"Il y a des services si grands qu'on ne peut les payer que par l'ingratitude. " disait A. DUMAS. Entendre Ousmane Tanor DIENG ( Secrétaire Général du parti Socialiste et un des leaders du Benno Siggil Sénégal ) dire que sans l'électorat dakarois, environ 30% seulement, on ne peut accéder à la magistrature suprême est plus qu'exaspérant. L'irritation atteint son comble surtout quand les mots ont été prononcés lors d'un meeting du parti socialiste, le mercredi 20 juillet, à Dakar. Le Sénégal se limite t-il juste à la seule région de Dakar ? Je cite : " On ne peut accéder à la Présidence de la République sans gagner Dakar ". Ce n'est pas parce que les populations du "ventre mou" du Sénégal, en partance pour Dakar disent : " Nous allons au Sénégal " que les autres régions du Sénégal doivent être considérées comme du beurre. Quelle est la portée d'une telle affirmation de la part d'un homme briguant la Magistrature Suprême et se voyant comme candidat du "Benno "en 2012 ? Cette thèse de l'enfant de Nguéniène est-elle vérifiable ? Les présidents Senghor et Diouf auraient- ils autant duré s'ils n'avaient pas bénéficié des voix considérables des autres régions du Sénégal à chaque élection ? OTD, ancien proche collaborateur des deux derniers présidents du Sénégal, un énarque qui a sillonné longtemps l'intérieur du Sénégal, en quête de stature nationale devient-il amnésique ?
On a pas besoin d'avoir la clairvoyance d'un Babacar Justin N'diaye ou d'écouter " Deug – Deug " de Souleymane Jules Diop pour savoir que l'électorat régional est plus que déterminant pour accéder à la Magistrature Suprême. Pour apporter de l'eau à mon moulin, il suffit de se rappeler des élections 1988 et 1993. Dakar avait toujours voté massivement pour l'opposant Wade sans pour autant l'élire à la Présidence de la République du Sénégal. Si l'électorat de Dakar était si indispensable à l'élection du Président de la République, Abdou Diouf n'aurait jamais emporté les deux dernières élections présidentielles de son règne. Je ne sous-estime point le poids électoral de Dakar, mais faut-il encore qu'il soit dans la corbeille d'un seul candidat pour être quasi déterminant ?
La population Dakaroise est estimée à 2.400.000 d'habitants. Thiès, Diourbel et Kaolack le talonnent avec respectivement 1.500.000, 130.0000 et 1.200.000 d'habitants. Ces trois régions réunies font un total de 4.000.000 d'habitants. Si on ajoute à cela, les régions de Saint-Louis, Tambacounda, Kolda, qui avoisinent chacune un million d'habitants, le calcul de OTD devient insultant et méprisant. De plus, l'histoire politique de la ville de Dakar, le niveau d'instruction et d'information de la population montrent que " Dial Diop Sangomar " ne sera jamais la chasse-gardée d'un seul parti politique au point de lui ouvrir un boulevard du Palais de la République. D'ailleurs, à chaque élection présidentielle, les petits partis politiques tirent leur épingle du jeu à Dakar obtenant des résultats corrects, alors qu'ils dépassent rarement les 1% dans les régions du Sénégal acquises très souvent à deux ou trois grands partis du pays. L'élection présidentielle se joue à l'échelle nationale. Le Sénégal n'est pas encore les USA avec son système de grands électeurs. Tanor Dieng a t-il confondu l'Etat de l'OHIO avec Dakar ? Dans l'histoire politique des Etats- Unis, aucun parti n'a emporté les élections sans décrocher majoritairement les votes du très convoité état du MIDWEST. Malheureusement, le Sénégal n'est pas les USA. Nous n'avons pas le même système électoral. Chaque région compte et constitue une part importante de l'échiquier politique national.
Prononcer une telle phrase constitue, à mon avis, un désaveu les électeurs du Sénégal des profondeurs, ceux même qui furent abusés tout en immortalisant fièrement les bustes de Senghor et d'Abdou Diouf pendant que la capitale était acquise à la cause de Maître Wade. Abdoulaye Wade n'aurait jamais accédé à la Présidence de la République avec les seuls votes des Pikinois, Rufisquois et Dakarois. L'alternance a eu lieu grâce à la mobilisation de toutes les couches de la population sénégalaise. De Saint Louis à Bakel, de Thiès à Ziguinchor, le vote de chaque Sénégalais a compté pour porter Abdoulaye Wade au pouvoir. Cette regrettable phrase de Tanor DIENG tonne comme une déception. Je ne peux croire que les nuits blanches des observateurs de l'ONEL ( Observatoire National des Elections ), sur les routes cahoteuses des profondeurs de Sunugal n'ont pas servi à l'avènement de l'alternance. C'est le Sénégal tout entier qui élit un Président pas la seule région de Dakar, et ce quel que soit le poids de sa démographie.
