Dans " Il n'y a pas de petites querelles ", Ahmadou Hampaté BA avait fini de peindre le mal de l'Afrique par le célèbre proverbe : « En Afrique, un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle. ». Cette Afrique des hommes sages que la postérité ne connaîtra jamais. Cette Afrique qui n'est plus contée aux enfants, assis sur une natte sous la claire lune. Il y a plus d'une décennie, vivait à Bakel un homme très respecté et craint pour sa connaissance et sa maîtrise des sciences occultes. Cet homme s'appelait Almamy Assia TRAORE connu communément sous le nom de " Bawo " ( Maître sorcier, protecteur des circoncis ). Par l'entremise de M. Yaya SY, Anthropologue, nous avons contacté son fils adoptif du nom de Moctar SIBY pour en savoir plus sur ce mystérieux personnage qui fût Almamy Assia.
" Il est né vers 1910 à Bakel. Il impressionnait par la taille. Il titillait facilement les deux mètres. Vieux Almamy est de ces hommes qui marquent à vie. Il était droit, généreux et d'une impartialité légendaire" renseigne celui qui se définit comme son fils adoptif.
" Il est né vers 1910 à Bakel. Il impressionnait par la taille. Il titillait facilement les deux mètres. Vieux Almamy est de ces hommes qui marquent à vie. Il était droit, généreux et d'une impartialité légendaire" renseigne celui qui se définit comme son fils adoptif.
Moctar SIBY continue : " Mpa Almamy n'est pas de ces hommes qui font la différence entre leurs enfants et ceux des autres. Personnellement, j'ai tout appris de lui au même titre que son fils Yaya Almamy TRAORE. On était tous les deux ensemble quand il partageait sa science. Jamais il ne m'écartait lors de ses confidences à son fils".
Justement, nous avons interrogé Moctar Siby à propos de cette science qu'on lui prête dans les quatre coins du Gajaaga. M. SIBY nous apprend que l'homme était d'une grande sagesse surtout dans le domaine de la Sorcellerie et des " Djinns " .
Il raconte : " Il a hérité des sciences occultes de son père et s'est parfait dans le domaine auprès d'autres grands sages des temps anciens. Des incantations dont il avait lui seul le secret parmi ses contemporains. A Bakel, il s'occupait de l'initiation des circoncis. Il était aussi le protecteur des initiés contre toute attaque mystique venant des hommes et d'autres esprits maléfiques d'où son nom de "Bawo ". Il veillait sur eux du premier jour de la circoncision jusqu'à leur guérison complète. Avant, la circoncision se faisait sur les montagnes où on installait les " Biru " . Il était l'élément central de ces cérémonies à coté du forgeron. Dès que les prépuces étaient ôtés, il quittait la maison pour récupérer les circoncis qu'il protégeait contre tout mal. Pendant presque deux mois, il était avec les jeunes circoncis pour conjurer les mauvais sorts et chassait les mauvais esprits. Il leur apprenait de belles mélodies qu'ils récitaient toutes les nuits avant de tomber dans les bras de Morphée".
Interrogé sur la nature de ces pouvoirs mystiques, il rétorque : " Il y a de ces choses que l'on ne peut expliquer. Dieu l'omnipotent donne sa science à qui il veut. Pour vous en dire plus sur le coté mystique de l'homme, je vous fais par de cette anecdote. Un jour, un Marabout très connu à l'époque avait traité de futilités ses sciences occultes protégeant les circoncis contre les sorciers et autres mauvais esprits. Sans polémiquer, il se retira chez lui et alla planter sa célèbre lance dans un endroit de sa chambre d'homme. Cette nuit, Bakel n'avait vu que du feu. Les initiés ont passé toute la nuit à hurler et à se lamenter. On loua les services du même marabout pour soulager les maux de ces circoncis mais sans succès. Il a fallu plusieurs interventions au domicile de Mpa Almamy pour qu'il revienne à de meilleurs sentiments. A peine avait t-il saisi la fameuse lance que les initiés retrouvèrent la paix ! Une façon de montrer que la science qu'il a héritée de ses ancêtres est véridique".
