Ce terme, du point de vue sémantique, traduit à la fois une négation et une affirmation. La négation : il n' y a pas de dieu ; l'affirmation : si ce n'est Allah. Cette attestation de foi islamique traduit l'idéal vers lequel tout musulman doit, sa vie durant, tendre.
Dans son ouvrage qui s'intitule Aspects du monothéisme islamique, paru aux Éditions de Tawhid à Lyon en 1998, le penseur musulman Hani Ramadan déclare, à propos de cette profession de la foi musulmane, que c'est :"l'idéal le plus haut que ni le temps, ni la vieillesse, ni même notre mort ne parviendront pas à user. [c'est] celui pour lequel nous avons été crées, et vers lequel nous devons tendre corps et âme..." (p106).
Ce terme donc, une fois prononcé avec conviction et certitude, recommande au fidèle, homme et femme, la condamnation sans appel de toute forme de shirk (polythéisme) à la divinité d'Allah. Rien, de fait, dans les sept cieux, sur la terre (sous la terre), dans les eaux ne mérite qu'on lui voue un acte de dévotion. Dans le Coran, Texte révélé graduellement à Muhammad (SAW) au VII siècle par l'intermédiaire de l'ange Gabriel (Jibril), nous relevons : "Allah ne pardonne pas qu'on Lui associe de fausses divinités. Il pardonne tout autre péché à qui Il veut. Associer de fausses divinités à Allah, c'est vraiment s'égarer complètement." (Coran, 4 :116).
Le professeur Hani Ramadan, en commentant ce verset, affirme que : " cette forme de polythéisme qu'Allah ne pardonne pas est de quatre sortes :
le fait d'invoquer une fausse divinité ou un "saint". Le Coran en parle en ce terme :"Quand ils (les polythéistes de La Mecque) prennent un bateau, ils invoquent Allah sans rien Lui associer dans leur adoration et dans leurs prières. Une fois qu'Il les a sauvés en les ramenant sur la terre ferme, voilà qu'ils redeviennent idolâtres."(Coran, 29 :65) ;
le shirk au niveau de l'intention et de la volonté. Dans ce cas de shirk, l'homme agit uniquement en vue des biens de ce monde ;
le shirk au niveau de l'obéissance. Il consiste à se soumettre à des ordres qui sont contraires à la loi divine. En matière de droit, comme au niveau de l'enseignement religieux et du culte, seule est reconnue l'autorité d'Allah et de Son prophète, comme le confirme ce verset coranique "et obéissez à Allah et à Son prophète." (3 :132).
La foi islamique rejette donc catégoriquement toutes ces formes d'associationnisme. Le sens de notre foi, c'est :
- soumettre notre âme et notre corps à la seule volonté d'Allah ;
- lutter contre nos passions qui, il est vrai, sont la cause de toutes nos déviations du droit chemin. Dans la mesure, précisément, où c'est sous le feu ardent de celles-ci que l'homme est porté par l'amour des biens de ce monde, se détourne de sa vocation essentielle qui est l'adoration exclusive de son Créateur, tombe nécessairement dans de faux cultes (l'idolâtrie).
Or qui n'adore pas Allah adore inévitablement une idole. Cette idole pourrait être sa propre passion. Le Coran, d'ailleurs, appelle la passion de l'homme dieu (al-hawâ) qui vient prendre la place réservée à Allah dans le cœur de l'être humain :"ne vois-tu pas celui qui a pris pour dieu sa passion:", (Coran, 52 :43).
Le sens de notre foi, c'est, en d'autres termes :
- lutter contre toute forme d'orgueil, d'ostentation comme, hélas, nous pouvons le constater aujourd'hui dans les sociétés musulmanes en général et soninké en particulier. De fait, un coup d'œil si rapide soit -il sur nos sociétés suffit aujourd'hui pour nous rendre aisément compte que désormais nous ne faisons plus rien en vue d'Allah. Les dons que nous faisons lors de nos mariages et nos baptêmes, les gestes que nous accomplissons lors de nos deuils montrent que de plus en plus nous nous éloignons de la vraie nature de la foi islamique.
L'ostentation, de fait, est une forme de shirk qui est placée dans le cadre de shirk al-açaghar, littéralement : le polythéisme mineur ou le moindre polythéisme. Dans un hadith authentique, le prophète Muhammad, en s'adressant à ses compagnons, déclare :"ce que je crains le plus en ce qui vous concerne, c'est le moindre polythéisme" ; on l'interrogea à ce sujet "c'est, répondit-il, l'ostentation" (rapporté par Ahmad Ibn Hanbal).
Le sens de notre foi, c'est :
- lutter contre la pauvreté. Nous ne pouvons pas prétendre vivre dignement notre foi dans un monde où une grande partie de la population crève de faim et de soif, quand l'autre partie baigne dans le luxe, le gaspillage et la corruption ;
- lutter contre l'analphabétisme, l'illettrisme, le chômage...
Le sens de notre foi, c'est enfin nous engager sans réserve dans la vie sociale, politique et économique de notre pays pour plus de justice, de démocratie, de liberté. Aujourd'hui, pour l'intérêt de notre foi nous devons constamment être vigilants et prêts à nous opposer à toute forme de drames et de misère qui viendraient accabler le quotidien de nos concitoyens.
SOUMARE Zakaria Demba