Entre le 10 et le 23 novembre 2007, se sont déroulées les journées du Sénégal en Isère, dans le cadre de la semaine de la solidarité internationale.
Organisées conjointement par le Conseil Général de l’Isère à Grenoble et la Région de Tambacounda, en collaboration avec une quinzaine d’acteurs associatifs et éducatifs, ces journées avaient pour but d’accentuer le partenariat, établi depuis 1999, entre le Département de l’Isère et cette région du Sénégal. Parce que les inégalités nord-sud persistent en dépit des nombreuses politiques internationales de développement, ils se sont associés dans la réalisation d’un programme d’actions portant sur le tourisme, l’éducation, l’agriculture, la culture, la santé, la promotion des femmes, l’environnement et l’appui à la collectivité partenaire. « A travers la coopération Isère-Tambacouda et au-delà, il s’agit de s’interroger sur la place de l’école dans nos sociétés et sur notre mode de développement, de favoriser les échanges entre acteurs de la coopération « Nord-Sud », ainsi que la sensibilisation des Isérois aux problèmes de développement », déclare Demba Fall, membre de l’Association des Etudiants et Stagiaires Sénégalais de Grenoble (A.E.S.SG.)
Après l’ouverture officielle le lundi 19 novembre au Palais du Parlement en présence de son excellence Doudou Salla Diop, ambassadeur du Sénégal en France, Cheickh Abdoul Khadre Cissokho, Président du Conseil régional de Tambacounda et André Vallini, Président du Conseil général de l’Isère, l’annonce du programme nous a révélé une semaine particulièrement chargée.
Les manifestations culturelles ont été caractérisées d’une part par la présence de groupes musicaux tels que les rappeurs DIWAAN-J de Tambacounda et Bayefall, groupe de reggae parisien d’origine sénégalaise qui proposa dans ses concerts un reggae entre “roots” et M’Balax (rythme du Sénégal), et d’autre part par les expositions d’éléments de l’art sénégalais, avec une série de photos de Sandrine Lefèvre qui nous ont fait voyager et pénétrer au coeur du Sénégal oriental et les œuvres de « BOBO », artiste de la région de Tambacounda, peintre et sculpteur, qui raconte la transhumance au cœur de la vie des bergers peuls.
Par ailleurs, ces journées ont été spécialement marquées par les nombreuses conférences et débats organisés au fil des jours et dont les intervenants, pour la plupart des professeurs émérites et des chercheurs de renommés, ont abordé des thèmes spécifiques aux problèmes de notre pays. Parmi ces thèmes, la question cruciale de la gestion de l’eau dans nos campagnes. Le sujet traité par Alassane Guissé, secrétaire exécutif du Groupe d’Action pour le Développement Communautaire (GADEC), et Président de Commission des finances du Conseil régional de Tambacounda, aborde l’utilité de la mise en relation des acteurs dans les programmes de solidarité internationale dans le domaine de l’Eau en prenant pour exemple la loi Oudin / Santini avec un zoom sur les problématiques hydrauliques des régions sahéliennes, et en particulier de la région de Tambacounda, et les dispositifs de coopération pour y répondre.
Sur le thème de la culture, Jacques Barou, ethnologue et chercheur au CNRS-Grenoble, a porté un regard croisé sur l’originalité culturelle de l’Afrique de l’ouest et les défis contemporains pour l’avenir de ces cultures dans un contexte de modernité. Les interventions du metteur en scène Moïse Touré et du conteur Abou Fall présentent la culture comme moyen d’échanges, grâce notamment aux collaborations entre les artistes, les associations et les institutions culturelles. « Les échanges artistiques internationaux constituent l’un des moyens de dialogue entre les peuples. Et le milieu culturel isérois a su tisser avec le Sénégal des liens qui donnent à cette coopération décentralisée son épaisseur humaine » révèle Sébastien Perroud, président de l’association Culture ailleurs-Grenoble. Babacar N’Dong, chargé de recherche UPMF-Grenoble, lui s’est interrogé sur « comment mettre en valeur des savoir-faire traditionnels dans un contexte de modernité ? » et mise pour cela sur la sauvegarde des traditions pour valoriser le patrimoine culturel sans le dénaturer.
D’autres thèmes plus ou moins classiques ont également été évoqués notamment la place de l’oralité dans la littérature africaine, l’implication des familles dans la vie de l’école, l’éducation des femmes etc. Mais le thème-vedette de ces journées était celui du codéveloppement, un concept qui a évolué et se trouve aujourd’hui au cœur de l’actualité des relations franco-africaines, à la fois traité par plusieurs conférenciers.
Véritable pont de communication entre la France et le Sénégal, ces journées du Sénégal en Isère pourraient peut-être contribuer à apaiser la tension qui couvait au sain d’une partie de la population depuis le discours de Dakar de Nicolas Sarkozy resté au travers de la gorge de la plupart de nos concitoyens.
Par SOUAIBOU FOFANA