Septembre 2002 à septembre 2008. Six ans que le "Mms le Joola", ce grand bateau commercial qui assurait par liason maritime Dakar-Ziguinchor coulait avec à bord plus de 1700 personnes et des tonnes de bagages. Aujourd'hui, Cheikh Niang, l'un des 64 rescapés du naufrage explique cette horrible nuit.
Attristé et traumatisé. Cheikh Niang l'est encore. Ce rescapé du "Mms le Joola" se souvient de cette nuit cauchemardesque, il y'a tout juste six ans. Huit heures que Cheikh Niang a dû résister pour combattre la mort.
Aujourd'hui, il est toujours affecté par cette odyssée au point qu'il laisse entendre que les coupures d'électricité et le moindre bruit ou la chute d'un objet lui causent des troubles psychologiques. C'était en septembre 2002, Cheikh Niang se souvient au moment où il embarquait dans un bateau dont il ne savait pas qu'il craquerait horriblement en pleine mer: "D'abord, avant que le Joola ne levât l'ancre, il a accusé du retard à cause d'un homme tombé dans l'eau". Au lieu de prendre départ à 13 heures, "on a quitté le port de Ziguinchor 'à 14 heures sans que le corps de celui-ci ne soit retrouvé".
Les femmes qui vendaient à bord du "Joola"; le dernier au-revoir aux parents avant d'embarquer et les tractations pour se procurer le dernier ticket, tous les bagages qu'on faisait monter à bord dans un bateau que Cheikh dit qu'il était déjà surchargé, tout cela n'est pas effacé du souvenir de l'homme célibataire qui avait 30 ans au moment du drame. "Il y'avait des diolas, des sérères, bref des ethnies et des personnes de tout âge", selon ce rescapé. "Il y avait des cabines individuelles à 18000fcfa l'une, des cabines de 4 lits à 12000fcfa , des cabines de 3 lits à 15000 fcfa, le fauteuil à 6000f et la banquette à 3500", se rappelle-t-il.
Pendant que le "Joola" était en service, Cheikh raconte que lui et ses camarades avaient créé un groupement d'intérêt économique (Gie). Ce Gie qu'il continue toujours de piloter s'occupait de l'embarquement comme du débarquement du bateau. "J'étais fatigué ce jour-là", dit-il, hier, les yeux presque larmoyants. "C'est après un retard d'une heure que le bateau prend le large avec une cargaison hors- limite", tient-il à souligner aujourd'hui avec dépit.
Carabane, dernière escale du "Joola"
Une escale du "Mms le Joola" à Carabane aux environs de 18 heures. "C'est pour qu'on embarque d'autres personnes et assurer le fret. Une occasion aussi pour les passagers montés depuis Ziguinchor d'acheter des fruits du cocotier, des serviettes et de faire d'autres besoins essentiels", se remémore Cheikh Niang. "À Carabane, le bateau était si chargé qu'il n'y avait plus de places assises. Il y 'avait beaucoup de personnes", se souvient-il en précisant que c'était devenu plus serré. Une dernière fois, Cheikh se souvient d'une métisse de quatre ans, sous le regard bienveillant de sa maman, qui s'amusait avec lui sous les sonorités de l'orchestre qui jouait à bord. "Presque une famille pour moi avec mes amis du Gie", se souvient-il. "Mais ce qui m'a le plus marqué dans ce naufrage, c'est l'école de football.
Il y'avait un enfant de 10 ans de cette école que j'ai rencontré et beaucoup apprécié. Il jouait latéral gauche comme moi d'ailleurs à l'époque où je tapais au ballon. Je lui ai donné des conseils avec un air de grand frère. Mais...." Cheikh baisse la tête en disant "Yallah mokko doggal ni" (Dieu en a ainsi décidé). Le Joola est reparti en mer après une escale d'1 h environ. La nuit est tombée avec son escorte de surprise pour Cheikh Niang et le "Joola". Le temps pour les passagers et Cheikh d'aller au restaurant et faire des clins d'oeil à quelques inconnus. "Un moment de chamailleries pour moi et mes amis", raconte Cheikh.
Une nuit cauchemardesque, 23h à 7h
23 heures environ quand le bateau commence à s'incliner, ce dimanche 26 septembre 2002. "Plus de lampes allumées; on courait vers toutes les directions pour chercher un endroit par où se sauver", lâche-t-il. "Il 'avait une forte pluie accompagnée d'un vent violent", souligne Cheikh, marié maintenant. "Quand j'ai senti qu'on ne pouvait plus redresser le bateau, j'ai couru pour avoir accès à la petite cuisine où il y avait une petite passerelle qui menait au pont du bateau", explique-t-il. Il souligne que ce sont les éclairs qui l'ont aidé à s'orienter. "J'ai trouvé des personnes plonger et moi aussi je me suis jeté à l'eau".
