Discours de Dioncounda Traoré au 20ème Sommet de l'UA
Lors du 20ème sommet de l'Union Africaine tenu le 27 Janvier 2013 à Addis Abeba, le Président Dioncounda Traoré s'est livré a un réquisitoire contre le terrorisme.
Excellence, Monsieur le Président de la Conférence de l’Union,
Excellences, Mesdames et Messieurs Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Distingués invités, Mesdames et Messieurs,
Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,
Madame la Présidente de la Commission de l’Union africaine,
Mesdames et Messieurs les Commissaires de l’Union africaine,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs Ambassadeurs et Représentants des Coopérations bilatérales, multilatérales et internationales,
Représentants des organisations de la Société civile,
Distingués invités,
Excellence Monsieur le Premier ministre d’Ethiopie, c’est à vous que nous adressons nos premiers mots, pour vous dire merci, pour dire merci au peuple éthiopien pour l’accueil chaleureux qui nous est réservé ici à Addis-Abeba, dans la droite ligne d’une tradition connue et appréciée de tous.
Lors du 20ème sommet de l'Union Africaine tenu le 27 Janvier 2013 à Addis Abeba, le Président Dioncounda Traoré s'est livré a un réquisitoire contre le terrorisme.
Excellence, Monsieur le Président de la Conférence de l’Union,
Excellences, Mesdames et Messieurs Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Distingués invités, Mesdames et Messieurs,
Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,
Madame la Présidente de la Commission de l’Union africaine,
Mesdames et Messieurs les Commissaires de l’Union africaine,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs Ambassadeurs et Représentants des Coopérations bilatérales, multilatérales et internationales,
Représentants des organisations de la Société civile,
Distingués invités,
Excellence Monsieur le Premier ministre d’Ethiopie, c’est à vous que nous adressons nos premiers mots, pour vous dire merci, pour dire merci au peuple éthiopien pour l’accueil chaleureux qui nous est réservé ici à Addis-Abeba, dans la droite ligne d’une tradition connue et appréciée de tous.
Permettez-moi également de m’incliner de nouveau devant la mémoire de votre illustre prédécesseur Meles Zenawi, trop tôt disparu mais que les livres d’histoire retiendront comme le catalyseur du projet d’émergence tant de l’Ethiopie que de l’Afrique.
Ensuite, à notre auguste assemblée nous voudrions adresser nos vœux personnels ainsi que ceux du peuple malien, à l’entame d’une année que nous souhaitons de santé, de réussites et de paix.
Pour chacun de vous. Pour chacune de vous. Pour tous nos peuples. Pour l’Afrique et pour tous ses partenaires du monde.
Nous ne pouvons aller plus loin sans réitérer ici et solennellement, nos remerciements et notre reconnaissance à tous ces avocats passionnés de la cause malienne qu’ont été, tout le long de cette tragédie que nous vivons,
Nous voulons citer :
- Son Excellence le Dr Thomas Yayi Boni, Président sortant de la Conférence des Chefs d’Etat ;
- Son Excellence Alassane Ouattara, Président en exercice de la CEDEAO ;
- Son Excellence Monsieur Blaise Compaoré et son Excellence Monsieur Johnatan Goodluck, respectivement médiateur et co-médiateur de la crise malienne.
Des pays frères ont envoyé leurs soldats combattre aux côtés de l’armée malienne dans sa tâche de reconquête des régions du Mali occupées en 2012, par l’actionnariat mafieux de l’argent sale du narcotrafic, du terrorisme international agissant sous le masque de l’Islam.
Merci donc, Président Thomas Yayi Boni, Président Blaise Compaoré, Président Nkuruziza, Président Alassane Ouattara, Président Mahamadou Issoufou, Président Johnatan Goodluck, Président Idriss Deby, Président Faure Ngnassingbé, Président Macky SALL.
Dites à vos peuples que le Mali saura se souvenir de cette solidarité. Elle n’a pas de prix. Pour nous, elle a valeur de pacte de sang.
Soyez également remerciée, Mme Nkosasana Dlamini Zuma, Présidente de la Commission de l’Union africaine.
Votre souci du Mali est attesté de tous et votre engagement est pour nous une source de réconfort toujours renouvelée.
Permettez qu’à travers vous, nous félicitions vos collaborateurs qui, au sein de la Commission que vous présidez, ont porté, sans faiblir, la question malienne dès les premières manifestations de la crise en fin 2011.
