Non aux recolonisations des esprits.
Pour une « Grille de lecture » succincte de l'Histoire du Sahel.
Depuis le début de l'expansion islamique au VIIe siècle, une partie de l'Afrique a été aussitôt articulée au Système arabo-musulman (l'Est, le Soudan et l'Egypte). Au VIIIe siècle le mouvement s'est étendu en passant par le nord-ouest et la côte atlantique.
On assista dès le début de ces contacts sous l'égide de l'islam, à la mise en place d'un système de prélèvement d'Africains par razzia et destinés aux marchés intérieurs et extérieurs d'esclaves.
Au Xe siècle Al-Yakubi indiquait déjà que Kawar et Awdaghost étaient des centres d'acquisition de captifs ou d'esclaves destinés aux déportations lointaines par les musulmans de toutes origines en particulier les Berbères et les Touaregs.
A partir du XIe siècle à l'Ouest et au centre du Sahara les échanges étaient essentiellement basés sur les déportations et l'exploitation de l'or et du cuivre par les esclaves internes au profit des commerçants musulmans. Ce modèle d'échanges économiques qui se déroule dans l'instabilité générale des Etats, va pourtant prédominer sur toute la bande sahélienne durant neuf siècles jusqu'à la fin du XIXe siècle où les échanges tourneront définitivement à l'avantage de l'Occident. Les Touaregs islamisés qui sont très métissés sont pourtant restés idéologiquement marqués par leur arabité. Ils ont toujours opposé leur islam considéré comme « pur » à celui des Négro-africains considéré comme entaché de paganisme…
Les rapports entre l'Afrique sudsaharienne et les tribus berbères, maures et touaregs, ont donc toujours été teintés d'islamité et d'arabité confondues et brandies par ces derniers... Les Maures et autres Touaregs même anciennement razziés sont marqués par l'islamisation et l'arabisation. Ils penchent culturellement du côté des Arabes en négligeant ou en occultant leurs rapports multiséculaires avec les populations africaines du sud. Nombre d'entre eux se disent « Arabes ».
Bien entendu que si l'on prend des pays comme le Tchad, l'Egypte ou même le Maroc et la Mauritanie, on y avait observé durant des siècles l'arrivée ininterrompue de petites vagues d'Arabes islamisés en provenance d'Arabie qui étaient rapidement noyées dans la masse des populations locales tout en s'en démarquant, en revendiquant et en imposant leur arabité étayée par l'islam avec là aussi un certain mépris pour les pratiques païennes des populations autochtones… Cette colonisation à la fois militaire, religieuse et culturelle selon les pays concernés en Afrique, caractérise l'expansion « arabo-musulmane » avec l'inévitable métissage et la revendication par les populations métissées de leur seule origine arabe et musulmane.
Dès lors, sur toute la bande sahélienne s'est formée une aristocratie intermédiaire commerçante métissée et esclavagiste qui contrôlait les échanges entre les Etats du Sud et ceux du Nord du continent. Les rapports de forces entre les populations en contact sont déterminés par la puissance de leurs formations étatiques respectives, ils fluctuent selon la période considérée.
Cette zone soudano-sahélienne constituée d'une multitude d'Etats-cités ou ethniques souvent faibles…, fut une aire de prélèvements de captifs et de prisonniers de guerre noirs par excellence. Elle a été, surtout depuis l'islamisation et la formation en arabe de ses élites commerçantes, la « zone naturelle » des razzias berbères, maures (ou touaregs) pour alimenter les marchés d'esclaves destinés au Nord de l'Afrique, au Sud de l'Europe, à l'Arabie, etc. C'est pourquoi on a observé que les Etats forts comme le Ghana (Ouagadou) et le Mali de Sundjata ont mieux résisté et contenu les attaques des esclavagistes arabo-musulmans, même si le Ghana fut détruit par la poussée almoravide.
Au XIXe siècle, l'Europe qui était déjà impliquée dans les déportations d'Africains vers les îles de l'Atlantique et l'Europe du Sud avant même la découverte du Nouveau Monde, avait décidé de s'implanter durablement en Afrique par la colonisation de l'intérieur du continent. Alors, Anglais, Français, Portugais et autres nationalités à la fin de ce siècle procédèrent au charcutage « en lignes droites » de l'Afrique à la Conférence de Berlin (novembre 1884 février 1885).
Ces découpages arbitraires et parfois criminels qui se poursuivront pour les territoires sous contrôle de la France jusqu'à la fin de la première moitié du XXe siècle (Mauritanie, Mali-Haute-Volta, Congo, Centrafrique, Gabon, etc.), ne poseront aucun problème de conscience au colonisateur. En effet, les populations, leurs villages, leurs Etats et terres ancestrales (champs, pâturages, routes, cours d'eau, etc.) furent taillés en lambeaux entre les puissances coloniales. Les Africains n'avaient pas leur mot à dire dans ce diktat colonial scandaleux.
