De nos jours, la région de Kayes compte 64 radios libres (toutes typologies confondues) affiliées à l’Union des radios et télévisions libres du Mali (URTEL).
Dans les localités qui ne bénéficient pas encore de la couverture téléphonique, la radio est un moyen pour nos compatriotes vivant à l'extérieur du pays de faire passer leurs messages. L'avènement de la démocratie dans notre pays en 1991, a favorisé la prolifération des radios libres. Aujourd’hui, plus de 300 radios FM émettent sur le territoire.
Ces radios ont permis de libérer de la parole, faciliter information et la sensibilisation des populations. Le dialogue entre les gouvernants et les gouvernés.
De nos jours les radios libres jouent un grand rôle dans la réussite du processus de décentralisation en cours dans notre pays. Dans la région de Kayes, ces médias ont un rôle spécifique. Celui de faciliter la communication entre les expatriés et leurs parents vivant au village. La moitié de ces radios a été financée partiellement ou totalement par les expatriés. La ville de Kayes compte à elle seule plus 8 radios libres auxquelles s’ajoutent la station régionale de l’ORTM de Kayes.
Les ressortissants de la localité accordent une grande importance à la radio locale. Au-delà des radios qui émettent nous avons un nombre important de demandes de fréquence.
La rurale de Kayes est la première radio libre de la région voire du Mali créée en 1988. Elle ne jouera pleinement son rôle qu’après les événements de mars 1991. Elle est le fruit de la collaboration entre les ONG Terra Nuova et Gao et certaines associations d’émigrés de la région de Kayes. «L’idée de création de la radio fait suite à un besoin exprimé par des émigrés qui entendaient à travers la radio être plus proches de leurs familles», explique Darrar Ben Azour Maguiraga, Directeur de la Radio Rurale de Kayes.
«La création de la rurale radio a coïncidé avec une grande sécheresse dans la région », se souvient notre interlocuteur. La radio est un moyen de communication par excellence. «Les émigrés téléphonent de l’extérieur pour annoncer soit l’arrivée d'un mandat soit pour faire passer un message», indique DARRAR BEN AZOUR MAGUIRAGA. Bien sûr en faisant le communiqué, la radio ne précise pas qu'il s'agit d'un mandat. Elle se contente d'appeler la famille de l'émigré pour qu'elle envoie un de ses membres à la radio et celui-ci sera muni des pièces justificatives.
Rester en contact. La radio rurale de Kayes a développé une approche qui a permis de rapprocher un grand nombre de ressortissants de Kayes installés en France et dans les pays de l’Afrique (centrale, australe, du Nord, Est, Ouest) et leurs familles. Elle dispose d’un correspondant en France par lequel transitent toutes les correspondances à destination de la station. «Nous avons un correspondant en France qui nous annonce par téléphone les messages. Puis nous nous chargeons de les diffuser», explique notre interlocuteur.
Les ressortissants participent souvent à certaines émissions en direct à la radio. Ce nous permet de dialoguer en direct avec eux sur les questions de développement de la région, les conditions de vie des émigrés et les méfaits de l’immigration clandestine», souligne Darrar Ben Azour Maguiraga.
Comme la radio rurale de Kayes, la station régionale de l’ORTM aussi se veut un lien entre les expatriés et leurs parents au pays. Les responsables de la radio ont développé un partenariat avec des ressortissants installés en France. Ce qui permet de recevoir et diffuser les avis d’annonce, de décès et divers des émigrés ressortissants de la région. «Notre correspondant nous envoie des messages des expatriés de la région installés en Europe, en Asie et même en Amérique du Nord», confirme notre confrère Tapa Macalou, speaker en langue nationale soninké de l’ORTM de Kayes. «Les émigrés nous envoient les messages par téléphone ou par fax. Le prix de diffusion des avis varie de 1500 à 1000 Fcfa respectivement pour les avis de décès et les avis divers», précise-t-il. Sa station est sollicitée aussi pour la couverture d’événements organisés par les expatriés dans leurs localités d’origine.
«Les radios nous aident beaucoup dans la réalisation de nos activités de développement mais également elles nous permettent de rester en contact avec nos parents dans les localités qui se sont pas couvertes par le téléphone», se réjouit Mamadou Kamissoko, un expatrié. «Nous les sollicitons pour la couverture médiatique des événements et les radios ont aussi permis de créer une émulation entre les ressortissants des communes», explique notre interlocuteur qui souhaite que les pouvoirs publics accordent une attention particulière aux radios libres de la région. En faisant des reportages sur les réalisations des émigrés dans les villages, les radios contribuent à encourager d'autres expatriés à mener des actions de développement dans leurs localités. Elles participent ainsi au développement de la région par la réalisation d'infrastructures.
Cependant les radios libres de la localité restent confrontées à un certain nombre de problèmes parmi lesquels le manque de formation du personnel et la faible implication des collectivités dans la gestion des radios.
Par Bathily