Depuis, votre Commission n’a ménagé aucun effort, aucune réflexion, aucune déclaration en faveur du respect de l’intégrité territoriale du Mali.
Elle a su appeler, avec le juste accent, à une mobilisation à la fois diligente et massive de l’Afrique et du monde pour soutenir le peuple malien dans la douloureuse épreuve qu’il traverse. Le Mali, jusqu’alors une référence de stabilité soudain prise dans la spirale de la guerre et de ses privations.
Preuve, s’il en faut, de ce bel élan de solidarité : la rencontre de Bamako du 19 octobre 2012 qui, sous votre direction éclairée, a permis de partager et de valider le Concept Stratégique des Opérations, le CONOPS.
Nous ne saurions clore le chapitre des remerciements sans vous demander, frères et sœurs d’Afrique, de vous joindre à la nation malienne pour saluer les pays non africains qui sont aujourd’hui à nos côtés.
Saluons en particulier la France, saluons le Peuple français.
Saluons le Président François Hollande pour sa lecture lucide de la crise malienne dont nous savons tous qu’elle porte les germes d’une menace sécuritaire mondiale.
Saluons-les pour avoir accédé promptement et sans calcul à notre requête d’assistance.
Aujourd’hui, l’intervention déterminée de l’armée française a porté un coup d’arrêt à la progression de notre ennemi commun, à savoir le narco-térrorisme qui invoque Dieu mais qui agit comme Satan.
Le geste fraternel de la France a permis, dans le respect de la légalité internationale, d’accélérer la mise en œuvre de la résolution 2085 des Nations-Unies, par la mobilisation de la CEDEAO, de l’Union africaine ainsi que de leurs partenaires
C’est aussi ce geste de la France qui a permis à l’armée malienne de renouer avec sa noble vocation de défense de la nation et du territoire, et nous pouvons vous annoncer ici et aujourd’hui que l’armée malienne est de retour, et a repris le combat avec courage dans une confiance retrouvée.
Elle sera devant. Elle ne sera pas derrière les troupes sœurs venues l’aider.
Et toutes ensembles, les forces qui se battent contre nos agresseurs, progressent, avec détermination, dans le cadre d’une stratégie qui nous mènera, sans aucun doute, vers la victoire.
Cette victoire, nous la voulons pour demain. Pas après demain. Parce que notre guerre à nous n’est pas de tuer simplement parce que nous avons les armes pour le faire.
Notre guerre c’est d’enrôler nos filles et nos garçons à l’école. Notre guerre c’est de pouvoir mieux soigner nos populations.
Notre guerre c’est de pouvoir offrir à nos citoyens des opportunités pour s’épanouir dans un monde globalisé qui n’attend pas les retardataires.
Mesdames, Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Mesdames et Messieurs,
Le Mali hélas en était arrivé très loin dans l’infortune en 2012.
Au Nord, des régions entières avec tous leurs départements sous la coupe de leurs agresseurs, certains indépendantistes, d’autres dits jihadistes, mais tous terroristes, tous criminels.
Au Sud une crise institutionnelle grave, avec ses agendas mesquins et inavouables, à un moment où toute la concentration était requise pour sauver le pays.
Les frayeurs continueront jusqu’aux premiers jours de 2013 où poussés par l’arrogance, les agresseurs tentèrent de forcer le destin.
Avec les conséquences que vous savez : des conséquences désastreuses pour eux.
A l’heure où nous vous parlons, nos forces nationales fortement aidées par leurs alliées françaises et africaines continuent d’infliger de lourdes pertes à l’ennemi désormais en débandade. Gao et Tombouctou sont quasiment reconquises.
Et parce que la peur a changé de camp, voici que des voix crient à la croisade contre l’Islam.
Voici qu’elles ramènent notre combat pour la liberté, la dignité et la paix à une guerre par procuration de l’Occident contre des musulmans sans défense.
Qu’on nous dise pourquoi personne n’a entendu ces voix, au moment où le Mali, pays musulman à 95%, avait besoin de la compassion et de la solidarité de ses frères en Islam ?
Qu’on nous dise où étaient les donneurs de leçon qui n’ont pas entendu les sanglots de la petite Aicha violée, comme beaucoup d’autres, sous la menace des armes ?
Qu’on nous dise où étaient ces donneurs de leçons le jour où un couple victime d’une justice inique et expéditive était lapidé à mort soit disant pour adultère ?
