d’un millier de jeunes venus des six villes membres que sont Sélibaby, Kayes, Tambacounda, Boké, Gabou et Bassé se sont retrouvés pour une semaine, en vue des compétitions sportives et culturelles, avec comme activité phare cette année, la tenue d’un symposium sur « l’émigration clandestine dans le contexte de la sous-région ».
Malgré les chapes de plomb balancées sur le stade régional de Bassé entièrement à découvert, une foule inestimable de gambiens a tenu à ne pas se faire raconter la cérémonie d’ouverture tenue ce 24 décembre sous la présidence de M. Mass A Gai, ministre gambien en charge des questions de jeunesse et de sports. Non, parce qu’il y avait simplement la présence de bon nombre de hautes autorités de la sous-région, mais du fait des multiples facettes de la cultures africaine exhibées par les troupes folkloriques et de théâtre.
Dans son adresse à l’assistance, le ministre gambien de la jeunesse et des sports n’a pas manqué de magnifier la pertinence du thème qui porte sur l’émigration clandestine. M. Gaye a soutenu qu’elle est devenue un des fléaux des temps modernes pour le continent noir en général, et la région ouest africaine en particulier, qui a déjà payé un lourd tribut avec des milliers de jeunes qui ont péri en mer. Ce discours a fait vibrer la fibre patriotique de plus d’un participant avec l’invite faite aux jeunes d’œuvrer, à l’image de leurs camarades de l’Espagne, pays aujourd’hui considéré comme un paradis terrestre et qui, il y a un demi-siècle était encore peu développé. La plupart des jeunes interrogés sur le sujet ont confirmé être très sensibles à ce discours, même s’ils ont mis sur la table les mauvaises options de leurs gouvernants en termes de politique de jeunesse. « Si nous avions la possibilité de créer de grandes entreprises agricoles avec des circuits professionnels de commercialisation après différentes sessions de formation adaptées à nos réalités, ce serait bien. Nous avons aussi la possibilité avec nos potentialités minières et forestières de déplacer des montagnes si les choses se font dans les règles de l’art et dans le seul intérêt qui vaille, celui des populations ». C’est ce qu’avait lancé, avec un air teinté d’une jovialité, le jeune Guinéen de Boké Mohamed Bâ. « Nous avions du mal à comprendre ». Un symposium dont les conclusions sont tant attendues par les populations de la sous-région, animé par des experts des villes membres de la Safra se tiendra ce mercredi et il devra porter sur « l’émigration clandestine dans le contexte de la sous-région ».
Beaucoup de couacs dans l’organisation
Des artistes comédiens de Tambacounda ont été les premiers à ouvrir une brèche, en marge de la cérémonie d’ouverture, pour protester contre les conditions de voyage et d’accueil. De l’avis de Mohamed Bâ et Kalidou Diallo encadreurs de la troupe de théâtre, « quitter tardivement Tambacounda n’est pas sécurisant et bien pour les jeunes. Nous sommes arrivés vers trois heures du matin et nous n’avons trouvé personne pour nous accueillir et nous orienter. Il a fallu que notre responsable M. Sall mette la main à la poche pour nous trouver de quoi manger et le lendemain de bonne heure, on nous signifiait que nous devons être au stade pour les besoins de l’animation de la cérémonie d’ouverture ». Et d’estimer : « voyager dans les conditions qui ont été les nôtres, mal dormir et enchaîner avec des activités, vous conviendrez avec nous qu’il y a nécessairement des choses à revoir ».
Même son de cloche pour Adama Touré qui s’est étonné du fait que : « depuis 21 ans, on prend les mêmes et on recommence. Les mêmes problèmes refont surface sans solution. Mon intime conviction est qu’il faille opérer une véritable révolution afin d’opérer un saut qualitatif vers l’intégration effective des peuples à travers la Safra ». D’ailleurs, beaucoup de tambacoundois s’interrogent sur l’intérêt de la présence à ces festivités de vieux conseillers municipaux qui se tapent des indemnités de la municipalité pour s’atteler à autre chose que les mutations tant souhaitées par les jeunes au profit des populations de la sous-région. Pendant ce temps, leurs responsables attitrés séjournent dans des conditions qui frisent l’imagination. Jusqu’à 18 h, ce mardi, le président du Conseil départemental de la jeunesse de Tambacounda ne savait pas où se donner de la tête. Il avait envisagé de replier sur Tambacounda. Une situation qui n’avait pas épargné son camarade du Conseil communal ainsi que celui du Conseil municipal responsable de la jeunesse qui cherchaient désespérément quelque chose à mettre sous la dent.
L’amateurisme ou la négligence coupable des membres du comité d’organisation fait que le gouverneur adjoint en charge des questions de développement a effectué un voyage pratiquement inutile. Il est arrivé bien après la cérémonie d’ouverture programmée pour 16 h au sortir de la dernière réunion de coordination tenue à Kayes, soulignent des sources dignes de foi. Outre le symposium prévu le 26 décembre, même le programme des activités de la 21e édition n’était pas disponible au premier jour. Des membres de l’équipe de coordination cherchaient encore leurs homologues gambiens dans ce dessein.
Pour un changement d’orientation
La plupart des jeunes qui ont accepté de se prêter à nos questions sont du même avis : avec plus de 20 ans d’activités, la Safra aurait pu être institutionnalisé et se débarrasser du joug des différentes municipalités. Ils pensent que cette rencontre aurait pu évoluer, compte tenu de ses objectifs plus que salutaires, vers une organisation non gouvernementale avec un accord de siège quelque part. Plutôt que de consacrer toute une semaine tous les ans au sport et à la culture, les participants interpellés ont plaidé pour une évolution vers la création de foires durant lesquelles les opérateurs économiques des villes et pays membres auront un cadre annuel d’échanges et de concertation en vue la création de marchés beaucoup plus étendus. A cela s’ajoutent, la nécessité d’étudier et de mettre en place des cadres appropriés pour la formation et l’insertion des jeunes dans tous les secteurs d’activités. Une disposition devant permettre aux jeunes Tambacoundois de pouvoir bénéficier d’opportunités dans chaque ville membre vice-versa.
Que le commerçant mauritanien de Sélibaby puisse trouver des marchés dans toutes les villes membres selon un programme et un dossier bien ficelés par l’instance dirigeante et le comité des experts dont le travail ne doit pas simplement se limiter à élaborer de belles et savantes formules jamais suivies. Les participants estiment qu’il faut que, à des niveaux beaucoup plus élevés (Cedeao, Uemoa), des passerelles soient établies et maintenues pour aider les initiateurs de la Safra à réaliser leur rêve surtout dans ce contexte des Ape. Un débat qui, de l’avis de certains, mérite d’être posé dans les six villes membres sur la nécessité d’opérer des ruptures et donner ainsi à la Safra une autre orientation où les farces de très mauvais goût sont renvoyées aux calendes grecques.
Par Boubacar TAMBA
Source : SudOnline.sn