Dans la seconde moitié du XXe siècle, arrive l'ère de la décolonisation et des « indépendances ». Les Nations-unies décrétèrent que les frontières héritées de la colonisation sont désormais « intangibles ». Mais en Afrique l'Erythrée fut le premier pays à enfreindre cette sacro-sainte règle en arrachant son indépendance à l'Ethiopie. Récemment, les Nations-unies et les grandes puissances ont créé elles-mêmes un précédent en soulevant le couvercle de la boîte de Pandore au Soudan aujourd'hui scindé en deux… La France qui soutient le gouvernement central issu d'un putsch au Mali, n'avait-elle pas sous Sarkozy commencé à négocier avec les chefs touaregs du MNLA (Mouvement National de Libération de l'Azawad issu de l'ex Alliance Touareg Mali-Niger) ?
Un gouffre dans lequel se sont jetés Abdel Hamid Abou Zaïd, Iyag Ag Ghaly et Mokhtar Belmokhtar issus des fragmentations successives du GIA et des GSPC qui ont quitté l'Algérie… pour le Mali où ils ont créé AQMI en 2007 et qu'ils avaient rattachée à AL-QUAÏDA. Les ont rejoints ( ?) des organisations poussées par leur volonté d'imposer la charia au Mali et à toute l'Afrique de l'Ouest : Ansar-Dine (Iyag Al Ghali) et Mujao (Ould Mohamed Kheirou), voire quelques éléments volontaires de Boko Haram (Mohamed Yusuf) organisation pourtant considérée par les autres comme mélangeant toujours l'islam et le paganisme….
Que serait devenu le Mali si les Touaregs et leurs alliés arabes s'étaient arrêtés sur la ligne de partage Diabaly-Konna sans menacer Bamako et ses 6 000 Français ? Peut-être aurait-on découvert alors que les grandes puissances sont versatiles et égoïstes et n'ont d'oreilles que pour leurs propres musiques…
Il n'est pas rare dans leurs pratiques cyniques, qu'ils impulsent des mouvements séparatistes au sein des Etats faibles pour les mettre devant le fait accompli. Même si au Mali ces mouvements touaregs dissidents sont récurrents depuis bien avant l'indépendance.
Bien entendu que si l'on prend des pays comme le Tchad, l'Egypte ou même le Maroc et la Mauritanie, on y avait observé durant des siècles l'arrivée ininterrompue de petites vagues d'Arabes islamisés en provenance d'Arabie qui étaient rapidement noyées dans la masse des populations locales tout en s'en démarquant, en revendiquant et en imposant leur arabité étayée par l'islam avec là aussi un certain mépris pour les pratiques païennes des populations autochtones… Cette colonisation à la fois militaire, religieuse et culturelle selon les pays concernés en Afrique, caractérise l'expansion « arabo-musulmane » avec l'inévitable métissage et la revendication par les populations métissées de leur seule origine arabe et musulmane.
Dès lors, sur toute la bande sahélienne s'est formée une aristocratie intermédiaire commerçante métissée et esclavagiste qui contrôlait les échanges entre les Etats du Sud et ceux du Nord du continent. Les rapports de forces entre les populations en contact sont déterminés par la puissance de leurs formations étatiques respectives, ils fluctuent selon la période considérée.
Cette zone soudano-sahélienne constituée d'une multitude d'Etats-cités ou ethniques souvent faibles…, fut une aire de prélèvements de captifs et de prisonniers de guerre noirs par excellence. Elle a été, surtout depuis l'islamisation et la formation en arabe de ses élites commerçantes, la « zone naturelle » des razzias berbères, maures (ou touaregs) pour alimenter les marchés d'esclaves destinés au Nord de l'Afrique, au Sud de l'Europe, à l'Arabie, etc. C'est pourquoi on a observé que les Etats forts comme le Ghana (Ouagadou) et le Mali de Sundjata ont mieux résisté et contenu les attaques des esclavagistes arabo-musulmans, même si le Ghana fut détruit par la poussée almoravide.
Au XIXe siècle, l'Europe qui était déjà impliquée dans les déportations d'Africains vers les îles de l'Atlantique et l'Europe du Sud avant même la découverte du Nouveau Monde, avait décidé de s'implanter durablement en Afrique par la colonisation de l'intérieur du continent. Alors, Anglais, Français, Portugais et autres nationalités à la fin de ce siècle procédèrent au charcutage « en lignes droites » de l'Afrique à la Conférence de Berlin (novembre 1884 février 1885).