Où étaient donc ces voix lorsqu’à Aguel Hock des soldats de l’armée régulière malienne étaient égorgés par dizaines voici un an ?
Qu’on nous dise, comme l’ont rappelé les oulémas de notre pays dans une belle unanimité, où étaient ces donneurs de leçons, quand par milliers, les Maliens étaient jetés sur les routes de l’exil et de la privation de la misère et de la désolation ?
Où étaient– ils ceux qui crient aujourd’hui à l’holocauste quand les conquérants, de leur justice humiliante et mutilante, coupaient les bras de notre jeunesse, détruisaient les écrans de télé, écrasaient les écouteurs de téléphone et décrétaient que le football était haram ?
Qu’on n’ajoute pas de grâce l’injure à la blessure !
Le Mali ne mérite pas un tel mépris car il a vécu le joug terroriste dans sa chair, dans son âme, dans le viol de sa conscience et de ses femmes.
Le Mali ne mérite pas ce mépris, parce que comme toutes les sociétés de culture, c’est un pays de tolérance, d’humilité et de paix.
Nous ne sommes pas en guerre contre l’Islam.
Nous sommes en guerre contre le terrorisme, qui prospère de la vente d’otages innocents et des ristournes de la drogue.
Nous sommes en guerre pour notre existence.
Nous sommes en guerre contre l’obscurantisme.
Nous sommes en guerre contre un projet d’arriération imposé à une terre qui est un creuset de civilisation.
Au contraire, le plus grand tort à l’Islam, ce sont nos agresseurs qui l’ont causé, semant le doute dans l’esprit de ceux qui sont nés dans l’Islam, dont les pères sont nés dans l’Islam et qui, pendant des générations successives, ont été pétris aux valeurs, aux vraies valeurs de l’Islam.
Car les caveaux de saints démolis à Tombouctou l’ont été au nom de l’Islam !
Car les coups de cravache donnés à Gao l’ont été au nom de l’Islam !
Car les couples lapidés à Kidal l’ont été au nom de l’Islam !
De quel Islam s’agit t-il ?
En tout cas, pas celui du prophète Mohamed (Paix et Salut sur Lui) qui n’a jamais converti par la force, qui n’a jamais humilié son prochain, qui n’a jamais rendu veuve, orphelin ou handicapé au nom de la seule loi du plus fort.
Non, l’alliance entre la mauvaise foi et les barres de cocaïne ne saurait être l’Islam, ne saurait être notre Islam.
Notre Islam à nous continuera d’être le respect de l’être humain et de sa dignité, la protection du voisin, du faible et de l’orphelin, la promotion de la paix et de la concorde, jamais le plaisir de verser le sang.
Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Mesdames et Messieurs,
Si grâce à vous tous les perspectives sont bien meilleures aujourd’hui pour le Mali, tous les risques contre la paix et la concorde ne sont pas entièrement conjurés.
L’ethnicisation du faux jihad, les stratégies de constitution des réseaux dormants du terrorisme dans les villes, et il faut le déplorer, l’amalgame et le délit de faciès peuvent donner lieu à des exactions et des règlements de compte.
Le Gouvernement du Mali ne tolérera les exactions et les amalgames.
Du reste, il a ordonné une enquête dont nous tirerons toutes les implications.
La dignité du soldat et l’honneur de notre armée commandent qu’ils soient les premiers à suivre scrupuleusement les prescriptions de l’Etat de droit que nous avons pour ambition de bâtir.
Et nous savons que chaque traitement extrajudiciaire des cas de collaboration présumée des populations locales avec les terroristes fait l’affaire de ces derniers.
C’est pourquoi, le Gouvernement du Mali, prenant au sérieux ces risques et soucieux de ne pas compliquer davantage la résolution d’une crise qui menace les fondements de la nation, n’a de cesse de mettre et l’armée et les groupes diffus contre toute atteinte aux droits humains.
Et comme le prévoit la Feuille de route adoptée par le Gouvernement le 25 janvier et présentée au Parlement, de vastes campagnes seront menées dans le sens de l’apaisement.
L’armée sera systématiquement et continuellement formée au respect du droit humanitaire et des droits constitutionnel des citoyens parce que nous la voulons une armée républicaine.
Bien entendu, nous restons déterminés à appliquer la loi à tout soldat malien contrevenant aux principes de la République.
