L'explosion depuis plus d'une vingtaine d'années maintenant du nombre de travaux historiques portant sur les femmes ou « le genre » n'a touché que tardivement le continent africain. Les chercheurs anglophones ont amorcé cependant un mouvement qui ne cesse de susciter de nouvelles recherches. Cette réflexion, à la croisée de l'histoire des missionnaires, de l'histoire des femmes et de l'histoire coloniale, a profondément renouvelé les connaissances et la compréhension de la place des femmes dans des sociétés à la fois patriarcales et coloniales. Curieusement, étant donné la façon dont l'éducation structure les sociétés et les mentalités, l'éducation des filles en Afrique noire est un sujet qui n'est développé que depuis peu dans l'historiographie de la période contemporaine, la plupart du temps dans une forme encore inédite. Les sociétés missionnaires et les congrégations religieuses s'intéressent pourtant de manière précoce au sexe féminin. Les femmes « invisibles », soeurs ou épouses de missionnaires protestants, offrent souvent aux filles ou femmes africaines évangélisation, éducation, et soins de santé.