L'homme raconte qu'il s'est même pris à d'autres personnes à cause de places en rapport insuffisant, comparées au nombre de passagers qui se les disputaient. Il mentionne qu'il avait vu deux barques avec à bord une boîte à pharmacie et des fumigènes qu'ils ont tirés en l'air pour une éventuelle aide, en vain. "Dans la barque, il y 'avait une bâche, des gilets aussi", a-t-il noté. "Il faisait très sombre dans l'océan", dit-il. Malgrè cette obscurité, Cheikh Niang observe qu' il pouvait apercevoir de loin des lumières. "Pendant toute une nuit, de 23 h à 7 h, on a vécu à tâtons", murmure-t-il. "Entre des éclairs, on apercevait la coque du "Joola" dont on savait qu' il y avait plus de personnes à l'intérieur qu'aux alentours", fait-il savoir. C'est après 7 heures, précise-t-il, qu'on nous a repêchés à bord de pirogues pour conduire les uns vers les bateaux afin de nous acheminer au port de Dakar et les autres par voie aérienne. Du port vers Le Dantec, lance-t-il, ému.
Source: le Matin
Carabane, dernière escale du "Joola"
Une escale du "Mms le Joola" à Carabane aux environs de 18 heures. "C'est pour qu'on embarque d'autres personnes et assurer le fret. Une occasion aussi pour les passagers montés depuis Ziguinchor d'acheter des fruits du cocotier, des serviettes et de faire d'autres besoins essentiels", se remémore Cheikh Niang. "À Carabane, le bateau était si chargé qu'il n'y avait plus de places assises. Il y 'avait beaucoup de personnes", se souvient-il en précisant que c'était devenu plus serré. Une dernière fois, Cheikh se souvient d'une métisse de quatre ans, sous le regard bienveillant de sa maman, qui s'amusait avec lui sous les sonorités de l'orchestre qui jouait à bord. "Presque une famille pour moi avec mes amis du Gie", se souvient-il. "Mais ce qui m'a le plus marqué dans ce naufrage, c'est l'école de football.
Il y'avait un enfant de 10 ans de cette école que j'ai rencontré et beaucoup apprécié. Il jouait latéral gauche comme moi d'ailleurs à l'époque où je tapais au ballon. Je lui ai donné des conseils avec un air de grand frère. Mais...." Cheikh baisse la tête en disant "Yallah mokko doggal ni" (Dieu en a ainsi décidé). Le Joola est reparti en mer après une escale d'1 h environ. La nuit est tombée avec son escorte de surprise pour Cheikh Niang et le "Joola". Le temps pour les passagers et Cheikh d'aller au restaurant et faire des clins d'oeil à quelques inconnus. "Un moment de chamailleries pour moi et mes amis", raconte Cheikh.
Une nuit cauchemardesque, 23h à 7h
23 heures environ quand le bateau commence à s'incliner, ce dimanche 26 septembre 2002. "Plus de lampes allumées; on courait vers toutes les directions pour chercher un endroit par où se sauver", lâche-t-il. "Il 'avait une forte pluie accompagnée d'un vent violent", souligne Cheikh, marié maintenant. "Quand j'ai senti qu'on ne pouvait plus redresser le bateau, j'ai couru pour avoir accès à la petite cuisine où il y avait une petite passerelle qui menait au pont du bateau", explique-t-il. Il souligne que ce sont les éclairs qui l'ont aidé à s'orienter. "J'ai trouvé des personnes plonger et moi aussi je me suis jeté à l'eau".
L'homme raconte qu'il s'est même pris à d'autres personnes à cause de places en rapport insuffisant, comparées au nombre de passagers qui se les disputaient. Il mentionne qu'il avait vu deux barques avec à bord une boîte à pharmacie et des fumigènes qu'ils ont tirés en l'air pour une éventuelle aide, en vain. "Dans la barque, il y 'avait une bâche, des gilets aussi", a-t-il noté. "Il faisait très sombre dans l'océan", dit-il. Malgrè cette obscurité, Cheikh Niang observe qu' il pouvait apercevoir de loin des lumières. "Pendant toute une nuit, de 23 h à 7 h, on a vécu à tâtons", murmure-t-il. "Entre des éclairs, on apercevait la coque du "Joola" dont on savait qu' il y avait plus de personnes à l'intérieur qu'aux alentours", fait-il savoir. C'est après 7 heures, précise-t-il, qu'on nous a repêchés à bord de pirogues pour conduire les uns vers les bateaux afin de nous acheminer au port de Dakar et les autres par voie aérienne. Du port vers Le Dantec, lance-t-il, ému.
Source: le Matin