Nous en appelons naturellement à la prudence et au bon sens de tous.
Car le contexte est favorable à la désinformation et au sensationnel.
Les forces du mal n’ayant plus d’autre possibilité que d’opposer les opinions publiques aux forces de libération.
Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Mesdames et Messieurs,
Si malgré nous, le temps est à la guerre, nous préparons activement la paix.
Notre main reste tendue à ceux qui réalisent qu’il est encore temps de faire amende honorable, malgré tout le tort qui a été porté à notre pays, à notre sous région et à notre région.
Mais le dialogue inter-malien n’aura vocation ni à confesser ni à charger.
Pour la stabilité de notre pays et la dignité de ses enfants, nous ne saurions donner de traitement préférentiel à aucune ethnie en particulier ni stigmatiser de groupes spécifiques.
Qu’on nous fasse seulement confiance, car les Maliens sont les premiers à comprendre jusqu’où la réconciliation est impérative pour la survie de chacune de leurs communautés et de l’ensemble national, sans distinction d’ethnie.
Du dialogue inter-malien dont les animateurs sont en train d’être repérés pour leur sagesse et leur lucidité, il est attendu tout simplement qu’il mène les Maliens, sans distinction d’ethnie, de sexe, d’âge et de religion vers le même but et la même foi.
Cet important dispositif permettra de recueillir et de partager les enseignements de la grave crise que nous avons connue pour que nos cités soit mieux administrées, notre démocratie et notre capital social mieux consolidés.
Ce pays reviendra parmi vous, jouant pleinement son rôle dans l’intégration africaine.
Il était là en 1963 comme une jeune nation forte de ses promesses et de ses espérances. Il sera là avec vous en 2013 en tant que nation reconstituée pour fêter le 50è anniversaire de l’organisation continentale.
C’est cela notre mission historique en tant que Président et Gouvernement de Transition.
Et pour la mener à bien, nous avons encore besoin de votre solidarité, de vos conseils et de votre accompagnement.
Mais le Sahel a prouvé sa grande vulnérabilité par sa pauvreté qui fait d’elle la proie facile du crime organisé.
Nous ne couperons définitivement la tête des barons de la drogue, des terroristes doctrinaires autoproclamés de l’Islam qu’en concédant un investissement sans précédent pour le développement de cette zone grise aujourd’hui mais avec tout le potentiel pour être demain un havre de paix et de prospérité.
A cet égard, tous les pays du Sahel, ceux qui connaissent aujourd’hui les tourments comme ceux qui en sont épargnés, sont logés à la même enseigne.
Car jamais les vases n’ont autant communiqué que dans cette partie du monde.
La paix dans le monde est tributaire de la paix dans le Sahel qui crie son besoin de Plan Marshall pour que le binôme Paix et Développement produise les fruits attendus et protège le reste du monde des graves menaces que cette zone peut entraîner pour tous.
Ce cri n’est pas le premier. Puisse t-il être le dernier et être entendu !
Vive l’Afrique unie et solidaire !
Vive l’Afrique partenaire respectée du monde !
Vive la Paix dans le monde !
Vive le France !
- MERCI BEAUCOUP !
- THANK YOU VERY MUCH !
- CHOUKRAN JAZZILEN !
- MULTO OBLIGADO !
- MUCHAS GRACIAS !
- ASANTE SANA !
Ensuite, à notre auguste assemblée nous voudrions adresser nos vœux personnels ainsi que ceux du peuple malien, à l’entame d’une année que nous souhaitons de santé, de réussites et de paix.
Pour chacun de vous. Pour chacune de vous. Pour tous nos peuples. Pour l’Afrique et pour tous ses partenaires du monde.
Nous ne pouvons aller plus loin sans réitérer ici et solennellement, nos remerciements et notre reconnaissance à tous ces avocats passionnés de la cause malienne qu’ont été, tout le long de cette tragédie que nous vivons,
Nous voulons citer :
- Son Excellence le Dr Thomas Yayi Boni, Président sortant de la Conférence des Chefs d’Etat ;
- Son Excellence Alassane Ouattara, Président en exercice de la CEDEAO ;
- Son Excellence Monsieur Blaise Compaoré et son Excellence Monsieur Johnatan Goodluck, respectivement médiateur et co-médiateur de la crise malienne.