Un jour en rigolant avec les marabouts qu'il respectait beaucoup d'ailleurs, il assène : " Dieu fait bien les choses. L'islam a progressé grâce à Dieu et il y a de ces choses qu'un musulman n'a plus droit de faire sinon j'aurais fait des trucs qui seraient difficile voir impossible à défaire par un autre homme à Bakel. Dieu est grand et il donne sa science à qui il veut ".
M. Siby poursuit : " Il était très proche des grands marabouts de Bakel. Il allait suivre les cours au " Tugu" ( Centre d'études théologiques ) et il avait le don de tout retenir. Je dis bien tout. Il s'amusait même à poser des colles aux étudiants les plus instruits sur certains passages du Coran et dans d'autres livres théologiques tellement il mémorisait tout. C'était son endroit de prédilection. Il y passait le plus clair de son temps ".
Il continue : " Almamy Assia était doté d'une intelligence extraordinaire et avait un mémoire sans commune mesure. Il nous avait appris de petites choses sur ceux qu'il appelait les " hommes de la nuit ". Pour mieux le connaître, il fallait assister au " Lélawané " , une cérémonie de chants initiatiques qui durait toute la nuit. Il y avait de ces chansons et de ces incantations qu'aucune autre personne n'a pu retenir de son vivant. Lui seul avait le secret. "
L'homme était très prévoyant et ne partageait pas tout. Selon M. Siby, il n'a jamais voulu partager les secrets ou autres sciences occultes qui nuisent. Il refusait catégoriquement de donner certains " Firiju " ( Incantations ) qui peuvent commettre l'irréparable. Il répétait toujours que la science sans conscience n'est que ruine de l'âme.
" Un jour, nous labourions aux champs. On était trois Mpa Almamy, son fils Yaya et moi. Il a eu un différend avec un autre cultivateur concernant les délimitations. Il prônait le dialogue et avait de l'aversion pour l'arrogance. Un matin, le cultivateur indélicat se rua vers lui armé d'une rame et voulait l'assommer. A peine a t-il entamé son action qu'il tomba par terre et se tordait de douleurs au ventre. Pourtant, Mpa Almamy n'avait pas bougé de sa place. Il n'avait rien entrepris au moment de l'attaque du cultivateur. Il avait fallu l'intervention de bonnes personnes pour qu'il soit revenu à de meilleurs sentiments. En somme, il avait dit quand le chasseur tire sur une termitière ( Toungouro en Soninké ), il n'a pas besoin de se précipiter. Quelle que soit la lenteur de ses pas, il trouvera toujours la termitière sur place."
Pour finir, Almamy Assia TRAORE a bien marqué les esprits à Bakel. Dieu l'avait doté d'une science immense. Il était de nature très affable. Il respectait tout le monde. Il était surtout connu pour son investissement dans les cérémonies de circoncision à l'ancienne où il était un maillon essentiel. Il tira sa révérence en 1996, un matin de la fête de l'Aïd El Kébir. En Afrique, les sages disparaissent souvent avec leur science au grand dam des générations futures.
Samba Fodé KOITA dit EYO www.bakelinfo.com
Justement, nous avons interrogé Moctar Siby à propos de cette science qu'on lui prête dans les quatre coins du Gajaaga. M. SIBY nous apprend que l'homme était d'une grande sagesse surtout dans le domaine de la Sorcellerie et des " Djinns " .
Il raconte : " Il a hérité des sciences occultes de son père et s'est parfait dans le domaine auprès d'autres grands sages des temps anciens. Des incantations dont il avait lui seul le secret parmi ses contemporains. A Bakel, il s'occupait de l'initiation des circoncis. Il était aussi le protecteur des initiés contre toute attaque mystique venant des hommes et d'autres esprits maléfiques d'où son nom de "Bawo ". Il veillait sur eux du premier jour de la circoncision jusqu'à leur guérison complète. Avant, la circoncision se faisait sur les montagnes où on installait les " Biru " . Il était l'élément central de ces cérémonies à coté du forgeron. Dès que les prépuces étaient ôtés, il quittait la maison pour récupérer les circoncis qu'il protégeait contre tout mal. Pendant presque deux mois, il était avec les jeunes circoncis pour conjurer les mauvais sorts et chassait les mauvais esprits. Il leur apprenait de belles mélodies qu'ils récitaient toutes les nuits avant de tomber dans les bras de Morphée".
