Les personnes s’installèrent petit à petit dans la salle et c’est ainsi que par petits groupes certains commencèrent à discuter et à faire connaissance.
A 15h, après avoir constaté que la majorité des personnes ayant confirmé leur participation à cette rencontre étaient présentes, Aly Camara (Tribal Cams) prit la parole et demanda à chacun de se présenter en précisant son village d’origine, son domaine d’activité professionnelle et/ou ses activités associatives.
Après ce tour de table nous passâmes au délicieux déjeuner que nous avait préparé notre frère Mamadou. Deux plats succulents étaient au menu :
- Poulet Coco avec accompagnement de riz
- Poulet Yassa avec accompagnement de riz
Après avoir savouré nos plats, bu et rempli nos ventres, Issouf Gori, qui était à l’origine de cette idée prit la parole pour préciser à l’assemblée les buts de cette rencontre qui sont de créer une chaîne de solidarité entre jeunes Soninké pour s’entraider et faire face à tous les problèmes que nous pouvons rencontrer. Il estime que les forces vives des Soninké en France sont trop éparpillées et que l’union faisant la force, nous nous devons de nous rassembler afin de faire des actions positives ensemble.
C’est ainsi que la parole a été donnée à Fodyé qui a commencé par remercier les initiateurs de ce projet de rencontre et tous les participants à ladite rencontre. Il a en outre insisté au fait que les Soninkés ne sont pas entreprenants, ni représentés dans la vie politique malgré qu’ils soient la communauté d’Afrique subsaharienne la plus nombreuse en France. Il a appuyé l’idée de Issouf, à savoir la nécessité de mettre urgemment en place une chaîne de solidarité, travailler et agir ensemble. Il a dit enfin que nous devons retenir les atouts qu’offre l’immigration pour mieux aider nos contrées respectives.
Aly Camara (Tribal Cams), quant à lui, expliqua l’intérêt d’une telle chaîne de solidarité. Car, selon lui, cela nous permettra de nous aider mutuellement. Par exemple, une personne peut avoir besoin d’une compétence dans un projet quelconque et grâce à cette chaîne de solidarité, trouver rapidement la compétence qui lui faisait défaut. Enfin, il insista sur le fait qu’il est plus que jamais important que nous, jeunes soninké, fédérions toutes les actions afin d’agir efficacement ensemble, que l’on coordonne tout et que l’on mette un terme à notre dispersion.
Le débat commençant à être intéressant, beaucoup de personnes émirent le souhait de prendre la parole. C’est ainsi que, dans un souci d’organisation, un membre fut désigné pour centraliser toutes les demandes de prises de parole.
Sadia Diawara, prenant la parole, croit que le plus important à ses yeux est la communication. Il pense que la chaîne de solidarité peut fonctionner à merveille en créant un espace de communication et de dialogue associatif dédié aux associations sur soninkara.com. Il regrette l’absence des Soninké dans les événements qui les concernent directement, en citant comme exemple les manifestations pour les sans-papiers et l’incendie qui eut lieu au boulevard Vincent Auriol de Paris où des Soninké périrent.
Hadiya, après avoir jugé aussi nécessaire la création d’un socle dur pour les associations Soninké, appuya cette idée de constituer un espace de communication pour les associations.
Abdoulay Diawara et Ali Soumaré ont, quant à eux, insisté sur la question concernant la langue Soninké. Ils regrettent que les parents ne s’expriment pas en soninké à leurs enfants. Cela a pour conséquence que très peu d’enfants parlent le Soninké.
Quant à Ali Soumaré, il pense que nous devrions privilégier le dialogue, la discussion. Il a aussi ajouté que même s’il est bien beau de s’entraider lors des événements heureux et malheureux, il est absolument important d’apprendre aux enfants les vertus de la langue et de la culture soninké, cette idée a été appuyée par Cheikhna-Mouhamed Wagué. Monsieur Soumaré a demandé à ce que nous nous exprimions à l’avenir en soninké lors de nos rencontres et réunions et non en français.
L’idée de mettre en place cette chaîne de solidarité étant acquise et épousée par tous les participants, l’on passa à une phase de réflexion pour savoir sur quelles bases asseoir cette structure.
C’est ainsi que le bal fut ouvert par Marigatta Wagué qui proposa de recenser tous les problèmes auxquels sont confrontés les soninké et de constituer une base de données permettant de répertorier toutes les compétences du réseau de la chaîne de solidarité avant d’aller de l’avant dans les activités pour savoir vers qui on peut recourir en cas de nécessité. Il pense que soninkara.com doit être le socle à partir duquel toutes les actions doivent être menées, car c’est grâce a cet espace virtuel que nous avons pu nous rencontrer.