Des pays frères ont envoyé leurs soldats combattre aux côtés de l’armée malienne dans sa tâche de reconquête des régions du Mali occupées en 2012, par l’actionnariat mafieux de l’argent sale du narcotrafic, du terrorisme international agissant sous le masque de l’Islam.
Merci donc, Président Thomas Yayi Boni, Président Blaise Compaoré, Président Nkuruziza, Président Alassane Ouattara, Président Mahamadou Issoufou, Président Johnatan Goodluck, Président Idriss Deby, Président Faure Ngnassingbé, Président Macky SALL.
Dites à vos peuples que le Mali saura se souvenir de cette solidarité. Elle n’a pas de prix. Pour nous, elle a valeur de pacte de sang.
Soyez également remerciée, Mme Nkosasana Dlamini Zuma, Présidente de la Commission de l’Union africaine.
Votre souci du Mali est attesté de tous et votre engagement est pour nous une source de réconfort toujours renouvelée.
Permettez qu’à travers vous, nous félicitions vos collaborateurs qui, au sein de la Commission que vous présidez, ont porté, sans faiblir, la question malienne dès les premières manifestations de la crise en fin 2011.
Depuis, votre Commission n’a ménagé aucun effort, aucune réflexion, aucune déclaration en faveur du respect de l’intégrité territoriale du Mali.
Elle a su appeler, avec le juste accent, à une mobilisation à la fois diligente et massive de l’Afrique et du monde pour soutenir le peuple malien dans la douloureuse épreuve qu’il traverse. Le Mali, jusqu’alors une référence de stabilité soudain prise dans la spirale de la guerre et de ses privations.
Preuve, s’il en faut, de ce bel élan de solidarité : la rencontre de Bamako du 19 octobre 2012 qui, sous votre direction éclairée, a permis de partager et de valider le Concept Stratégique des Opérations, le CONOPS.
Nous ne saurions clore le chapitre des remerciements sans vous demander, frères et sœurs d’Afrique, de vous joindre à la nation malienne pour saluer les pays non africains qui sont aujourd’hui à nos côtés.
Saluons en particulier la France, saluons le Peuple français.
Saluons le Président François Hollande pour sa lecture lucide de la crise malienne dont nous savons tous qu’elle porte les germes d’une menace sécuritaire mondiale.
Saluons-les pour avoir accédé promptement et sans calcul à notre requête d’assistance.
Aujourd’hui, l’intervention déterminée de l’armée française a porté un coup d’arrêt à la progression de notre ennemi commun, à savoir le narco-térrorisme qui invoque Dieu mais qui agit comme Satan.
Le geste fraternel de la France a permis, dans le respect de la légalité internationale, d’accélérer la mise en œuvre de la résolution 2085 des Nations-Unies, par la mobilisation de la CEDEAO, de l’Union africaine ainsi que de leurs partenaires
C’est aussi ce geste de la France qui a permis à l’armée malienne de renouer avec sa noble vocation de défense de la nation et du territoire, et nous pouvons vous annoncer ici et aujourd’hui que l’armée malienne est de retour, et a repris le combat avec courage dans une confiance retrouvée.
Elle sera devant. Elle ne sera pas derrière les troupes sœurs venues l’aider.
Et toutes ensembles, les forces qui se battent contre nos agresseurs, progressent, avec détermination, dans le cadre d’une stratégie qui nous mènera, sans aucun doute, vers la victoire.
Cette victoire, nous la voulons pour demain. Pas après demain. Parce que notre guerre à nous n’est pas de tuer simplement parce que nous avons les armes pour le faire.
Notre guerre c’est d’enrôler nos filles et nos garçons à l’école. Notre guerre c’est de pouvoir mieux soigner nos populations.
Notre guerre c’est de pouvoir offrir à nos citoyens des opportunités pour s’épanouir dans un monde globalisé qui n’attend pas les retardataires.
Mesdames, Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Mesdames et Messieurs,
Le Mali hélas en était arrivé très loin dans l’infortune en 2012.
Au Nord, des régions entières avec tous leurs départements sous la coupe de leurs agresseurs, certains indépendantistes, d’autres dits jihadistes, mais tous terroristes, tous criminels.
Au Sud une crise institutionnelle grave, avec ses agendas mesquins et inavouables, à un moment où toute la concentration était requise pour sauver le pays.
Les frayeurs continueront jusqu’aux premiers jours de 2013 où poussés par l’arrogance, les agresseurs tentèrent de forcer le destin.
