En 1997, les saisies de cocaïne à destination de l’Europe transitant par l’Afrique ne dépassaient pas les 500 kilos. Dix ans plus tard, elles s’élèvent à près de 5 tonnes. Il s’agit de l’augmentation la plus constante, la plus méthodique et la plus spectaculaire, qui indique un changement de cap, de nouvelles interfaces, des modus vivendi innovants, qui s’appuient sur trois constantes. D’une part, l’utilisation d’espaces peu contrôlés, désertiques, aux infrastructures médiocres, le meilleur exemple étant la Mauritanie. D’autre part, la combinaison de transferts allant des (classiques) grandes quantités (propres au trafic de cocaïne) à ceux, nouveaux pour la cocaïne, portant sur plusieurs centaines de kilos mais véhiculés par des petits porteurs qui livrent directement les banlieues, trafic que l’on pourrait qualifier d’ethnique. Il s’agit là d’une patente qui concernait, par le passé, le transport d’héroïne.
Enfin, en ce qui concerne l’entrée dans l’espace européen, l’utilisation des places que l’Union Européenne qualifie "d’ultrapériphériques", leur octroyant un statut douanier et portuaire proche de celui des ports francs. Les Canaries, proches du Maroc et de la Mauritanie, en sont le meilleur exemple.