Ali Soumaré (Ali Soumaré 2° Génération) quant à lui, suggéra de fédérer les actions et de partager nos expériences. Il préconise également la création d’une base de données. Il dit qu’il est important qu’on aille plus loin. Ce qui est important est qu’on arrive à réunir toutes les individualités pour la valorisation de la culture ; des initiatives individuelles pour arriver, par exemple, à une journée culturelle. Pourquoi pas un dîner soninké comme celui des Juifs en invitant des politiques? Il appelle, une fois de plus, à l’union car pour lui, les individualités qui, en soi ne sont pas mauvaises, à elles seules ne peuvent rien faire.
Pour Mams Yaffa, il est nécessaire que chaque personne expose son expérience aux autres par la voix de la communication. Pour lui, notre culture offre des atouts, tout comme elle présente des handicaps. Il pense que les Soninké sont capables de développer d’autres aspects que de se retrancher derrière des activités festives. Il est persuadé que nous pouvons penser à comment se développer économiquement, sans oublier notre culture.
Le débat fut très passionnant, et des réflexions jaillirent quelques idées lumineuses dont la proposition de mettre en place des groupes de travail regroupant des compétences communes. C’est dans cette perspective que Cheikhna-Mouhamed Wagué suggéra de créer, dans le domaine du transport, un réseau officiel pour l’acheminement de toute sorte de matériels vers l’Afrique. Cette idée a été fortement appuyée par Mahamadou Soumaré (MMD), qui était également sur la même longueur d’onde que Issouf en ce qui concerne le volet événementiel. L’événementiel est un autre domaine qui intéresse particulièrement Mamadou, restaurateur, organisateur de cérémonies de mariage. Devant la difficulté pour les associations soninké de trouver des salles pour leurs manifestations culturelles, le groupe de travail sur l’événementiel qui se mit en place au cours de cette réunion ne manqua pas de susciter beaucoup d’espoir. D’ailleurs, ce groupe a tenu sa première session de travail ce samedi 24 mars 2007, toujours au restaurant « SAVEUR d’AFRIQUE ».
D’autres groupes de travail ou commissions devront voir le jour et serviront de piliers pour le réseau de la chaîne de solidarité.
Le volet « création d’entreprises » a également été évoqué et Abdoulay Diawara qui a créé une entreprise de nettoyage a longuement insisté sur la nécessité pour les Soninké d’être entrepreneurs. Il souhaite que nous développions l’esprit d’entreprise par la création de restaurants, de cafétérias, etc. Il a insisté sur l’investissement à long terme aussi bien dans le domaine de l’éducation des enfants que dans le domaine économique.
Pour Kader, nous devons aussi intégrer la dimension culturelle dans nos activités et impliquer les plus petits, car son expérience en tant qu’animateur socioculturel lui a permis de se rendre compte à quel point les plus jeunes sont désarçonnés en matière d’identité culturelle.
Mr Sow a, quant à lui, lancé un appel à la communauté soninké pour aider nos parents dans les foyers qui ont besoin de cours d’alphabétisation pour leur insertion en France. Il regrette que dans les foyers, les intellectuels Soninké soient rarement engagés pour donner des cours d’alphabétisation à leurs frères qui sont dans le besoin. Il dit qu’il est difficile de travailler quand on n’est pas aidé par les siens, par le reste des Soninkés. Il dit que l’on ne doit pas rester qu’au stade de la parole et des idées. Il insiste, par la même occasion, sur la solidarité en cette période difficile où les gens en situation irrégulière sont traqués et arrêtés nuits et jours. Il a enfin dit que l’on doit faire de telle sorte que l’exploitation des immigrés analphabètes en situation irrégulière cesse, tout comme il a émis le souhait de voir plein de gens venir alphabétiser leurs parents vivant dans les foyers et qui ont besoin des notions basiques de français.
A la fin de la réunion, tous les participants approuvèrent l’idée de créer cette structure qui servira de chaîne de solidarité. Le nom R.A.R.E.S. pour Réseau d’Action, de Réflexion et d’Entraide Soninké a été adopté pour désigner cette organisation. Ce groupe, comme son nom l’indique aura pour objectif d’agir, d’apporter des réflexions sur les problèmes concernant les Soninké, mais aussi de mettre en place un système d’entraide efficace dont les bénéficiaires principaux seraient les Soninké d’ici ou d’ailleurs.
Pour partir sur de bonnes bases, le groupe a, comme le suggérait Marigatta, mis en place un fichier pour inscrire les coordonnées de chaque membre, ses activités associatives et ses domaines de compétences. Le site soninkara.com servira de plateforme d’informations et de relais pour cette structure.
Chaque personne doit réfléchir sur ce qui a été dit ce jour afin qu’un canevas d’idées et d’actions soit pris lors de notre prochaine rencontre qui aura lieu le 08 Avril 2007 Insha ALLAH.
Tous les jeunes Soninké sont invités à nous rejoindre.
Compte-rendu par Cheikhna Mouhamed Wagué, Hadiya Wagué et Fodyé Cissé.
Photos par Marigatta Wagué.
Remerciements : Restaurant "Saveurs d'Afrique" (BAGNEUX, 92)