Ces découpages arbitraires et parfois criminels qui se poursuivront pour les territoires sous contrôle de la France jusqu'à la fin de la première moitié du XXe siècle (Mauritanie, Mali-Haute-Volta, Congo, Centrafrique, Gabon, etc.), ne poseront aucun problème de conscience au colonisateur. En effet, les populations, leurs villages, leurs Etats et terres ancestrales (champs, pâturages, routes, cours d'eau, etc.) furent taillés en lambeaux entre les puissances coloniales. Les Africains n'avaient pas leur mot à dire dans ce diktat colonial scandaleux.
Dans la seconde moitié du XXe siècle, arrive l'ère de la décolonisation et des « indépendances ». Les Nations-unies décrétèrent que les frontières héritées de la colonisation sont désormais « intangibles ». Mais en Afrique l'Erythrée fut le premier pays à enfreindre cette sacro-sainte règle en arrachant son indépendance à l'Ethiopie. Récemment, les Nations-unies et les grandes puissances ont créé elles-mêmes un précédent en soulevant le couvercle de la boîte de Pandore au Soudan aujourd'hui scindé en deux… La France qui soutient le gouvernement central issu d'un putsch au Mali, n'avait-elle pas sous Sarkozy commencé à négocier avec les chefs touaregs du MNLA (Mouvement National de Libération de l'Azawad issu de l'ex Alliance Touareg Mali-Niger) ?
Un gouffre dans lequel se sont jetés Abdel Hamid Abou Zaïd, Iyag Ag Ghaly et Mokhtar Belmokhtar issus des fragmentations successives du GIA et des GSPC qui ont quitté l'Algérie… pour le Mali où ils ont créé AQMI en 2007 et qu'ils avaient rattachée à AL-QUAÏDA. Les ont rejoints ( ?) des organisations poussées par leur volonté d'imposer la charia au Mali et à toute l'Afrique de l'Ouest : Ansar-Dine (Iyag Al Ghali) et Mujao (Ould Mohamed Kheirou), voire quelques éléments volontaires de Boko Haram (Mohamed Yusuf) organisation pourtant considérée par les autres comme mélangeant toujours l'islam et le paganisme….
Que serait devenu le Mali si les Touaregs et leurs alliés arabes s'étaient arrêtés sur la ligne de partage Diabaly-Konna sans menacer Bamako et ses 6 000 Français ? Peut-être aurait-on découvert alors que les grandes puissances sont versatiles et égoïstes et n'ont d'oreilles que pour leurs propres musiques…
Il n'est pas rare dans leurs pratiques cyniques, qu'ils impulsent des mouvements séparatistes au sein des Etats faibles pour les mettre devant le fait accompli. Même si au Mali ces mouvements touaregs dissidents sont récurrents depuis bien avant l'indépendance.
Les Touaregs, souvent complices de certains Etats arabes (Libye sous Kadhafi, Soudan, etc.) tout comme certaines puissances occidentales…, œuvrent dans la même direction : dominer et contrôler des micros Etats africains balkanisés et incapables de se défendre seuls et vite déstabilisés face à la moindre invasion militaire.
Néanmoins, au moment où j'écris ces lignes, pour l'intérêt du Mali et de toute l'Afrique de l'Ouest, l'urgence est à la mobilisation et à la lutte contre la terreur et l'humiliation imposées aux populations négro-africaines par les certains Touaregs nostalgiques... qui, comme à l'accoutumée instrumentalisent l'islam pour dominer ceux qu'ils considèrent toujours comme des Nègres païens mal islamisés.
Si nous avons tous une leçon à tirer de la longue et déchirante histoire de cette zone soudano sahélienne, c'est que tout un chacun sorte de ses conceptions féodales, ethniques ou religieuses archaïques et qu'enfin, nous considérons les religions comme relevant du domaine privé et de la relation intime que chaque croyant entretient avec Dieu.
L'autre volet de cette leçon est que l'Afrique, dans son immense diversité humaine, doit se donner les moyens de choisir librement ses institutions et ses dirigeants pour enfin maîtriser son destin qui lui a échappé depuis des siècles.
L'aménagement des espaces politique, social et culturel doit par conséquent relever de la volonté collective des hommes et des femmes qui vivent ensemble dans la même Nation. C'est à eux et à seuls qu'il appartient de gérer leur vie en société dans un Etat capable de leur assurer la paix, la dignité, la liberté et le développement humain.
Ce ne sont donc pas les frontières héritées de la colonisation qui posent réellement problème, mais bel et bien notre absence de volonté d'unir les peuples africains dans le respect de leurs diversités culturelles, religieuses et ethniques, et dans leur aspiration à choisir librement leurs amis à travers le monde.
Mal décolonisés…, nous devons dire non à toutes les recolonisations de nos esprits.
Yaya SY