Interrogé sur la nature de ces pouvoirs mystiques, il rétorque : " Il y a de ces choses que l'on ne peut expliquer. Dieu l'omnipotent donne sa science à qui il veut. Pour vous en dire plus sur le coté mystique de l'homme, je vous fais par de cette anecdote. Un jour, un Marabout très connu à l'époque avait traité de futilités ses sciences occultes protégeant les circoncis contre les sorciers et autres mauvais esprits. Sans polémiquer, il se retira chez lui et alla planter sa célèbre lance dans un endroit de sa chambre d'homme. Cette nuit, Bakel n'avait vu que du feu. Les initiés ont passé toute la nuit à hurler et à se lamenter. On loua les services du même marabout pour soulager les maux de ces circoncis mais sans succès. Il a fallu plusieurs interventions au domicile de Mpa Almamy pour qu'il revienne à de meilleurs sentiments. A peine avait t-il saisi la fameuse lance que les initiés retrouvèrent la paix ! Une façon de montrer que la science qu'il a héritée de ses ancêtres est véridique".
Un jour en rigolant avec les marabouts qu'il respectait beaucoup d'ailleurs, il assène : " Dieu fait bien les choses. L'islam a progressé grâce à Dieu et il y a de ces choses qu'un musulman n'a plus droit de faire sinon j'aurais fait des trucs qui seraient difficile voir impossible à défaire par un autre homme à Bakel. Dieu est grand et il donne sa science à qui il veut ".
M. Siby poursuit : " Il était très proche des grands marabouts de Bakel. Il allait suivre les cours au " Tugu" ( Centre d'études théologiques ) et il avait le don de tout retenir. Je dis bien tout. Il s'amusait même à poser des colles aux étudiants les plus instruits sur certains passages du Coran et dans d'autres livres théologiques tellement il mémorisait tout. C'était son endroit de prédilection. Il y passait le plus clair de son temps ".
Il continue : " Almamy Assia était doté d'une intelligence extraordinaire et avait un mémoire sans commune mesure. Il nous avait appris de petites choses sur ceux qu'il appelait les " hommes de la nuit ". Pour mieux le connaître, il fallait assister au " Lélawané " , une cérémonie de chants initiatiques qui durait toute la nuit. Il y avait de ces chansons et de ces incantations qu'aucune autre personne n'a pu retenir de son vivant. Lui seul avait le secret. "
L'homme était très prévoyant et ne partageait pas tout. Selon M. Siby, il n'a jamais voulu partager les secrets ou autres sciences occultes qui nuisent. Il refusait catégoriquement de donner certains " Firiju " ( Incantations ) qui peuvent commettre l'irréparable. Il répétait toujours que la science sans conscience n'est que ruine de l'âme.
" Un jour, nous labourions aux champs. On était trois Mpa Almamy, son fils Yaya et moi. Il a eu un différend avec un autre cultivateur concernant les délimitations. Il prônait le dialogue et avait de l'aversion pour l'arrogance. Un matin, le cultivateur indélicat se rua vers lui armé d'une rame et voulait l'assommer. A peine a t-il entamé son action qu'il tomba par terre et se tordait de douleurs au ventre. Pourtant, Mpa Almamy n'avait pas bougé de sa place. Il n'avait rien entrepris au moment de l'attaque du cultivateur. Il avait fallu l'intervention de bonnes personnes pour qu'il soit revenu à de meilleurs sentiments. En somme, il avait dit quand le chasseur tire sur une termitière ( Toungouro en Soninké ), il n'a pas besoin de se précipiter. Quelle que soit la lenteur de ses pas, il trouvera toujours la termitière sur place."
Pour finir, Almamy Assia TRAORE a bien marqué les esprits à Bakel. Dieu l'avait doté d'une science immense. Il était de nature très affable. Il respectait tout le monde. Il était surtout connu pour son investissement dans les cérémonies de circoncision à l'ancienne où il était un maillon essentiel. Il tira sa révérence en 1996, un matin de la fête de l'Aïd El Kébir. En Afrique, les sages disparaissent souvent avec leur science au grand dam des générations futures.
Samba Fodé KOITA dit EYO www.bakelinfo.com