Le Français Mokobé et le Sénégalais Fou Malade racontent l'Afrique vue d'ici et de là-bas, égratignant les stars du genre.
Le premier est né en 1974 à Guédiawaye, en banlieue de Dakar. Le second est né en 1976 à Saint-Maurice, en banlieue de Paris. Fou Malade et Mokobé rappent aujourd'hui ensemble. Sur deux morceaux. Un sur chacun de leurs nouveaux albums respectifs. "On va tout dire", pour le rappeur sénégalais ; "Mon Afrique", pour le rappeur français.
Deux titres qui résument leurs parcours. Leurs discours. Les deux artistes ont pris le micro parce qu'ils avaient "des choses à dire". Sur la banlieue et l'Afrique, évidemment. Fou Malade vient souvent en France, mais entend rester vivre sur son continent, dans son pays, où il est incontestablement le rappeur numéro un. Mokobé, coauteur de "Tonton du bled" avec le 113, y revient souvent dans son bled, ses bleds au Mali, au Sénégal et en Mauritanie, pays de ses parents.
Deux titres qui résument leurs parcours. Leurs discours. Les deux artistes ont pris le micro parce qu'ils avaient "des choses à dire". Sur la banlieue et l'Afrique, évidemment. Fou Malade vient souvent en France, mais entend rester vivre sur son continent, dans son pays, où il est incontestablement le rappeur numéro un. Mokobé, coauteur de "Tonton du bled" avec le 113, y revient souvent dans son bled, ses bleds au Mali, au Sénégal et en Mauritanie, pays de ses parents.
Leurs racines, leurs vécus, leurs coups de gueule et leurs coups de coeur, ils les ont mis en mots et en musique. Fou Malade au côté de son musicien de grand frère. Mokobé avec son groupe d'alors, la Mafia K'1 Fry. Le succès des deux rappeurs a fait d'eux des observateurs privilégiés des relations entre artistes africains et français.
"Il y a plein de rappeurs français qui te disent 'le bled, le bled, le bled'..."
Les derniers se revendiquent souvent des terres des premiers. Mais se revendiquent seulement, déplore Fou Malade. "Il ne faut pas s'inscrire en porte-à-faux avec son discours", implore-t-il, lassé de ces rappeurs français qui disent représenter "le bas peuple" alors qu'ils vont jusqu'à refuser de rencontrer leurs homologues africains lorsqu'ils se déplacent sur les terres de leurs ancêtres :
"Il y a plein de rappeurs français qui te disent 'le bled, le bled, le bled... Nous sommes Africains, nous sommes fiers'. [...] Mais est-ce que ces gens-là pensent au bled [lorsqu'ils] s'achètent des Lamborghini, des Porsche Cayenne ?
Mokobé ne peut qu'acquiescer. Lui qui souhaiterait, à l'inverse, que les Français "tendent la main" aux Africains, à ses "frères". Surtout pas pour "leur écrire leurs textes" ou "leur donner des instrus", mais pour "qu'il y ait un vrai partenariat". (Voir la vidéo)
Le manque de collaboration entre protagonistes des deux continents ne sont, à les entendre, que le reflet de leurs sociétés. Des sociétés guidées, intoxiquées par les médias. Comme les banlieues françaises, l'Afrique souffre d'une couverture déplorable. Le positif est caché, le négatif exacerbé. Alors, ceux qui squattent le devant de la scène suivent, imitent, et donnent une vision pas moins déformée de la réalité.
"L'Afrique souffre, mais elle bouge aussi. C'est important de le préciser."
"Qui détient l'information détient le pouvoir." Fou Malade le sait et veut enrayer les biais qui faussent cette information. "Mantes-la-Jolie, c'est une Afrique intérieure." Traduction : certes, il y a des peines, mais il y aussi des joies. Il faut les montrer. Mokobé en a conscience de longue date pour son quartier d'Ivry-sur-Seine, depuis moins longtemps pour l'Afrique :
"L'Afrique souffre, mais l'Afrique, elle bouge aussi. Elle est dynamique, elle rigole, elle vit, c'est important de le préciser. [...] Moi, j'ai par exemple des amis qui sont retournés définitivement en Afrique, pour aller vivre là-bas, pour monter une entreprise, et ça c'est important. On nous parle que des gens qui font tout pour venir en France, parce que pour eux la France c'est l'eldorado." (Voir la vidéo)
Oui, il s'agit d'un discours politique. Pas de la politique politicienne menée par des hommes politiques qu'ils exècrent. Malal Almamy Talla et Mokobé Traoré, de leurs vrais noms, l'assument : pour eux, point de salut chez les dirigeants actuels. Qu'ils soient français, américains ou africains, précise bien le rappeur du 113 :
"Un chef d'Etat, c'est quelqu'un qui a le pouvoir dans les mains, qui dirige tout un peuple, toute une Nation. Son rôle à lui, il est de faire en sorte qu'on puisse avoir une vie meilleure. C'est pas de détourner des fonds, de détourner l'argent du peuple, de plonger le peuple dans la famine, dans la misère, de le pousser jusqu'à la mort. Et c'est ce qui se passe actuellement."