Sans prétention aucune, je dirai qu' OTD n'a rien retenu de son long compagnonnage avec Senghor et Abdou Diouf. Ces deux Présidents, certainement plus avisés et plus instruits qu'OTD, n'ont jamais négligé le poids électoral des neuf anciennes régions de notre pays. Senghor et A. Diouf avaient toujours bénéficié de l'électorat du Sénégal profond. Le monde rural fût un soutien de taille pour leur magistère. Qui ne se rappelle pas des meetings riches en couleur à Saint-Louis, à Thiès, à Diourbel, à Louga ou à Tambacounda...Je me rappelle encore de ma longue marche dans les forêts de Bakel pour récupérer les ballons à l'effigie d'Abdou Diouf que les socialistes lançaient lors de leurs meetings. " Fi nio ko mome " a toujours eu un échos favorable dans les neuf régions du Sénégal, malgré la duperie socialiste. Thiès, Louga, Diourbel, Saint Louis, Ziguinchor, Tamba, Kaolack ... autant de régions qui ont craché le vert pour réélire les candidats socialistes. Le parti socialiste n'aurait jamais autant duré au pouvoir sans avoir abusé des populations de l'intérieur et des parties reculées du Sénégal, des régions longtemps trahies par les pontes du parti socialiste. Cette regrettable phrase, peut -être passée inaperçue, tonne comme une ingratitude sans précédent. Snober le monde rural, la trentaine de départements que composent le Sénégal de l'intérieur et des profondeurs me parait maladroite de la part d'un présidentiable, leader du Benno Siggil Senegal. Ne doit-on d'ailleurs pas rebaptiser cette coalition en Benno Siggil Dakar suite à cette bévue d'OTD.
Cette petite phrase, si anodine soit-elle, est très regrettable. Elle aurait été compréhensible, si elle avait été débitée par le jeune poulain socialiste Bathélémy DIAS. Il a plus le profil d'avoir une telle idée réductrice de l'électorat du fin fond du Sénégal que son mentor, eu égard à ses fonctions et à son ancrage politique Dakarois. Un homme de la stature de l'enfant de Nguéniène Ousmane tanor doit se départir de ses logiques invraisemblables. A chaque fois qu'il a foulé le sol des autres parties du Sénégal, lors de sa quête de légitimité nationale, il fût reçu avec les honneurs. Je me rappelle encore de son meeting mémorable dans les terres de Cheikh Abdoul Khadre Cissokho. Il fût honoré à Bakel comme jamais Wade ne l'a été alors qu'il était peu considéré du coté de la capitale. " Sere na maxa mungu i yaxarin faana "(Que personne n'oublie sa première femme !). Ceci serait trop ingrat.
A l'heure actuelle de notre histoire, nous avons besoin de tous les fils du Sénégal, aussi éloignés soient-ils de la pointe de Sangomar ! Aussi faut-il rappeler que tout Dakarois a une famille à l'intérieur du Sénégal ? Même si le Saloum - Saloum ou le Baol baol habite Dakar, il a certainement une écrasante partie de sa famille dans son terroir. On ne gagne pas une élection en honorant une partie du peuple tout en méprisant une autre partie. Le Sénégal n'a pas besoin d'une telle pensée très réductrice surtout pendant ces heures sombres de son histoire où nous avons besoin d'une union sacrée pour sortir le pays du chaos par le verdict des urnes. Qu'il aille demander à feu Mamba Guirassy ou à Cheikh Abdoul Khadre Cissokho pour qui Tamba et Kédougou ont toujours voté ? Qu'il se rapproche de Robert Sagna pour savoir combien la région naturelle de la Casamance a été déterminante pour le sacre national du parti socialiste ? Qu'il se renseigne auprès de Jacques Baudin ou d'Animata Mbengue N'diaye sur le poids électoral de Louga sur l'échiquier national ? Le Sénégal ne se limite pas qu'à Dakar. Il est bien placé pour le savoir en tant qu'homme politique. D'ailleurs, le parti socialiste seul ne peut plus gagner une éléction au Sénégal. " Thia... bene yone ga koy naxee ".
