Nicolas Sarkozy estime que se "poser la question de l'immigration légale" face au niveau élevé du chômage relève "du bon sens", en commentant l'objectif controversé du ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, de faire baisser cette immigration, dans un entretien à paraître mercredi dans L'Express.
"Avec nos difficultés à fournir un travail à tous nos nationaux, et un chômage à 23 % pour les étrangers non communautaires, nous devons nous poser la question de l'immigration légale: c'est du bon sens", juge M. Sarkozy.
"Je ne dirais pas la même chose si je dirigeais l'Allemagne, où il y a 100.000 actifs de moins par an", poursuit le chef de l'Etat dans cet entretien dont l'hebdomadaire a publié mardi des extraits sur son site internet.
"La population active de la France augmente de 110.000 personnes par an. C'est-à-dire qu'avant de faire reculer le chômage d'une unité, il faut avoir déjà créé 110 000 emplois !", fait-il valoir.
Nicolas Sarkozy, qui a très longtemps vanté l'immigration "choisie", prend toutefois soin d'assurer qu'il n'a "jamais été pour l'immigration zéro, car les civilisations s'effondrent par la consanguinité et non par le +melting pot+".
"Mais nous devons adapter l'immigration économique à ces réalités et faire en sorte que notre formation professionnelle réponde aux besoins de notre économie", poursuit-il.
M. Guéant a suscité la polémique début avril en annonçant, pour la première fois depuis l'élection de Nicolas Sarkozy, que le gouvernement souhaitait réduire l'immigration légale en France, notamment en diminuant l'immigration du travail et le regroupement familial, au motif que "l'intégration est en panne".
Il a depuis annoncé sa volonté de faire passer de 200.000 à 180.000 le nombre des étrangers admis chaque année dans le pays.
Cette annonce a suscité de nombreuses critiques et réserves, notamment de la part de la présidente du Medef, Laurence Parisot, de la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, ou encore du conseiller officieux du chef de l'Etat Alain Minc. Le président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré a estimé lui que la France devait rester "une terre d'accueil".
AFP