Université de Bamako - Ils étaient mécontents parce que les résultats de leurs examens n'avaient pas été proclamés vendredi.
L'école malienne renoue-t-elle avec la violence ? Malheureusement, oui. Vendredi, tôt le matin, le Rectorat de l'Université de Bamako a été attaqué par un groupe d'étudiants de la Faculté des sciences économiques et de gestion. Les assaillants s'étaient échauffés car les résultats de leurs examens n'avaient pas été proclamés vendredi, contrairement à ceux de leurs camarades de la Faculté des sciences juridiques et politiques.
Des agents du Rectorat rapportent que les vandales, une cinquantaine de personnes, sont entrés dans les locaux aux environs de 7h45. Munis de gourdins et de grosses pierres, ils ont saccagé les lieux en quelques minutes. A en croire un employé du Rectorat, les policiers du 4è arrondissement sont arrivés à temps pour disperser les casseurs dont la plupart se seraient mêlés à leurs camarades de la Faculté des sciences et techniques (FAST) et de l'Institut universitaire de gestion (IUG). Trois vandales auraient été appréhendés par la police. Cette information n'a pas été confirmée par les policiers présents qui ont refusé de commenter les événements survenus.
DES DÉGÂTS MATÉRIELS IMPORTANTS.
Notre équipe de reportage qui est arrivé sur les lieux quelques minutes plus tard, n'a pu que constater les dégâts matériels. En effet, les étudiants ont brisé des vitres, enfoncé les portes de bureaux situés au rez-de-chaussée du bâtiment. Certains bureaux du 1er étage n'ont pas été épargnés par les vandales qui ont brisé chaises et tables avant de les jeter dans la cour. Des débris de vitres jonchaient les couloirs. D'autres étaient éparpillés dans la cour. Une des dames chargées de la scolarité, visiblement choquée par la violence des événements, témoigne : "Ils m'ont dit de quitter mon bureau, après ils l'ont pillé. Regardez cette vitre, elle a été éventrée par un gros caillou. Je n'ai pas eu peur parce que je savais que la tempête passerait". Certains étudiants opposés au saccage des locaux, se sont mis à pleurer, a-t-elle ajouté.
Sur place, aucun cas de blessure n'est signalé mais les dégâts matériels sont très importants. Même les vitres de la façade du bâtiment principal ont volé en éclats.
Au Rectorat, la plupart des personnes interrogées se demandaient ce qui avait poussé les étudiants de la Faculté des sciences économiques et de gestion à cette extrémité. Le secrétaire général Massa Makan Diabaté a stigmatisé la "saute d'humeur" de quelques étudiants remontés lorsqu'ils ont appris que les résultats de leurs examens n'étaient pas publiés. Notre interlocuteur impute le retard pris dans la proclamation des résultats à la grève du Syndicat de l'enseignement supérieur. "Le mouvement n'a que trop duré et a laissé les étudiants dans l'impasse totale", a-t-il regretté.
Pourquoi, dans ce cas, les résultats des examens de la Faculté des Sciences juridiques et politiques ont-ils pu être proclamés vendredi ? Massa Makan Diabaté relève à ce propos que les examens de cette Faculté ont eu lieu en juillet 2006 tandis que les étudiants en sciences économiques et de gestion n'ont pu passer leurs examens qu'en octobre 2006. Ces épreuves ont eu lieu quelques jours avant la grève des professeurs. Au décanat de l'ex-FSJE, cette information n'a pu être confirmée. Ni l'administrateur provisoire, ni son adjoint n'étaient sur place. Le chef du DER Économie était aussi absent.
A l'immeuble Tomota où les étudiants de la Faculté des sciences économiques et de gestion prennent leurs cours magistraux, nous avons rencontré quelques étudiants venus s'informer de la publication des résultats des examens. Aucun d'eux n'était encore au courant du saccage du Rectorat par certains de leurs camarades. "On nous a annoncé que les résultats de nos examens seraient proclamés ce matin. Nous sommes venus ici pour voir si les résultats étaient affichés. D'autres sont allés dans l'Amphi 2000 sur la colline pour voir leurs résultats ", nous a confié un étudiant.
Madiba KÉITA, L'Essor