Je trouve maintenant les raisons de l'échec de la décentralisation. Nos politiques n'ont jamais cru aux potentiels des autres régions du Sénégal, malgré leurs discours tapageurs. Pour eux, le Sénégal se limite aux portes de leurs belles villas, construites avec l'argent du contribuable. Ousmane tanor Dieng a t-il été aveuglé par le ticket présidentiel, une tentative de hold-up Wadien pour s'engouffrer dans les calculs politiciens erronés ? Qu'il sache qu'il est un homme à qui le peuple a accordé une seconde virginité après la tragédie socialiste ? N'eût été la folie Wadienne, personne ne paierait cher sa peau ? Le parti socialiste renaît aujourd'hui de ses cendres tel un phœnix, parce que le Sénégal a été abusé par Wade et sa cour. Nous passons sous silence les quarante ans de retard, de dilapidation de deniers publics imputables au parti socialiste pendant notre " chimiothérapie Wadienne". Qu'il sache qu'il n'a pas les mains propres ? Le Sénégal l'écoute parce que Benno Siggil Senegal incarne l'espoir. Le Sénégal tout entier espère l'union sacrée autour de cette coalition pour venir à bout du cancer " Wade ". Le secrétaire général du PS doit revoir sa copie et bien réviser les classiques de son parti fortement implanté dans l'échiquier national par ses prédécesseurs. Comme disent les Wolofs " Ku faate lila faal sa fooli dey bété "... Ousmane Tanor Dieng et ses camarades nous doivent respect et reconnaissance. Le Sénégal des profondeurs leur a tout donné sans ne jamais recevoir rien en retour. On leur a donné nos voix et ils ont causé notre retard avant que Wade et son parti nous retournent à l'âge de pierre.
Tout Sénégalais, doté d'un bon sens, sait que le régime d'Abdoulaye Wade s'essouffle. Le Sénégal entre vaille que vaille dans un nouveau tournant de son histoire politique. Tout comme l'ancien régime socialiste, le parti démocratique Sénégalais a trahi le peuple. Démocratiquement parlant, le Sénégal a fait un saut en arrière avec toutes les dérives impunies. Socialement parlant, les populations agonisent. Qui n'a pas été sidéré par le reportage sur les nouveaux riches de l'alternance ? Des " Niou teki niouwone dara " sont devenus des argentiers arrogants snobant le peuple dans leurs voitures blindées. Clin d'oeil à la bande à Farba Senghor, Bécaye DIOP, Bacar DIA, Doudou WADE...
Le Benno Siggil Senegal constituerait l'antidote contre ce régime dispendieux, despote et mensonger. Seule cette coalition peut corriger le " Wax Waxeet " du vieux sénile. Durant ces prochains mois, toute parole d'un responsable politique de l'opposition doit être mesurée et très bien pensée avant d'être distillée au public. 2012 appartient au peuple Sénégalais. La bataille politique ne se gagne pas dans les salons huppés des Almadies, de Mermoz ou de Fann. Le triomphe aura lieu sur les routes sinueuses du Baol, du Saloum, du Boundou, du Fouta-Toro, du Sine, du Gajaaga et de la Casamane. Penser accéder à la Magistrature Suprême en se vautrant dans les sofas des belles villas, humant l'encens des belles driankés est une erreur monumentale. Cette conception de la politique est une cause valable de divorce entre le peuple et le candidat qui s'y prête. Face au " Cancer " Wade, les médecins que sont les hommes politiques des partis de l'opposition doivent sillonner le Sénégal en entier pour obtenir les votes médicamenteux de notre guérison. J'ose espérer que ces paroles débitées sur la RTS lors du Meeting du parti Socialiste ont échappé à M. Ousmane Tanor DIENG. Ce texte sonne comme un rappel. Une élection se gagne dans une union sacrée. Je réitère que la région seule de Dakar, aussi importante soit-elle stratégiquement et démographiquement, ne peut élire un Président de la République. Si Maître Wade a recruté Alassane Dialy N'diaye et Abdoulaye Matar DIOP, deux anciennes figures emblématiques du parti socialiste Dakarois pour décrocher un troisième mandant, il peut se mordre les doigts. Le Sénégal des profondeurs trahi dans sa chair l'attend de pied ferme. Et cette fois-ci, son épave flottera dans les iles du Saloum ou sur Nguet Ndar.
Samba Fodé KOITA dit EYO, pour www.bakelinfo.com