Il est maintenant clairement établi que la mayonnaise « Tostan » contre les pratiques néfastes à la santé de la mère et de l’enfant a pris forme dans le tout nouveau département de Goudiry, jadis réputé être allergique à toute forme de discours allant dans ce sens. Les communautés de Thiara ont ce lundi emboîté le pas à celles de Tabanding et Kouthia Kassé pour dire non à l’excision, aux mariages précoces et forcés.
Les communautés de Thiara et celles des quarante villages qu’il polarise se sont désormais faites une religion, les effets dévastateurs des mariages précoces et forcés ainsi que de l’excision sont incommensurables, fistules obstétricales et mortalité maternelle pour ne citer que celles là.
Ce lundi, notabilités religieuses de cette partie du Boundou, avec à leurs côtés des femmes et jeunes plus que jamais déterminés, ont opté pour de bon pour la protection de la santé de la jeune adolescente et le respect strict de tous ses droits. « Plus jamais de mutilations génitales féminines, plus jamais de mariages précoces et forcés » s’est-on complu à répéter en cœur, non sans avoir exprimé des regrets pour avoir fait de cette norme sociale, de longues années durant, un trait de caractère spécifique à la culture du milieu. Une aubaine, dira le représentant du sous préfet de Bala qui se félicitera des initiatives de Tostan. Mr Moustapha Mbaye d’inviter les parents à briser nécessairement le tabou de la sexualité pour éviter une œuvre Sysyphéenne.
En effet, les 30 centres de cette ONG opérationnels depuis un peu plus d’un an et dans lesquels sont dispensés en langues locales des enseignements sur la santé de la reproduction, le paludisme, la démocratie, les droits humains ou encore le processus de résolution des conflits et la préservation d’un environnement saint, les belles prestations théâtrales des troupes mises en place par des spécialistes de Tostan tout comme les nombreuses rencontres inter villageoises ont nécessairement contribué à cette spectaculaire mutation au plan psychologique dans cette contrée ultra conservatrice où il y a quelques dix ans, personne n’osait mettre sur la place publique certaines « vérités », encore moins constituer des équipes pour sensibiliser les communautés. « Comme il est plaisant de voir une jeune fille avocate, enseignante ou médecin.
Jamais nous n’aurions cru que les filles aussi peuvent, autant que les hommes, sinon de façon beaucoup plus nette, jouer pleinement leur partition avec beaucoup plus d’efficacité, dans le combat pour le développement harmonieux de ce pays » nous a confié un octogénaire qui révélera ne jamais sortir de son patelin pour voir ce qui se faisait ailleurs de différent et de bien. « J’avais l’intime conviction que le monde s’arrêtait à Thiara ou Bala et environs, et que tout ce qui n’est pas issu de notre environnement socio culturel était à la limite sous humain », ajoutera-t-il. Incroyable état d’esprit dans ce millénaire dit de révolution scientifique et technologique, lequel a fait pas mal de victimes innocentes du paludisme, des grossesses précoces, d’un analphabétisme béat et autres !
C’est cela le mérite de Tostan, investir des recoins de ce pays, et transformer positivement le milieu. Les imams, au nom desquels s’est exprimé Thierno Seydou Dia, exhorterons Tostan à mettre en œuvre un programme de sensibilisation à l’endroit des adolescents pour ainsi éviter le cycle des grossesses précoces.
Après donc Tabanding, Kouthia Kassé et dix autres villages du programmes Poular et Soninké, Thiara embouche la trompette de l’abandon de l’excision, de la scolarisation et du maintien des filles à l’école, du respect des droits économiques et sociaux des communautés, fussent-elles éloignées des grands centres de décision.
En attendant la rencontre finale entre femmes poular et celles du pays soninké, très attendue dans le département, les conjectures vont bon train surtout en direction des catégories sommitales de ce pays dont on espère qu’elles mettront en œuvre, aux côtés des responsables de Tostan, un plan de suivi et de consolidation de ces merveilleux acquis constituant à tout prix un prolongement, du moins au plan théorique, du besoin de vivre de ces sénégalais victimes de croyances mystiques et magico religieuses.
Source : http://www.sudonline.sn