Ne pas oublier le discours de Dakar de Nicolas Sarkozy
Il ne pouvait pas échapper à leur viseur, George Bush en prend pour son grade de président américain. "C'est un génocide ce mec !" Pour qui a des origines africaines, comme Mokobé, le terme a un poids, même si le sens n'est pas toujours respecté. "Et malheureusement, Sarkozy est le premier fan de George Bush", lui emboîte le pas Fou Malade, qui n'a pas oublié le discours de Dakar du chef de l'Etat français :
"Il a dit 'il est temps que l'Afrique rentre dans l'Histoire'. Un peuple qui n'est pas rentré dans l'Histoire, c'est un peuple sans esprit. Et un peuple sans esprit, c'est un peuple animal."
Source : Ferloo.com "Il y a plein de rappeurs français qui te disent 'le bled, le bled, le bled'..."
Les derniers se revendiquent souvent des terres des premiers. Mais se revendiquent seulement, déplore Fou Malade. "Il ne faut pas s'inscrire en porte-à-faux avec son discours", implore-t-il, lassé de ces rappeurs français qui disent représenter "le bas peuple" alors qu'ils vont jusqu'à refuser de rencontrer leurs homologues africains lorsqu'ils se déplacent sur les terres de leurs ancêtres :
"Il y a plein de rappeurs français qui te disent 'le bled, le bled, le bled... Nous sommes Africains, nous sommes fiers'. [...] Mais est-ce que ces gens-là pensent au bled [lorsqu'ils] s'achètent des Lamborghini, des Porsche Cayenne ?
Mokobé ne peut qu'acquiescer. Lui qui souhaiterait, à l'inverse, que les Français "tendent la main" aux Africains, à ses "frères". Surtout pas pour "leur écrire leurs textes" ou "leur donner des instrus", mais pour "qu'il y ait un vrai partenariat". (Voir la vidéo)
Le manque de collaboration entre protagonistes des deux continents ne sont, à les entendre, que le reflet de leurs sociétés. Des sociétés guidées, intoxiquées par les médias. Comme les banlieues françaises, l'Afrique souffre d'une couverture déplorable. Le positif est caché, le négatif exacerbé. Alors, ceux qui squattent le devant de la scène suivent, imitent, et donnent une vision pas moins déformée de la réalité.
"L'Afrique souffre, mais elle bouge aussi. C'est important de le préciser."
"Qui détient l'information détient le pouvoir." Fou Malade le sait et veut enrayer les biais qui faussent cette information. "Mantes-la-Jolie, c'est une Afrique intérieure." Traduction : certes, il y a des peines, mais il y aussi des joies. Il faut les montrer. Mokobé en a conscience de longue date pour son quartier d'Ivry-sur-Seine, depuis moins longtemps pour l'Afrique :
"L'Afrique souffre, mais l'Afrique, elle bouge aussi. Elle est dynamique, elle rigole, elle vit, c'est important de le préciser. [...] Moi, j'ai par exemple des amis qui sont retournés définitivement en Afrique, pour aller vivre là-bas, pour monter une entreprise, et ça c'est important. On nous parle que des gens qui font tout pour venir en France, parce que pour eux la France c'est l'eldorado." (Voir la vidéo)
Oui, il s'agit d'un discours politique. Pas de la politique politicienne menée par des hommes politiques qu'ils exècrent. Malal Almamy Talla et Mokobé Traoré, de leurs vrais noms, l'assument : pour eux, point de salut chez les dirigeants actuels. Qu'ils soient français, américains ou africains, précise bien le rappeur du 113 :
"Un chef d'Etat, c'est quelqu'un qui a le pouvoir dans les mains, qui dirige tout un peuple, toute une Nation. Son rôle à lui, il est de faire en sorte qu'on puisse avoir une vie meilleure. C'est pas de détourner des fonds, de détourner l'argent du peuple, de plonger le peuple dans la famine, dans la misère, de le pousser jusqu'à la mort. Et c'est ce qui se passe actuellement."
Ne pas oublier le discours de Dakar de Nicolas Sarkozy
Il ne pouvait pas échapper à leur viseur, George Bush en prend pour son grade de président américain. "C'est un génocide ce mec !" Pour qui a des origines africaines, comme Mokobé, le terme a un poids, même si le sens n'est pas toujours respecté. "Et malheureusement, Sarkozy est le premier fan de George Bush", lui emboîte le pas Fou Malade, qui n'a pas oublié le discours de Dakar du chef de l'Etat français :
"Il a dit 'il est temps que l'Afrique rentre dans l'Histoire'. Un peuple qui n'est pas rentré dans l'Histoire, c'est un peuple sans esprit. Et un peuple sans esprit, c'est un peuple animal."