Avec les conséquences que vous savez : des conséquences désastreuses pour eux.
A l’heure où nous vous parlons, nos forces nationales fortement aidées par leurs alliées françaises et africaines continuent d’infliger de lourdes pertes à l’ennemi désormais en débandade. Gao et Tombouctou sont quasiment reconquises.
Et parce que la peur a changé de camp, voici que des voix crient à la croisade contre l’Islam.
Voici qu’elles ramènent notre combat pour la liberté, la dignité et la paix à une guerre par procuration de l’Occident contre des musulmans sans défense.
Qu’on nous dise pourquoi personne n’a entendu ces voix, au moment où le Mali, pays musulman à 95%, avait besoin de la compassion et de la solidarité de ses frères en Islam ?
Qu’on nous dise où étaient les donneurs de leçon qui n’ont pas entendu les sanglots de la petite Aicha violée, comme beaucoup d’autres, sous la menace des armes ?
Qu’on nous dise où étaient ces donneurs de leçons le jour où un couple victime d’une justice inique et expéditive était lapidé à mort soit disant pour adultère ?
Où étaient donc ces voix lorsqu’à Aguel Hock des soldats de l’armée régulière malienne étaient égorgés par dizaines voici un an ?
Qu’on nous dise, comme l’ont rappelé les oulémas de notre pays dans une belle unanimité, où étaient ces donneurs de leçons, quand par milliers, les Maliens étaient jetés sur les routes de l’exil et de la privation de la misère et de la désolation ?
Où étaient– ils ceux qui crient aujourd’hui à l’holocauste quand les conquérants, de leur justice humiliante et mutilante, coupaient les bras de notre jeunesse, détruisaient les écrans de télé, écrasaient les écouteurs de téléphone et décrétaient que le football était haram ?
Qu’on n’ajoute pas de grâce l’injure à la blessure !
Le Mali ne mérite pas un tel mépris car il a vécu le joug terroriste dans sa chair, dans son âme, dans le viol de sa conscience et de ses femmes.
Le Mali ne mérite pas ce mépris, parce que comme toutes les sociétés de culture, c’est un pays de tolérance, d’humilité et de paix.
Nous ne sommes pas en guerre contre l’Islam.
Nous sommes en guerre contre le terrorisme, qui prospère de la vente d’otages innocents et des ristournes de la drogue.
Nous sommes en guerre pour notre existence.
Nous sommes en guerre contre l’obscurantisme.
Nous sommes en guerre contre un projet d’arriération imposé à une terre qui est un creuset de civilisation.
Au contraire, le plus grand tort à l’Islam, ce sont nos agresseurs qui l’ont causé, semant le doute dans l’esprit de ceux qui sont nés dans l’Islam, dont les pères sont nés dans l’Islam et qui, pendant des générations successives, ont été pétris aux valeurs, aux vraies valeurs de l’Islam.
Car les caveaux de saints démolis à Tombouctou l’ont été au nom de l’Islam !
Car les coups de cravache donnés à Gao l’ont été au nom de l’Islam !
Car les couples lapidés à Kidal l’ont été au nom de l’Islam !
De quel Islam s’agit t-il ?
En tout cas, pas celui du prophète Mohamed (Paix et Salut sur Lui) qui n’a jamais converti par la force, qui n’a jamais humilié son prochain, qui n’a jamais rendu veuve, orphelin ou handicapé au nom de la seule loi du plus fort.
Non, l’alliance entre la mauvaise foi et les barres de cocaïne ne saurait être l’Islam, ne saurait être notre Islam.
Notre Islam à nous continuera d’être le respect de l’être humain et de sa dignité, la protection du voisin, du faible et de l’orphelin, la promotion de la paix et de la concorde, jamais le plaisir de verser le sang.
Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Mesdames et Messieurs,
Si grâce à vous tous les perspectives sont bien meilleures aujourd’hui pour le Mali, tous les risques contre la paix et la concorde ne sont pas entièrement conjurés.
L’ethnicisation du faux jihad, les stratégies de constitution des réseaux dormants du terrorisme dans les villes, et il faut le déplorer, l’amalgame et le délit de faciès peuvent donner lieu à des exactions et des règlements de compte.
Le Gouvernement du Mali ne tolérera les exactions et les amalgames.
Du reste, il a ordonné une enquête dont nous tirerons toutes les implications.
