La journée du jeudi 4 décembre 2008 restera longtemps gravée dans la mémoire. Après une journée de précipitation sans retenue rajoutant aux eaux non drainées des pluies précédentes, les quartiers de Diamaguène, Diack Sao Walo, Diack Sao 1 et 2, Wakhinane, Lamsar Dêrba, Tableau Tivaouane, Thiaroye, Guinaw Rails Nord et Sud, Yeumbeul, Ben Barack, Médina Gounass, Djida 2, Parcelles assainies Unité 6, sont complètement dans la nasse. Les conditions de vie des gens sont subitement devenues précaires.
Pauvres dans leur majorité, les habitants sont obligés de subir la loi des eaux. Selon les informations recueillies çà et là, quelques jeunes emportés par la colère avaient tenté de barrer la route à hauteur de Pikine pour manifester leur ras-le-bol. Ils en veulent à leur maire. À Diamaguène, selon d’autres sources, des jeunes ont même tenté d’aller faire la fête à leur maire qu’ils ont finalement « gracié » en le trouvant en train d’évacuer avec sa famille, les eaux qui ont submergé son domicile. La colère des habitants des quartiers sinistrés relève du retard des dispositifs de secours.
Les populations souhaitent que l’État diligente les secours le plus rapidement possible. Ils considèrent que les 300 millions Fcfa récemment annoncés doivent vite être mobiliser pour annihiler leur calvaire quotidien. Dièye Ndour est une pauvre mère de famille. Sa maison est complètement prise par les eaux. « Je demande de l’aide. Je ne sais pas quoi faire avec mes enfants. Nous ne dormons pas la nuit. Toutes nos chambres sont dans l’eau. Nos bagages sont mouillés. Nous ne sommes plus en mesure d’utiliser nos toilettes. Nous demandons des secours rapides », a-t-elle laissé entendre.
À Diamaguène, Marème Seck vit la même situation avec sa famille logée à Ndiago Bar. « Nous souffrons beaucoup de cette situation. Chaque année, c’est la même chose. Nous avons les pieds dans l’eau jusqu’à la fin de l’hivernage. Nous prions aux autorités de faire vite. Nous n’en pouvons plus. Nous n’avons pas de destination », dit-elle au moment où des garçons et des filles s’attèlent à dégager un chemin pour les eaux.
De même à Tableau Tivaouane, la rue de la mosquée est barrée et impraticable. Les jeunes du quartier armés de pelles et de piquent ont réussi à creuser un canal pour conduire l’eau vers le caniveau d’évacuation disposé près de la route nationale qu’ils ont troué à cette fin. Plusieurs familles se déplacent dans les eaux mêlées aux saletés des fosses déjà remplies. Il est d’usage pour ceux-ci, voire même une nécessité de mettre une bouteille d’eau de javel à côté pour se laver les pieds après quelconque déplacement. Jusque dans les heures tardives de la nuit, les populations se sont battues pour diminuer l’intensité des inondations. La porte de la maison de la famille Gadiaga à Diack Sao, que l’on appelait Palais Diacksao du fait de sa splendeur, est inondée.
Toute une rue, sur une longue distance de près d’un kilomètre au plus, est prise par les eaux, mettant plusieurs familles dans une situation délicate et inconfortable. Une seule motopompe, vieille et en piteux état, est disponible pour évacuer les eaux. Voilà l’ampleur de cette situation qui a occasionné le déplacement immédiat de certaines familles. Le Groupement national des Sapeurs pompiers a la redoutable tache de déployer d’urgence les moyens nécessaires pour faire réussir le plan Orsec.
C’est le seul moyen de contenir la colère des populations qui pensent que les maires ne sont pas efficaces. La visite annoncée pour ce matin du Premier ministre dans les zones inondées de la banlieue, pourrait atténuer leur tension.
Par Chérif Faye, Sud Quotidien