La dignité du soldat et l’honneur de notre armée commandent qu’ils soient les premiers à suivre scrupuleusement les prescriptions de l’Etat de droit que nous avons pour ambition de bâtir.
Et nous savons que chaque traitement extrajudiciaire des cas de collaboration présumée des populations locales avec les terroristes fait l’affaire de ces derniers.
C’est pourquoi, le Gouvernement du Mali, prenant au sérieux ces risques et soucieux de ne pas compliquer davantage la résolution d’une crise qui menace les fondements de la nation, n’a de cesse de mettre et l’armée et les groupes diffus contre toute atteinte aux droits humains.
Et comme le prévoit la Feuille de route adoptée par le Gouvernement le 25 janvier et présentée au Parlement, de vastes campagnes seront menées dans le sens de l’apaisement.
L’armée sera systématiquement et continuellement formée au respect du droit humanitaire et des droits constitutionnel des citoyens parce que nous la voulons une armée républicaine.
Bien entendu, nous restons déterminés à appliquer la loi à tout soldat malien contrevenant aux principes de la République.
Nous en appelons naturellement à la prudence et au bon sens de tous.
Car le contexte est favorable à la désinformation et au sensationnel.
Les forces du mal n’ayant plus d’autre possibilité que d’opposer les opinions publiques aux forces de libération.
Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Mesdames et Messieurs,
Si malgré nous, le temps est à la guerre, nous préparons activement la paix.
Notre main reste tendue à ceux qui réalisent qu’il est encore temps de faire amende honorable, malgré tout le tort qui a été porté à notre pays, à notre sous région et à notre région.
Mais le dialogue inter-malien n’aura vocation ni à confesser ni à charger.
Pour la stabilité de notre pays et la dignité de ses enfants, nous ne saurions donner de traitement préférentiel à aucune ethnie en particulier ni stigmatiser de groupes spécifiques.
Qu’on nous fasse seulement confiance, car les Maliens sont les premiers à comprendre jusqu’où la réconciliation est impérative pour la survie de chacune de leurs communautés et de l’ensemble national, sans distinction d’ethnie.
Du dialogue inter-malien dont les animateurs sont en train d’être repérés pour leur sagesse et leur lucidité, il est attendu tout simplement qu’il mène les Maliens, sans distinction d’ethnie, de sexe, d’âge et de religion vers le même but et la même foi.
Cet important dispositif permettra de recueillir et de partager les enseignements de la grave crise que nous avons connue pour que nos cités soit mieux administrées, notre démocratie et notre capital social mieux consolidés.
Ce pays reviendra parmi vous, jouant pleinement son rôle dans l’intégration africaine.
Il était là en 1963 comme une jeune nation forte de ses promesses et de ses espérances. Il sera là avec vous en 2013 en tant que nation reconstituée pour fêter le 50è anniversaire de l’organisation continentale.
C’est cela notre mission historique en tant que Président et Gouvernement de Transition.
Et pour la mener à bien, nous avons encore besoin de votre solidarité, de vos conseils et de votre accompagnement.
Mais le Sahel a prouvé sa grande vulnérabilité par sa pauvreté qui fait d’elle la proie facile du crime organisé.
Nous ne couperons définitivement la tête des barons de la drogue, des terroristes doctrinaires autoproclamés de l’Islam qu’en concédant un investissement sans précédent pour le développement de cette zone grise aujourd’hui mais avec tout le potentiel pour être demain un havre de paix et de prospérité.
A cet égard, tous les pays du Sahel, ceux qui connaissent aujourd’hui les tourments comme ceux qui en sont épargnés, sont logés à la même enseigne.
Car jamais les vases n’ont autant communiqué que dans cette partie du monde.
La paix dans le monde est tributaire de la paix dans le Sahel qui crie son besoin de Plan Marshall pour que le binôme Paix et Développement produise les fruits attendus et protège le reste du monde des graves menaces que cette zone peut entraîner pour tous.
Ce cri n’est pas le premier. Puisse t-il être le dernier et être entendu !
Vive l’Afrique unie et solidaire !
Vive l’Afrique partenaire respectée du monde !
Vive la Paix dans le monde !
Vive le France !
- MERCI BEAUCOUP !
- THANK YOU VERY MUCH !
- CHOUKRAN JAZZILEN !
- MULTO OBLIGADO !
- MUCHAS GRACIAS !
- ASANTE SANA !